dimanche 31 juillet 2016

Les errements du bon sens

Sous le gouvernement Sarkozy on parlait de "bon sens". C'était un moyen de justifier ses décisions, sans les expliquer. Or, la systémique dit que le bon sens pave l'enfer de bonnes intentions. Ce que je constate régulièrement. Pourquoi ? 

Une hypothèse est qu'une société est un "système". Le système s'oppose au chaos. Autrement dit, ce qui caractérise le système est l'homéostasie, le maintien du statu quo. Donc le système nous forme pour ne pas le changer. Il biaise notre capacité à la prise de décision. 

La solution ? L'in quiétude : savoir qu'il y a quelque-chose, de menaçant ou bénéfique selon la façon dont nous l'aborderons, au delà du système. Mais aussi collaborer avec des gens qui ne viennent pas de notre système, et qui peuvent en voir les particularités.

L’exil et le Royaume

Dernière œuvre de Camus. Un recueil de nouvelles indigestes.

C’est certainement chargé de sens. Mais je n’aime pas les histoires pleines d’une morale bien lourde. Camus se disait artiste. Je ne partage pas son opinion. A mon avis, il aurait bien fait de se contenter d’être l’auteur de L’homme révolté ou de Noces

(Mais, s’il l’avait été, il serait probablement demeuré inconnu)

samedi 30 juillet 2016

De l'importance des formules

"Incendie du Reichstag" disait un journal américain de la tentative de coup d’État, qui a précédé la répression que mène M.Erdogan. Il avait établi une liste d'inconvenants et il attendait l'occasion pour les coffrer. Ce qu'il a fait vite et bien. 

C'est curieux comme une simple formule peut changer notre vision des choses. Mais, si elle n'a pas été reprise, c'est à cause de cela ? Nous avions peur de ce nous aurions eu à faire si elle avait été juste ?

(On aurait pu aussi l'utiliser pour la façon dont la guerre d'Irak a été décidée.)


La télévision et le camionneur

Il paraît que les camionneurs conduisent en regardant la télévision. On a pensé que la pratique était dangereuse. Eh bien, au contraire. La télévision réduit les risques d'accident. Jeter un coup d'oeil de temps à autre sur l'écran stimule l'intellect et maintient éveillé. Voici une histoire que me racontait un consultant en RH.

Cela m'a rappelé une constatation que je fais souvent. Quand nous avons à résoudre un problème, nous voyons souvent bien ce qui va permettre de résoudre le dit problème. Mais notre interprétation est fausse. Au lieu de résoudre le problème, nous ne faisons que l'amplifier. 

A garder en tête pour la prochaine prise de décision ? Avec la difficulté supplémentaire qu'elle est inconsciente, quasiment. D'où, morale de ce billet : 
  1. S'entraîner à repérer les instants où se prennent des décisions ; 
  2. Se demander alors, si la décision que l'on est sur le point de prendre est l'unique possible...

vendredi 29 juillet 2016

La signification cachée de la Biomimétique

On parle beaucoup de Biomimétique. Je me demande si le changement que cela signifie n'est pas plus profond qu'on ne le croit...

Jusqu'ici on (l'Occident moderne?) a voulu soumettre la nature à son bon plaisir. Cela s'applique aussi aux hommes. Ainsi d'année en année la définition de ce qu'est un enfant, ou un parent, change. De même que les qualités qu'il faut pour mériter de vivre : aujourd'hui; si l'on n'est pas un data scientist, on va droit à la poubelle. La sélection, de naturelle, est devenue artificielle. L'approche biomimetics annonce peut-être la première étape d'un renversement de perspective : on cherche à comprendre la nature pour s'y inscrire. 

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(Très chinois : li)

Vertu et terrorisme

Notre gouvernement dit que "Daech veut" telle ou telle chose. Mais un ramassis de déclassés encadré par quelques cadres de l'armée en déroute de Sadam Hussein peut-il avoir un plan machiavélique ? 

Qui sont les terroristes ? Des déséquilibrés pathologiques ou des paumés. Comme toujours, ils sont récupérés par une idéologie qui promet la gloire à leur néant existentiel. Le terrorisme est une perversion. Il utilise les principes de la société à la lettre pour trahir leur esprit. C'est le serpent réchauffé qui pique celui qui l'aide. Il profite de la tolérance, mais aussi de l'idéologie des bons sentiments et des "marges" propre à la gauche. Il donne raison à la police, dont la "fiche S" est plus efficace que la justice. Ce faisant, il cherche dans la société un instinct de destruction encore plus stupide que le sien et qui provoquera la guerre civile. Et, écoutez les hommes politiques américains ou anglais : si vous votez X, vous aurez la France ! La France est désignée au terrorisme. Pourquoi ? Parce que nous offrons le spectacle de la lâcheté. Nous gesticulons pour nous donner de grands airs. Mais quand il faut passer aux actes, c'est la débandade.

Montesquieu disait que le principe de la démocratie était la vertu. La vertu ? Ne pas commettre d'injustice quand on pourrait le faire impunément. C'est notre manque de vertu individuelle, le fait que nous ayons fait des entorses à nos idéaux, injustice par intérêt; qui crée l'énervement et la haine. Mais la justice c'est aussi faire respecter ses droits, son honneur. C'est faire payer à M.Trump ses insultes. Le terrorisme nous met en face de nos responsabilités.

jeudi 28 juillet 2016

Pourquoi les tortues ont-elles une carapace ?

D'où vient la carapace de la tortue ? Initialement, ce n'était pas une carapace, mais des côtes qui se rejoignent et qui donnent à l'animal des moyens efficaces pour creuser. Mais les raisons de creuser auraient peut-être disparu. L'animal se serait alors trouvé bien lent. Et la carapace serait apparue, comme moyen de défense. 

