mercredi 31 août 2016

Changement et Islam

J'ai saisi un bout de retransmission d'interview de Kudsi Ergüner, un maître soufi turc. Il parlait de la transformation de l'Islam en Turquie. L'Islam y avait perdu sa sincérité. Il avait été récupéré par les intérêts du moment. Notamment politiques. Mais aussi, plus curieux, par l'Occident. Il remarquait que cela avait été le cas de toutes les religions. Les Ashrams indiens, par exemple, étaient aux mains d'Occidentaux. Si j'ai bien compris, en ce qui concerne la Turquie, la perte de l'esprit originel a obéi à une forme de nécessité : la Turquie ayant été occidentalisée de manière radicale, la religion doit faire des compromis avec cette partie de sa culture.

Les forces du lavage de cerveau

Les entrepreneurs américains ont très tôt utilisé les travaux de psychologie. Ils sont convaincus, semble-t-il, que l'entrepreneuriat est une lutte. Tous les coups sont permis. Le lavage de cerveau est un outil comme les autres. Il se trouve que, à gauche, on en est arrivé à la même conclusion. Le postmodernisme, sa doctrine, estime que l'intellectuel est le combattant de la justice, et que le langage est son arme. 

Ces frères ennemis partagent une même idée : ils sont les porteurs du bien ; le langage est un moyen de domination. Ils ont, aussi, pris le pouvoir. Cela explique certainement pourquoi nous vivons un "moment thucydidien". C'est-à-dire pourquoi les mots que nous employons ont été manipulés pour dire le contraire de leur sens. 

Bonne nouvelle ? Derrière des formulations fausses se trouvent les solutions à nos difficultés. Il suffit de mettre en cause ce que l'on nous dit pour les voir : critique, l'exercice recommandé par les Lumières. Reste une question : sommes-nous encore capables de penser ?

mardi 30 août 2016

Lactalis

Affrontement entre Lactalis et ses fournisseurs de lait. Caractéristique française qui fait beaucoup pour le renom de notre pays : l'affrontement violent.

Ce serait une question de rapport de forces. Lactalis essorerait ses fournisseurs. Ce qu'en dit wikipedia montre une société agressive, qui se développe par croissance externe. Les agriculteurs seraient-ils victimes d'un monopole ? Si oui, pourquoi le gouvernement l'a-t-il laissé s'installer ? Parce qu'il pense que l'intérêt du pays demande des "champions" ?

Mais, pourquoi les agriculteurs réagissent-ils si tardivement ? Parce que seule une crise existentielle peut les réunir ? Et pourquoi les coopératives n'ont-elles pas pu les protéger ? La coopérative est une organisation démocratique qui a pour mission de faire que l'optimum économique soit aussi humain. Or, ces coopératives sont devenues des monstres. Elles aussi se veulent des "champions" ? Nouvel exemple du diktat de la "logique économique" ? Mais aussi preuve qu'il est très difficile en France d'avoir le sens du bien commun ?

(Apparemment, le lait français serait plus cher que dans le reste de l'Europe. Peut-être y est-il plus industrialisé que chez nous ? Y aurait-il, finalement, une forme de résistance agricole, victorieuse, au changement ?)

Eugénisme

Promenade en forêt. Rencontre avec le panneau ci-dessus. Il dit que les forestiers font du tri sélectif parmi les arbres de l'endroit. Effroi. De quel droit procédons-nous à cette élimination ? Et si l'on étendait ces pratiques à l'espèce humaine ? On s'est moqué de "la responsabilité de l'homme blanc", qui devait administrer l'humanité, mais était-il si stupide que cela ? Et quid de nos jardins ?... 

Mais, l'homme, en modifiant son écosystème, ne fait-il pas la même chose que les autres êtres vivants ? Et il n'y a pas de recette pour agir correctement, il faut avancer à tâtons, avec pour seul guide le sens des responsabilités, et l'inquiétude quant aux conséquences de nos actes ?

lundi 29 août 2016

Génération Monsanto

Nous sommes riches parce que nous avons les meilleurs gènes. Ils sont le résultat de la sélection naturelle. Voilà ce que l'on entend chez les riches Anglo-saxons. 

Une émission de France Culture disait le contraire. La société est première. Le gène est son otage. Illustration : la langue que nous parlons. Elle sélectionne ceux avec qui nous nous marions. 

Il semblerait, par ailleurs, que la sélection sociale ne se fasse plus seulement par la reproduction. Il paraîtrait, ainsi, que nos pratiques agricoles (pesticides et autres) seraient fatales au sperme de vingt pour cent des hommes. Leurs gènes n'auront pas de descendance.

