dimanche 18 août 2013

L'Anabase

Livre de Xénophon, Flammarion, 1997.

Fin des guerres du Péloponnèse. Une armée de mercenaires grecs vient se joindre aux troupes de Cyrus, qui veut renverser son frère, roi de Perse. Mais Cyrus se fait tuer bêtement. Les Grecs doivent revenir chez eux, alors qu’ils sont perdus en territoire ennemi, sans guide. Pour comble de malchance, leurs généraux se font attirer dans un piège, et massacrer. L’Anabase est l’histoire de leur retour. C’est aussi une parabole. Voilà ce que doit faire la Grèce, si elle veut être invincible.

L’armée grecque est peu nombreuse, mais elle se révèle redoutable. Pour rentrer chez elle, elle va proposer ses services à des alliés de passage, qui lui font franchir à chaque fois une nouvelle étape. Sa force, c’est la démocratie, la raison, et l’union. Les généraux sont élus. Ce qui permet de les remplacer quand ils meurent. C'est ainsi que Xénophon devient général. Chaque décision est débattue. Et Xénophon veut démontrer qu’un sain jugement remporte l’adhésion générale. Mais cette armée de citoyens est aussi puissante parce que chacun est, en quelque sorte, un professionnel qui se bat pour ses intérêts. Les armées informes de mercenaires ou de villageois qu’elle rencontre, bien que beaucoup plus nombreuses, ne font pas le poids. D’ailleurs, elle sait apprendre de ses revers. Plus elle combat, meilleure elle devient. Les exploits d’Alexandre sont déjà dans l’Anabase.

Mais sa force est aussi sa faiblesse. Dès que le danger se dissipe, les divisions et l’indiscipline renaissent. Et la défaite n’est pas loin. 

Le banquet
Le livre contient aussi « le banquet ». Ce serait une réponse par Xénophon au banquet de Platon. On y voit un Socrate, brave homme, prôner le bonheur de vivre, droitement, entre honnêtes gens. Le Socrate de Xénophon n’a rien à voir avec celui de Platon. Je soupçonne d’ailleurs que l’Anabase est une illustration de son enseignement. C’est une leçon de raison pratique, de décision dans l’action. On y voit aussi que Socrate était partisan des sacrifices. D’ailleurs, à chaque décision, et il y en a beaucoup, on consulte les augures et on égorge des animaux.

Pierre Chambry, traducteur, pense que le vrai Socrate ressemblait à celui de Xénophon. Pour ma part, je me suis demandé si le vrai Socrate n’était pas plutôt une sorte de révélateur. N’amenait-il pas ceux qu’il rencontrait à découvrir leur nature ? Cette découverte faite, peut-être croyaient-ils que Socrate pensait comme eux ? Alors que lui voulait qu’ils pensent par eux-mêmes ?

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