Cela rejoint une idée que j'avais eue au sujet du dinosaure. L'animal est une sorte d'entrepreneur. Il cherche un filon à exploiter, une niche écologique non occupée. Les marketers parleraient de "positionnement". Ce n'est que lorsqu'il l'a trouvé qu'il se transforme, pour en exploiter toutes les possibilités. Il est possible, toujours comme l'entrepreneur, que, lorsque son milieu change, il change sans s'en rendre compte : pour continuer à assurer sa fonction primaire, il développe une fonction secondaire (la carapace). Jusqu'à ce que ce soit la fonction secondaire qui devienne primaire. Le changement est alors fini. Jusqu'à la prochaine fois.

Kierkegaard, une très courte introduction

Afficher l'image d'origineUn différend que j'ai eu avec un professeur de français, en troisième. Il s'agit de Tristan et Yseut. A-t-elle trompé son mari ? Yseut doit subir le jugement de Dieu. Tristan se déguise en passeur et porte Yseut, qui doit traverser un cours d'eau pour se rendre au lieu du jugement. Là on lui demande si elle a connu intimement un autre homme que le roi et le passeur. Elle dit non. Dieu lui donne raison. Je pensais que c'était question de logique. Yseut n'avait pas menti. Pour mon professeur, Dieu ne s'était pas fait abuser par la raison, il avait donné raison à l'amour.

Je me demande si ce n'est pas ce que dit Kierkegaard. Kierkegaard est le premier existentialiste. Il estime que nous ne savons plus ce "qu'exister" signifie. Parce que la raison nous a lavé le cerveau. Il retourne l'argument (post) hégélien : ce n'est pas Dieu qui aliène l'homme, mais la raison. Prolongement du romantisme et anti-philosophie. 

Pour Kierkegaard, la raison est limitée, la vérité lui est inaccessible, elle nous paraît, donc, "absurde" et paradoxale. L'avenir est imprévisible, chaotique dirait-on peut-être, et c'est l'inspiration de la foi qui nous fait enjamber les failles béantes de la raison. On ne naît pas homme, on le devient. Exister c'est devenir. Quand on freine, on tombe. La vie comme une descente de rapides, pleine de dangers et de potentiels ?  Poussés par une volonté irrépressible nous dévalons la pente, l'angoisse au ventre. Cette angoisse est le pressentiment du divin, de l'existence de quelque chose d'essentiel et de désirable, mais qui est inaccessible à notre raison. En profiter, et ne pas en être victime, est de l'ordre du miracle.

Kierkegaard cherche donc à créer les conditions qui feront que son lecteur s'interroge sur la signification de sa vie, et retrouve ce qui compte réellement pour lui. Il pensait que la réponse à cette question était à la fois propre à chacun et générale : la religion chrétienne. Mais son raisonnement paraît s'appliquer à toutes les religions, ou à tout ce qui est au delà de la raison.

(GARDINER, Patrick, Kierkegaard, a very short introduction, Oxford University Press, 2002.)

mercredi 27 juillet 2016

Les vertus cachées de data analytics

Les hasards de la vie font que je me retrouve au milieu de gens qui brassent des données. L'enseignement majeur que je tire de cela, c'est que ces données sont incompréhensibles. Car incohérentes. Cela vient de l'homme. Il ne savait pas trop ce qu'elles signifiaient, et il a entré n'importe quelle donnée, ou pas loin. 

Et pourtant ce travail n'est pas sans intérêt. Car, en essayant de comprendre les données, on fait une enquête. Et, chemin faisant, on trouve des idées. Et elles n'ont plus besoin de chiffres. 

Par exemple, pourquoi autant d'accidents du travail ? Données incomplètes et sans intérêt. Pourquoi certains accidents ne sont-ils pas déclarés en accident du travail, mais affublés d'un nom bizarre, d'ailleurs ? Au fait, beaucoup de gens ont-ils changé de métier chez vous ? Oui ? Les gens ont-ils été formés à leur nouveau métier ? Non ? Et si l'on tentait de le faire ?

Le problème avec le data scientist

Au début de ma carrière j'ai rencontré un directeur financier qui avait montré que le module de base d'un progiciel n'était pas rentable. Oui, mais que pouvait faire le progiciel sans son module de base ? 

Récemment nous avons vu apparaître un nouvel être : le data scientist. Eh bien, il est affecté du même mal que mon directeur financier. C'est un virtuose du chiffre, mais il n'en comprend pas le sens. Voilà un obstacle massif au développement de "big data".

mardi 26 juillet 2016

Pourquoi n'y a-t-il plus de géants de la science

Le médecin ne semble plus être bon qu'à appliquer des procédures. Il utilise des machines ou fait faire des analyses. Mais il ne leur apporte rien. J'ai l'impression qu'il en est de même partout. Il n'y a plus que des rouages, ou des illusionnistes, plus aucun grand scientifique, qui fait faire des pas de géant à l'entendement humain. Plus de Pasteur.

D'où cela vient-il ? Je pense de la massification de l'enseignement. Je soupçonne que ce n'est pas la qualité de l'homme qui fait le génie, mais les soins que lui a apportés la société. Jadis il était relativement facile de devenir polytechnicien ou Proust, il suffisait d'appartenir au bon milieu. Mais la société investissait sur vous suffisamment pour que vous parveniez au génie. D'ailleurs, il n'y avait souvent pas besoin de faire des études supérieures pour cela. 

Bien sûr, on essaie de refaire fonctionner la sélection par le milieu. Seulement, on a perdu la recette du génie. Prochaine étape : faire de nous tous des génies ? 

(à suivre)

Mme Clinton contre M.Poutine

L'autre jour j'entendais dire que Mme Clinton avait été victime d'une fuite d'emails compromettants. Je me disais que, comme dans l'affaire du Brexit, il ne fallait pas enterrer M.Trump trop tôt. 

Puis, a émergé la rumeur selon laquelle ce serait un coup des Soviétiques. Peut-être manœuvre de Mme Clinton : cette manoeuvre pourrait détacher de M.Trump certains électeurs qui n'aiment pas compter M.Poutine dans leurs rangs. Mais elle pourrait aussi être juste. Car M.Poutin Hait Mme Clinton. Car elle veut remplacer les Kadhafi, Assad et autres Poutin par des dirigeants un peu plus proches des usages américains.