Gauche et classe populaire

Samedi, débat chez France Culture. La gauche a déserté les "classes populaires". Je me suis demandé, à l'époque du bac pour tous ce qu'étaient ces fameuses "classes populaires". Je n'ai pas eu de réponse. (Sinon qu'elles voteraient à 51% FN !)

C'était le PC qui était la voiture balai de la gauche. Et elle a disparu. Il reste un parti pour intellos qui ne fait plus une politique de gauche. D'ailleurs plus on va aux extrêmes, plus on a d'intellos. Ce qui m'a semblé rejoindre les idées d'Alain Finkielkraut, en les exprimant différemment. Si je comprends bien, pour lui la gauche fait plus que de se désintéresser des classes populaires : elle les juge obsolètes, nativement réactionnaires. 

Quelqu'un a aussi dit qu'un gouvernement est supposé représenter tout un peuple, et non promouvoir les intérêts de certains au détriment de ceux des autres. Apparemment, c'était une nouveauté révolutionnaire.

dimanche 28 août 2016

Causes du populisme

  1. La crise économique rejoint la crise culturelle : en quelque sorte, le rejet de l'immigrant permet au malaise existentiel d'une population de s'exprimer. 
  2. Le politique remet son pouvoir entre les mains d'une technocratie qui affirme qu'il faut continuer dans la même voie, sous peine de chaos. 
Bref, le peuple veut du changement, et le gouvernant répond qu'il est impossible. Ou qu'il "est" le changement, comme nous l'a dit M.Hollande.

(Grande nouveauté ? On reconnaît qu'il y a des "perdants de la globalisation". Vu ce qui est arrivé au Brexit, ils seraient même une majorité.)

On ne naît pas laïc, on le devient

Le retour à la laïcité est surprenant. Car la gauche est à l'origine de sa disparition. Or, c'est elle qui s'en réclame maintenant. Confusion. 

Le plus surprenant est que la laïcité ne semble jamais avoir eu d'âge d'or. Elle a été en transformation permanente (cf. son histoire). Il n'y a donc pas de "laïcité". Plus exactement, on ne naît pas laïc, on le devient : la laïcité est un mouvement permanent ayant pour objet de « permettre un vivre ensemble pacifié » (Jean Baubérot). 

Peut-être faudrait-il repartir de cette définition, afin de définir une laïcité qui convienne à notre époque ?

samedi 27 août 2016

Révélateur Burkini

Libération de la femme d'un côté, liberté de chacun de faire ce qu'il veut, de l'autre. Le Burkini montre nos contradictions. Et il tape fort, car il y a du fondamental, derrière. Par exemple le principe d'empathie, qui justifie le droit d'ingérence ou la défense des "marginaux" ; ou encore "l'interdit d'interdire" qui mène au mariage pour tous, par exemple. Et encore plus fort : le principe même de la pensée moderne (ou postmoderne), à savoir qu'il y a le "bien" et le "mal", est en échec. 

La droite, elle, évoque le trouble à l'ordre public. Principe fondamental de toute société. Elle le fait avec raison : même le gouvernement est au bord de l'implosion. Mais elle intervient d'une façon troublante...

Finalement, les islamistes sont à plaindre. Car, leur idéal est une femme discrète et modeste, fée du foyer. Or, revêtir le Burkini, c'est se donner en spectacle. Mieux que le naturisme, c'est la suprême indécence. Sous le Burkini il y a la Femen. 

Radicalisation de l'Islam ou islamisation de la radicalité ? Ou saine révélation des incohérences d'une nation ankylosée dans la paresse intellectuelle ?

Pas de Big Bang

Le Big Bang serait une idée des années 50. Un calcul de relativité, qui ne tient pas compte des forces non gravitationnelles. Notre monde aurait démarré par une transition de phase plutôt que de rien.

Ce qui montre peut-être que notre savoir se bâtit sur des rumeurs, pas sur des faits. Ce que nous retenons est ce qui frappe notre esprit. Peut-être faudrait-il envisager un programme de nettoyage des idées fausses (ou obsolètes) ?

vendredi 26 août 2016

Aroun Tazieff

Lundi dernier j'entendais parler d'Aroun Tazieff. Il se trouve que je l'ai rencontré. Il était venu faire une présentation dans mon école d'ingénieur, du temps où j'étais élève. Je crois me souvenir que j'étais surpris de le voir là. On n'était plus à l'époque des grandes découvertes, où les Paul-Emile Victor ou Cousteau fascinaient les foules. Et son expérience n'était pas d'un grand intérêt pour les choix de carrière d'un ingénieur. L'ingénieur n'était plus un aventurier de la science, mais un fonctionnaire.