Mais il y a une dernière interprétation : M.Poutin  ne se fait pas d'illusions sur les chances de Trump ; il a envoyé un coup de semonce à Mme Clinton. Il veut qu'elle le prenne au sérieux.

lundi 25 juillet 2016

Idéal français

En lisant Le Tour de France par deux enfants, j'ai retrouvé mes parents. Leurs héros, en particulier. Ils n'étaient pas tous français (Fleming, par exemple), mais ils avaient la même caractéristique : s'être élevés d'en bas et travailler pour le bien collectif. J'y ai aussi retrouvé la vie de mon père : la capacité à traverser des épreuves qui me semblent insurmontables mais pas d'ambition plus élevée qu'un bonheur calme. Et le sens du devoir, pour eux. Pas asséné aux autres. Je ne me suis rendu compte de tout ceci que récemment. 

Si cela me paraît bizarre, c'est que les valeurs que clame désormais notre société ne sont plus celles-ci. On nous parle de "créateur de valeur", de bling bling. La troisième République glorifiait le peuple, la cinquième, l'égoïsme.

Le tour de France par deux enfants

Parti de Proust et Bergson, j'en suis arrivé, au hasard des liens HTML, au Tour de la France par deux enfants, que j'ai lu d'une traite.

Que l'on apprend facilement ses leçons quand elles sont racontées comme une histoire ! Le livre a été écrit par Augustine Fouillée, femme, mère et grand mère de philosophes. Ce livre a été tiré à plus de huit millions d'exemplaires. Des générations de Français y ont appris à lire et y ont découvert leur pays. 

Deux frères orphelins quittent la Lorraine, à pieds, après la guerre de 70, pour retrouver la France et lui demander asile. Chemin faisant, ils découvrent leur nouveau pays, sa géographie et son histoire, et surtout ils reçoivent une leçon de vie. Le livre se termine sur "devoir et patrie". Pour autant, ce n'est pas une patrie revancharde. On y loue le "deserving poor", comme disent les Anglais. La vie est dure. Mais aucun obstacle ne résiste à la volonté. On y voit une France de gens modestes, qui font, individuellement ou collectivement, de grandes choses. Les grands hommes, eux-mêmes, se sont élevés par leurs seuls mérites, et n'ont eu de combat que l'intérêt collectif. Jeanne Darc (écrit comme cela) en est l'exemple même.  "Les autres nations ont eu de grands capitaines qu’ils peuvent opposer aux nôtres. Aucune nation n’a eu une héroïne qui puisse se comparer à cette humble paysanne de Lorraine, à cette noble fille du peuple de France." La France n'y est pas triomphante. Elle perd souvent tout. For l'honneur. D'ailleurs, la France s'est fondée sur une défaite, celle de Vercingétorix. L'histoire se termine dans la ferme du bonheur. Cultivons notre jardin ? Ou, heureux, qui, comme Ulysse... ? Idéal français ? 

dimanche 24 juillet 2016

Honeyguide

L'oiseau collabore avec l'homme. En Afrique un oiseau guide les hommes vers la ruche, pour qu'ils prennent le miel et lui laissent la cire. Et l'homme communique avec l'oiseau, pour lui demander de l'aider. (Article.)

Cela signifie que ce que disent les écolos est faux. L'homme n'est pas un fauteur de trouble de la nature. Il en est une pièce, qui collabore avec son écosystème, comme ses autres pièces. Et l'écosystème se transforme avec lui. Est-ce bien ou mal ? Ce n'est probablement pas la question. Celle-ci est plus certainement : notre action ne risque-t-elle pas de nous faire entrer dans un cercle vicieux ? Ou, peut-être mieux, ne pourrions nous pas, à peu de frais, entrer dans un cercle vertueux ? 

En anglais, l'oiseau s'appelle "Honeyguide", en français, d'après wikipédia :  Indicatoridae.

Munich ou le mal américain ?

Au sujet des morts du 14 juillet de Nice, j'envisageais une épidémie d'un type particulier de suicide. La fusillade de Munich semble confirmer cette intuition. Les Allemands appellent le phénomène "Amok", du nom de la nouvelle de Zweig, et disent que le tueur de Munich voulait imiter Anders Breivik, tueur norvégien. 

La pratique étant quasi quotidienne aux USA, on peut se demander si elle n'a pas été importée chez nous, lorsque la culture américaine s'est imposée au monde. Il serait curieux de penser que les Jihadistes sont des Américains comme les autres...

Impossible n'est pas français

Il y a un débat sur l'impossibilité. L'Américain dit que tout est possible. Cela semble même être le principe de sa culture, qui s'est imposée au monde. Et qui nous a donné la religion de la croissance. Hannah Arendt lui répond que vouloir l'impossible conduit au totalitarisme. Quant au Français, il croit à l'impossible. Surtout en ce qui le concerne. Il pense que la fatalité s'abat sur lui. 

Pour ma part, il me semble que n'importe quoi n'est pas possible. Mais que, quand quelque chose est impossible, quelque chose de plus important, de plus fondamental, l'est. 

samedi 23 juillet 2016

Le numérique prédit le colistier de Mme Clinton

Hier je lisais un article de The Atlantic disant que la page wikipedia de Tim Kaine avait été modifiée un grand nombre de fois. N'était-ce pas le signe qu'il allait être choisi par Mme Clinton comme vice-président ? Ce matin, je lisais que wikipedia avait vu juste.

Les visionnaires louent la puissance de Big Data et sa capacité infinie de prévision. Les dieux ont-ils enfin envoyé le signe attendu ?

Se droguer plus pour travailler plus

 Notre monde est devenu si concurrentiel qu'il faut se droguer pour réussir :
"In a recent review paper, we found that people are increasingly using performance-enhancing drugs for common tasks ranging from sitting examinations to giving presentations and conducting important negotiations"(Université de Cambridge.) Et il n'y a pas que la drogue. Il y a aussi les "jeux vidéo et la stimulation du cerveau". 

Étrange. Où va toute cette énergie ? Notre société est notoirement bloquée. Sa performance globale est quasi nulle.Et si elle se perdait dans l'affrontement ?

vendredi 22 juillet 2016

Trump promet le paradis

Je pense que M.Trump doit embarrasser la gauche. Elle a diabolisé le FN. Or ce que j'entends du premier est infiniment plus inquiétant que ce qui me parvient du second. 

La question que je me pose en l'écoutant est : réalise-t-il à quel point ce qu'il dit est infaisable ? Il veut arrêter totalement l'immigration, il veut écraser l'axe du mal (ou sa traduction moderne), mais surtout il promet qu'il n'y aura plus de crime et de violence aux USA ! (Ce qu'il dit.)

Un psychologue que je cite souvent constate que l'on ne peut pas mentir efficacement, si l'on ne croit pas à ses mensonges. D'autres travaux de psychologie expliquent aussi, en substance, que l'on croit ce qui nous arrange...

Gauche et culture

J'ai découvert récemment que l'essentiel du projet de la gauche issue de 68, et qui gouverne aujourd'hui, était la "culture". L'association jouait un rôle décisif dans la mise en œuvre de ce projet. Étrange projet, qu'il est difficile de prendre au sérieux.

Encore plus récemment, j'ai compris que l'Education nationale, dans laquelle sont massivement entrés les soixante-huitards, a voulu libérer l'enfant des chaînes sociales. Ce faisant elle s'en est pris aux fondements du projet républicain (d'une autre gauche, dans laquelle se trouvait Jaurès) : former des individus pour qu'ils puissent être libres, et vivre sans lois. 

Mais comment entrer dans la société sans un minimum de formation ? Même conduire une voiture nous demande un apprentissage et le respect d'un code. Je me demande si la culture n'a pas été la réponse de la "gauche 68" à ce problème. Elle a cru à une sorte de paradis terrestre, dans lequel il suffirait d'être. 

Tout ceci ne viendrait-il pas d'une autre idéologie : l'enfant roi ? Pendant longtemps, l'enfant a été un petit homme. Puis il est devenu innocent. Puis il a vécu de plus en plus vieux dans une sorte de paradis d'irresponsabilité et d'insouciance. Du coup, il a voulu que cet état dure éternellement ?

(En creux, on retrouve le combat de N.Sarkozy : contre 68, les associations, l'idéologie de la "paresse". Sa réaction à 68 est typique de celle des neocon américains.)

jeudi 21 juillet 2016

Qu'est-ce qu'un génie ?

Dans un précédent billet, je parlais de génie. Qu'est-ce qu'un génie ? Je crois que c'est ce que nous ne sommes pas. 

Notre idéal est de réussir un examen, et de ne plus rien faire. Ou de nous élever dans une bureaucratie. Nous jugeons notre travail et notre vie avec les yeux de la société. Nous sommes des rouages.

Le génie, qu'il soit scientifique ou autre, a son projet à lui. Il a une capacité de jugement autonome. C'est un papillon dans un monde de chenilles.

Nuages et règles

En regardant le ciel, je me suis souvenu d'avoir lu dans ma jeunesse que les nuages vous disent que le temps change. Haute pression pas de nuages, ou petit cumulus. Changement de temps : cyrus, alto-stratus, stratus, strato-cumulus, éventuellement cumulo-nimbus. Et c'est reparti pour un tour, généralement par cycles de trois jours. 

Ce qui est curieux est que tout ceci est immatériel. Qu'est-ce qu'un "nuage", pour commencer ? Quelle est la frontière entre un cyrus et un alto-stratus ? Pourtant cette description nous parle, et nous donne des conseils utiles. L'univers suit des règles qui s'évaporent lorsque l'on essaie de les toucher.


mercredi 20 juillet 2016

Règles, intuition et smart data

Il y a quelques temps j'ai utilisé le logiciel MondoBrain pour analyser des données liées au naufrage du Titanic. MondoBrain est un logiciel de "smart data". L'idée du big data est de décider à votre place. Il vous dit ce que vous devez faire. Il est tourné vers l'avenir. Le smart data, au contraire, analyse le passé. Il y cherche des règles. Typiquement : telle production a marché avec tels et tels réglages, sous-traitants... 

Il y a une autre différence, majeure, avec big data. C'est ce que montre le Titanic. Immédiatement, on voit que les riches s'en sont mieux tirés que les pauvres. Puis les femmes que les hommes. Puis, paradoxalement, que les hommes riches ont été dans la moyenne des morts. Du coup, je me suis demandé qui étaient les hommes pauvres qui avaient survécu, et les riches qui étaient morts. Pour les uns je trouve une population d'enfants accompagnés d'une personne. Pour les autres, des célibataires. J'en ai déduit une règle : ce qui a présidé à l'évacuation du Titanic a été un "esprit chevaleresque". Je viens de découvrir récemment que cela a été explicitement le cas. C'était comme cela que la marine fonctionnait en ces temps là.

Autrement dit, les règles de MondoBrain ne sont pas une fin en soi. Elles doivent provoquer une intuition. Et cette intuition consiste à apercevoir, en quelque sorte, une règle ultime. Où plutôt, un système derrière des éléments apparemment incohérents.

Abattre Donald

J'entendais dire que Mme Trump avait repris un discours de Mme Obama. Ce qui a fait du tort à son mari. Plus tôt j'étais tombé sur une vidéo d'un petit architecte qui avait été ruiné par M.Trump, qui avait utilisé l'intimidation pour ne pas lui payer ce qu'il lui devait. 

Cela ressemble à la stratégie de M.Obama contre M.Romney. Une stratégie de gens très intelligents qui cherchent la faille de leur adversaire. Ou, plus subtilement, qui cherchent des failles qui permettront de détacher des morceaux décisifs de son électorat. 

mardi 19 juillet 2016

Pas d'union nationale

Les partis de droite dénoncent la responsabilité du gouvernement. Le drame de Nice aurait pu ne pas avoir lieu. 