Il a commencé son intervention en nous disant que nous devions être étonnés de le voir là. Car, en France, on oublie à quel point on est épargné par les phénomènes naturels. Et nous avons découvert ce que l'on appellerait maintenant un formidable "story teller". Ce qu'il nous a dit était passionnant. Mais j'étais trop prisonnier de mes idées reçues pour le comprendre.

Sens de l'évolution

Visite au Jardin des plantes. Je tombe sur une pancarte disant que l'évolution n'a pas de sens (pancarte que Blogger refuse de copier dans ce billet). Elle peut passer du complexe au non complexe et inversement, au gré de sa fantaisie. C'est une théorie que j'avais lue dans L'éventail du vivant, de Jay Gould. Elle infirme l'idée selon laquelle la création devrait aboutir à l'homme. Ou encore ce que croient beaucoup de physiciens. A savoir que notre univers est le seul dans lequel peut vivre l'homme. (Principe anthropique.)
Mais la science peut-elle infirmer grand chose ? Elle ne peut que constater que certaines règles semblent expliquer ce qu'elle voit. Mais quant à faire des prédictions, c'est une autre affaire. Rien n'empêche de penser, en particulier, que la nature progresse par niveaux de stabilité. Entre deux niveaux, elle procède par essais et erreurs.

jeudi 25 août 2016

La malédiction du deux

Il est surprenant à quel point il est impossible de s'entendre à deux. Très vite l'émotion intervient, qui produit un cercle vicieux, qui conduit à la rupture. L'effet est subtile, souvent. Chacun, à son tour, fait un geste amical, mais il est mal interprété par l'autre, qui répond par un coup de griffe... "opposition de phase"

Comment monter une entreprise à deux, ou même vendre quoi que ce soit, dans ces conditions ? Comment évite-t-on ce phénomène d'ordinaire ? En retirant l'aspect émotionnel de nos relations. Tout est calibré, normé... Ou, au contraire, avec beaucoup d'émotion : l'amour rend aveugle. Ou encore, en évitant de donner un coup de griffe, lorsque l'on a envie de le faire. (Le terme technique est "suspension".)

De l'émotionnel au rationnel
Et il y a la technique des négociateurs : "de l'émotionnel au rationnel, et du face-à-face au côte-à-côte". Chacun doit abattre ses cartes : voici ce que je cherche à faire, comment peut-on atteindre, ensemble, nos objectifs particuliers ?

Mais établir une relation nouvelle est compliqué. Un médiateur est généralement nécessaire : n'ayant pas d'intérêt spécial dans l'affaire, il aborde la question de manière rationnelle, non émotionnelle. 

Et encore ! L'homme est prêt à crever plutôt que d'abandonner une illusion, a priori sans importance, ou un comportement ridicule. J'en suis arrivé à penser que, si les Américains sont si bons en affaires, c'est du fait d'un nettoyage culturel de leurs émotions. Les nôtres débordent dans la vie publique, les leurs restent dans le privé, s'ils en ont encore.

Vorsprung durch Technik

Pourquoi les voitures françaises vieillissent-elles mal ? me suis-je demandé en me baladant.

La réponse est peut-être ici :

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La voiture française est conçue pour séduire, la voiture allemande pour être une bagnole, pour sa performance technique. Vorsprung durch Technik.

Et la voiture italienne pour être belle.

La beauté et l'excellence technique, ça ne vieillit pas. Contrairement à la séduction, qui vit le temps d'une mode.

mercredi 24 août 2016

La science en panne d'inspiration ?

La supersymétrie boit un bouillon. C'était une théorie qui voulait, en quelque sorte, que les constituants élémentaires du monde aient certaines caractéristiques parce que c'était "naturel". Eh bien, ce n'est pas le cas. 

Depuis que j'ai rencontré, dans les années 80, des physiciens éminents enlisés dans la théorie des cordes, je me demande si la physique n'a pas usé son inspiration. Elle a connu une marche triomphale. Il a semblé à l'Occident qu'il existait ce que les Lumières appelaient des "lois naturelles", et que ces lois pouvaient être comprises par l'esprit. Comme pour Einstein, l'idée précédait la découverte. On avait trouvé l'âme des choses, ou, peut-être, l'avions-nous en nous. Et cela a produit plusieurs siècles de progrès scientifiques époustouflants.

Que va-t-il arriver maintenant ? Peut-être la science va-t-elle devenir pragmatique : elle va abandonner sa prétention à comprendre, et chercher des "explications qui marchent" ? Peut-être aussi va-t-elle courir de grands risques : ce qui l'a portée a été une forme de foi, celle-ci est maintenant morte. Le physicien paraît désormais un être bizarre, extrêmement coûteux, dont l'utilité est discutable.

Raison d'espérer

 
Je tombe nez-à-nez avec cette citation de Jack London. Enfin une raison d'espérer ? Allons-nous avoir une belle histoire ?