Pourquoi, cette fois-ci, n'y a-t-il pas eu union nationale ? Une hypothèse est que la droite n'ait pas eu confiance en la gauche. Elle soupçonne peut-être que le gouvernement a constaté que les attentats profitaient à sa popularité. Alors, il a transformé ce qui pourrait être l'acte d'un désespéré en un attentat. Et la droite ne veut pas se faire prendre à un piège dans lequel elle reconnaît une manœuvre politique dont elle est familière. On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace ?

La loi du marché, c'est l'anarchie ?

"There is no such think as society" une citation de Mme Thatcher que reprend souvent ce blog. L'idée vient de Hayek. Dans le monde moderne (d'après guerre), la société se recâble en permanence, il n'y a donc pas de culture au sens anthropologique du terme, c'est à dire de règles qui nous contraignent depuis la nuit des temps. Et les religions ? Et les goûts alimentaires ?...

Ce que l'on oublie souvent, c'est qu'Hayek faisait une hypothèse implicite. Elle est claire dans The road to serfdom. Cette hypothèse était culturelle. Il pensait que la nature de la société était d'être protestante. Le protestant est formé pour être un homme "bien". (C'est aussi ce que dit, autrement, Max Weber : le capitalisme est émanation du protestantisme.) Cette idée se retrouve en France, chez Jaurès et Clémenceau, entre autres : le rôle de l'Education nationale est de former des hommes qui n'ont pas besoin de lois. Elle se retrouve aussi chez Elisée Reclus, anarchiste, et protestant. Alors, oui, le libéralisme c'est l'anarchie. Mais pas au sens, de chaos, où on l'entend aujourd'hui.

Je ne sais pas si ce modèle peut marcher. En tout cas, il n'avait pas prévu que l'application de l'idéologie 68 à l’Éducation Nationale consisterait explicitement à la libération de l'homme des contraintes qui devaient lui permettre de vivre en société sans contraintes...

lundi 18 juillet 2016

Le temps du suicide

Une nouvelle fois, on tue des policiers aux USA. Cela ne ressemble-t-il pas un peu à ce qui se passe en France ? Il y a à la fois une tentation du suicide, et d'un suicide qui punisse la société ?

Faut-il y voir la main de l'Etat Islamique, comme le pense notre président, ou celle de Durkheim, et son concept "d'anomie". Une société individualiste détruit le lien social, qui soigne, et transforme l'homme en désespéré ? Peut-être aussi, comme dans les pièces de Shakespeare, l'individu isolé ne peut-il que donner de la tête contre la société ? Dans le cas du candidat au suicide, la voir comme la cause de ses malheurs, et vouloir la détruire ? 

(Par ailleurs, comme je le disais à l'époque des suicides de France Télécom, les psychologues ont noté un phénomène de "mode" en termes de suicides. L'effet Werther. Ce qui explique peut-être qu'un pilote allemand se soit suicidé en précipitant son avion, plein de passagers, contre une montagne.)

Le temps des intermédiaires

Les révolutionnaires semblent avoir voulu supprimer les intermédiaires. Il se trouve que nous vivons un temps d'intermédiaires. Il y a les plates-formes, d'abord, l'intermédiaire construit un marché et en tire un bénéfice monopolistique. Mais il y a aussi celui, à l'autre extrême, qui fait profession de défendre la veuve et l'orphelin, le "marginal", et qui est en dehors des lois qu'il fait appliquer. Il vit en grand propriétaire, alors qu'il honnit les grands propriétaires.

Les intermédiaires doivent exploiter un goulot d'étranglement social et en tirer un bénéfice indu.

dimanche 17 juillet 2016

Brexit et Barroso

Et si M.Barroso avait été récompensé pour avoir causé le Brexit ? Et s'il avait été un entriste payé pour faire exploser l'union ? Mon expérience ne m'a pas fait rencontrer souvent des preuves de complot. C'est en voulant faire le bien que l'on fait souvent le plus de dégâts. Il y a différence marquée entre ce que nous disons, et pensons croire, et notre comportement. Et c'est ce dernier qui est la cause de nos problèmes.

 M. Barroso, comme ses collègues gouvernants, était un disciple de Mme Thatcher, et Mme Thatcher disait "there is no such thing as society". Le marché régule des individus sans loi. Le marché est incompatible avec toute organisation sociale, à commencer par une union, ou une nation d'ailleurs. 

On peut aussi voir la chose sous l'angle de "l'ordre public". En bousculant l'ordre public, le marché crée des révoltes, des Brexit ?

Contrainte et entreprise

Les Anglais appellent cela "red tape", c'est la contrainte bureaucratique sur l'entreprise. Vendredi j'entendais le représentant de la chambre de commerce anglaise en Europe en parler. Il disait que les concessions qu'avait obtenues M.Cameron les aurait réduites. Il était apparemment embarrassé concernant l'avenir des membres de sa chambre après le Brexit. 

Ce qui est surprenant est que l'entrepreneur se bat contre les contraintes alors que sa justification, qui remplit tous les livres de management, est justement ces contraintes. Il est le seul à avoir la détermination de les dépasser. La contrainte est créative. 

Alors, augmentons les contraintes pour relancer l'économie ? Il me semble surtout, qu'il n'y a plus les conditions favorables à la croissance. La principale de ces conditions est un "filon". Que ce soit le Far West, la reconstruction de l'Europe ou la mise au jour de la Chine. 

On espérait que les technologies de l'information créeraient une nouvelle marée, mais, pour le moment, elles semblent s'en être pris aux moteurs de la croissance. Peut-être, pensée récurrente, a-t-on atteint les limites à la croissance ?

samedi 16 juillet 2016

Monde fragile

Attentat à Nice, coup d'état en Turquie. S'attendait-on à ce que de tels événements puissent survenir ? Ne surestiment-on pas la solidité du monde ? Risque d'un retour à Sarajevo ? 

Ce qui transforme l'incident en accident, c'est de la matière inflammable. Le Brexit en est un exemple, me semble-t-il. Je ne crois pas qu'il y ait les conditions d'une explosion mondiale. Mais peut-être sous-estime-t-on la vitesse à laquelle elles peuvent se dégrader. Le plus important, probablement, est de s'extraire des idéologies et autres idées reçues, et de chercher à comprendre le monde tel qu'il est.

(Ce qui me frappe, en lisant les nouvelles de Turquie, c'est à quel point on en sait peu, et on dépend du gouvernement turc pour notre information. Par ailleurs, la fragilité du pays tiendrait à la stratégie de son président, qui consiste à se faire des ennemis.)

Les sept couleurs

Le hasard me fait découvrir un livre de Brasillach. (Brasillach, Robert, Les sept couleurs, le livre de poche, 1939.) J'avais entendu dire qu'il avait été un écrivain de talent. Et, aussi que certains estimaient que de Gaulle avait été un peu sévère avec lui, en le condamnant à mort pour faits de collaboration. Qu'en est-il ?

Selon moi, ce livre est calamiteux, et ridicule. Les sept couleurs, ce sont sept procédés d'écriture. C'est en les mélangeant mécaniquement que l'on obtient un chef d’œuvre, semble croire Brasillach. Pour le reste, c'est l'histoire d'une femme et de deux hommes. Des personnages sans goût et sans saveur, sans existence. La femme cause, sans vraiment le vouloir, des désillusions aux hommes, ce qui les amène, par dépit et à tour de rôle, à s'engager dans la légion, ou à faire la guerre (d'Espagne, à côté de Franco). Ce livre a manqué de peu le prix Goncourt.

Calamiteux, mais pas sans intérêt. Car on voit dans ce livre de 39, un fascisme ayant pignon sur rue, à une époque où l'on ne savait pas encore ce qu'il allait provoquer. On y rencontre même Hitler, confondant de "gentillesse" !, et son regard triste d'homme qui sait qu'il a le sort du monde sur les épaules. Et ce qui est inattendu est qu'à la vénération des nationalités, et à Hitler, près, ce qui est écrit ici ressemble beaucoup à ce que l'on dit aujourd'hui en France. Et que la gauche, à laquelle elle s'oppose, ressemble étrangement à la nôtre. On parlait déjà à cette époque de mariage pour tous, et de culture...

Dommage que l'on ne lise plus les ouvrages d'entre deux guerres ? Cela aurait-il pu nous éviter de répéter les erreurs de nos ancêtres ? 

vendredi 15 juillet 2016

Aspirateur à sorcière

Pas très surprenant. Le balai a été remplacé par un aspirateur. La sorcière a trouvé un moyen moderne de déplacement. J'en ai eu une démonstration à La Rochelle. Un individu était attaché par les pieds à la sortie d'un aspirateur fonctionnant à l'envers. Il projetait des jets d'eau. Et l'homme bondissait.

Quel est l'intérêt de cette innovation me suis-je demandé ? De se donner de fortes sensations ? Il n'y a pas que la raison dans la vie...

La femme est l'avenir de l'Angleterre ?

Le premier résultat du Brexit est un raz de marée féminin. Une première ministre en Angleterre et en Ecosse, et, vraisemblablement une première opposante travailliste, dans peu de temps. Et, une Reine. 

L'Angleterre a souvent été gouvernée par des femmes. Et, à chaque fois à de grands moments de son histoire. Elisabeth I (contre Mary Stuart, déjà), Victoria, et d'aucuns diraient Mme Thatcher. Peut-on espérer une renaissance du pays ?

(Depuis que j'ai entendu parler Mme Robbe-Grillet, je me demande si l'Anglais n'a pas besoin d'une dominatrice.)

jeudi 14 juillet 2016

Solitaire du Figaro

Vendredi dernier, je me promenais sur un quai de La Rochelle. Je suis attiré par un attroupement. On remet des prix. J'ai fini par comprendre qu'il s'agissait de la solitaire du Figaro. On parlait de quatrième étape. Il en restait donc bien d'autres. Eh non, c'était la dernière. Cela m'a semblé mesquin.

En creux cela m'a montré l'effet média. Car que ces navigateurs paraissent ordinaires lorsqu'on les rencontre. Alors qu'il sont magnifiques en photo de journal.

Brexit : le crime ne paie plus ?

De Cameron à Farage, en passant par Johnson, qui a trahi Cameron, et Gove, qui a trahi Johnson, tous les coupables du Brexit sont au chômage, lisais-je quelque-part. Le crime ne paie plus ? Le machiavélisme non plus ? La perfide Albion aurait-elle perdu un de ses acquis culturels ? 

Inquiétant à un moment où elle va devoir faire face à son destin, seule ?

mercredi 13 juillet 2016

Nous sommes tous des pilotes d'essai

"Tesla says Autopilot is disabled by default in the cars, and that before they engage the feature drivers are cautioned that the technology is still in the testing phase." (Scientific American)

Un logiciel est en test permanent. Donc, maintenant que les voitures sont conduites par des logiciels, il en est de même pour elles. Le constructeur n'a plus de responsabilités : en l'achetant vous saviez à quoi vous vous exposiez... 

Mais, est-ce nouveau ? Lorsqu'on lit l'histoire du progrès technologique (cf. L'Apocalypse joyeuse), on constate qu'il en a toujours été de même. L'homme s'est enthousiasmé pour des idées, qui lui ont explosé à la figure.

Etes vous un entrepreneur ?

Être entrepreneur c'est trouver des solutions, disait un entrepreneur. L'homme ordinaire ne voit que des problèmes. C'est à dire des raisons de ne pas faire. Il rationalise son attirance pour le statu quo. 

Je crois surtout que l'entrepreneur est un visionnaire. Il voit un potentiel là où personne ne le voit. Comme un sculpteur qui voit la statue dans le marbre en bloc. Peut-être aussi sait il communiquer cette vision ? Peut-être, encore plus simplement, se dit-on que s'il est si motivé, c'est qu'il n'y a pas de fumée sans feu ? Peut-être finit-il par utiliser à son profit notre inertie : il a une telle énergie que c'est reposant pour l'esprit de s'installer dans son sillage ?

mardi 12 juillet 2016

Faut-il mourir pour le progrès ?

Il y a quelques temps, Hervé Kabla, disait, au sujet du mort par intelligence artificielle de Tesla, que c'était dans l'ordre des choses, qu'il était bien de mourir pour le progrès du progrès. 

Je ne suis pas sûr que cette idée soit massivement partagée. On ne désire plus souffrir, ou voir souffrir, pour le progrès, du moins pour le progrès technologique. Est-ce la société qui est devenue peureuse ? Ou lucide ? Ou encore est-ce le progrès qui est, maintenant, incapable de générer un rêve d'une qualité telle que l'on désire mourir pour lui ?

On ne naît pas mère on le devient

Le rapport mère enfant tel qu'on le décrit n'est pas une loi de la nature. Il y a des prédispositions. Peut-être sont-elles génétiques, comme le dit The selfish gene. Mais c'est la société qui nous donne un modèle. Mais ce n'est qu'un modèle. Pour qu'il marche il faut vouloir le faire marcher. Et il faut du talent pour réussir. 

L'histoire est pleine de familles déchirées. Et la norme des rois anciens était, même, l'affrontement entre parents et enfants. Hôte-toi de là que je m'y mette. Peut-être était-ce un moyen de démontrer que l'on avait ce qu'il fallait pour faire un roi, et défendre le bien commun : l'honneur de son nom ?

Voilà ce que j'observe.

lundi 11 juillet 2016

Barroso chez Goldman


Mais cela ne signifie-t-il pas que M.Barroso a toujours eu les mêmes idées que Goldman Sachs et que ce sont ces idées qui ont gouverné l'UE ? Et que tous les gouvernants de l'époque les partageaient ? Et que ce sont les transformations que ces idées ont apportées à l'Europe qui sont, aujourd'hui, à l'origine de la crise qu'elle traverse ? 

(Fait curieux : M.Barroso aurait été embauché pour aider Goldman à tirer parti du Brexit. Une reconnaissance du succès de son action ?)

Le conseil et la revanche du quinquagénaire

Les entreprises ont pris l'habitude de licencier les plus de 45 ans. Cela a eu une conséquence inattendue. Ubérisés, ils deviennent une menace de mort pour le conseil traditionnel. Ils sont beaucoup moins chers et bien plus compétents que les troupes de jeunes employés par les cabinets de conseils internationaux. (D'autant qu'un dispositif à la Uber, n'a pas besoin des frais fixes que subissent les cabinets de conseil qui doivent nourrir de gras associés.) (Article.)

Nouvelle énantiodromie ? Le conseil international a été le grand artisan de la "création de valeur" par réduction des coûts. Il en est maintenant victime ? 

dimanche 10 juillet 2016

Un général doit-il être jugé ?

Les dirigeants de France Télécom sont poursuivis, on fait un rapport sur la façon dont M.Blair a fait entrer en guerre l'Angleterre. Faut-il juger les généraux ? N'est-ce pas un risque de leur métier de faire des erreurs ? Et si on les condamne dès qu'ils en font, cela ne va-t-il pas décourager les vocations ? 

Les généraux athéniens étaient jugés, et parfois condamnés à mort. Ils étaient, aussi, élus. Pour ma part, je crois qu'un dirigeant doit être prêt à se faire juger. C'est dans sa description de job. Il doit être prêt à justifier ses décisions par rapport au système qui l'a placé à cette fonction. C'est pour cela qu'il est payé, me semble-t-il. Cela devrait apporter de l'intérêt au travail, même.

La flexibilité comme dogme

Je suis surpris. Je lis un livre d'il y a deux décennies. Il y est dit que la production doit devenir "flexible", un "centre de profit". Alors qu'elle est considérée comme un mal nécessaire.Aujourd'hui, la production est flexible. Mais on entend toujours ces arguments. Mais cette fois, ils sont appliqués à tout ce qu'il reste de ce qui semblait des coûts fixes : de la DRH à la gestion des sinistres. 

Ce qu'il y a de plus étrange, pour moi, c'est que cela fait exactement écho à ce que disait Hayek. Pour lui, le monde était en recomposition instantanée. La culture étudiée en anthropologie et la société n'existaient pas, elles se recréaient sans cesse. Lorsqu'il a dit cela, c'était faux. Mais sa prédiction semble avoir été auto réalisatrice. Je serais tenté de me demander s'il ne s'est pas fait la voix d'intérêts puissants. 

Son analyse avait inspirée à Mme Thatcher son fameux "there is no such thing as society". Je me demande s'ils n'avaient pas tous les deux tort. La flexibilisation de notre univers ne signifie pas la disparition de la société, mais, au contraire, le renouveau de l'interdépendance. Plus ça va, plus il va devenir difficile d'ignorer la pression sociale. Et le système qui se constitue n'est pas celui du marché, le chaos, qu'avait probablement en tête Hayek, car son principe pourrait être la solidarité.

samedi 9 juillet 2016

Rapport Chilcot

Au moment où l'on fait un procès aux dirigeants de France Télécom / Orange pour harcèlement moral, paraît un rapport Chilcot sur la façon dont l'Angleterre est entrée en guerre en Irak. Apparemment, on n'y apprend pas grand chose que l'on ne savait déjà. D'ailleurs, il arrive très tard, et on lui aurait caché la plupart des documents intéressants. (Notamment les échanges entre MM.Blair et Bush.)

Qu'en penser ? Peut-être qu'on avait oublié un peu vite qu'une décision a des conséquences, et que la société doit demander des comptes. C'est le principe de responsabilité : qui casse paie. 

Peut-être plus encore, ce que cette histoire nous enseigne est que ces dirigeants ont probablement cru avoir raison. Ils étaient tous les adeptes d'une même idéologie. Mais, elle n'a pas eu les résultats escomptés. C'est peut-être la pire peine qu'ils aient à subir : non seulement ils ont eu tort, mais le monde qu'ils espéraient n'est pas survenu.

Le coût du progrès

Qu'est-ce que le progrès ? C'est changer pour s'adapter aux conséquences d'une évolution désirée. Car aucune innovation n'est sans conséquence. La médecine, par exemple, crée la surpopulation, et tend à faire de nous des légumes immortels. C'est du fait du progrès que l'on doit se laver, aussi : notre environnement est devenu toxique. Mais il y a plus curieux. La société décide de qui est bon et qui est mal.  L'entrepreneur demande de "former" des employés ayant les capacités dont il a besoin. Et l'on considère que ceux qui ne peuvent pas acquérir ces conséquences n'ont pas le droit de vivre. L'intelligence artificielle veut liquider l'homme.

Il n'est pas impossible que ce que l'organisation sociale fait que celui qui est à l'origine du progrès n'en paie pas immédiatement les conséquences négatives. 

vendredi 8 juillet 2016

Harcèlement moral

D'anciens dirigeants de France Télécom, sont poursuivis pour harcèlement moral. Une première ? Il y a une loi : "Quiconque « harcèle autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail » est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende, dit l’article 222-33-2 du code pénal."

D'après ce qu'en dit Le Monde, les dits dirigeants avaient clairement expliqué qu'ils voulaient réduire de 20% les effectifs de la société. Et les traces qu'ils ont laissées semblent tout aussi clairement signifier qu'ils voulaient le faire par dégradation de leurs conditions de vie professionnelle. 

Ce qui est curieux, c'est qu'ils ne se soient pas demandé si, en dégradant les conditions de travail de leur société, ils n'allaient pas aussi dégrader sa performance. Il est vrai qu'à l'époque on disait que le changement, n'importe quel changement, était bon. Parce qu'il forçait à la remise en cause des routines.

Il n'y a pas de loi naturelle

On croit généralement qu'il existe des lois naturelles, comme la gravitation, et qu'elles nous contraignent sans que nous ayons notre mot à dire. Cette idée fut même la folie des Lumières. Des gens comme Condorcet qu'il existait quelque part la Vérité. Voilà comment mettre un terme à toutes les injustices. Si nous nous massacrions, c'est que nous étions des esprits obtus. Celui qui connaissait les dîtes lois pouvait massacrer en toute bonne conscience.

Mon billet précédent dit qu'il n'existe que des vérités approximatives. Il n'y a pas de loi naturelle. Les "lois" de la physique, elles-mêmes, ne sont que des comportements globaux, qui n'ont, au mieux, que des portées limitées. Elles sont vite submergées sous d'autres lois, qui émergent à chaque fois que la nature franchit un nouveau seuil de complexité.

jeudi 7 juillet 2016

Serpent américain ?

"Tout est possible en Amérique", dit un discours d'Obama. C'est ce que pense l'Américain. Je me demande si, depuis qu'elle a gagné la guerre, la soft power américaine n'a pas pour seul objet de nous pénétrer de cette idée. (Et si 68, et la déroute de De Gaulle, n'est pas une manifestation de sa réussite.)

Un monde sans entrave est bon pour l'économie. Je veux consommer de plus en plus, et donc produire de plus en plus. Paradoxe : vouloir gagner plus c'est devoir travailler plus. Refuser les limites, c'est devenir un esclave. Aliénation aurait dit Marx. Mais aliénation du grand nombre au profit de ceux qui tiennent les ficelles du dispositif.

Et c'est peut-être pour cela que les Limites à la croissance, le rapport du Club de Rome, ont été si mal reçu aux USA. Ses rédacteurs avaient frappé au principe même de la culture américaine. Et ce principe n'est pas la croissance, mais le fait que tout soit possible. Qu'il ne faille rien se refuser. 

(Un journaliste au porte-parole de George Bush : « Est-ce que le président pense que, vu le niveau de consommation d’énergie de l’Américain – très supérieur à celui des autres nations – est-ce que le président pense que nous devons modifier notre mode de vie ? » Réponse : « Absolument pas. Le président pense que c’est le mode de vie américain, et que la mission du gouvernement est de protéger le mode de vie américain. Le mode de vie américain est sacré. » Billet.)

Brexit et scénarios

Que fait-on face au Brexit ? Rien. Réaction usuelle en face de l'incertitude. Un moment pour relire quelques fondamentaux ?

Une question clé : ou peut aller l'Angleterre ? Y a-t-il des exemples, dans le passé, qui nous donnent une idée de la taille de l'événement que l'on doit attendre ?

Les exemples qui me viennent à l'esprit :
  • Economie de marché en Russie : effondrement. 
  • Rattachement de l'Allemagne de l'Est à l'Allemagne de l'Ouest. (Anti Brexit) Disparition de l'économie de l'Est. 
  • Ouverture de l'UE aux pays de l'est, à l'Espagne et au Portugal (Anti Brexit) : crise spéculative. 
  • Ouverture au marché de la Chine : succès (fragile)
  • Plan Marshal : succès, trente glorieuses.
On ne peut pas tirer grand chose de cela, d'autant que le Brexit semble ne pas avoir eu beaucoup de précédents, sinon que :
  1. Le statu quo a une chance quasi nulle de se maintenir. On aura probablement un changement de dimension. Soit un effondrement, soit un doublement.
  2. Les changements réussis semblent avoir été dirigés, encadrés (Plan Marshal, Chine) 
  3. Le moteur du succès tend à être externe (économie mondiale).

mercredi 6 juillet 2016

Qu'est-ce que la foi ?

Je ne suis pas d'accord avec Kierkegaard. Son œuvre est un plaidoyer pour la foi contre la raison desséchante de Hegel (père de l'intellectuel français moderne). Mais, pour lui, foi signifie croire en Dieu. 

Il me semble qu'il existe une autre définition de foi. La foi, selon moi, c'est, tout d'abord, être convaincu qu'il est impossible de savoir ce qui est impossible. Plus exactement rien n'est a priori impossible. L'impossible est une création de la raison. C'est croire, comme Hegel, Marx ou l'intellectuel français, que la raison peut déterminer l'avenir, que notre avenir est écrit quelque part. 

La foi c'est, aussi et surtout, une conviction qui vient de l'intérieur, et qui déplace les montagnes. La foi c'est, en quelque sorte, "qui veut peut", pour reprendre la formule d'un de nos grands esprits. 

Mais, on ne sait pas très bien où s'arrête la foi et où commence le totalitarisme. Le totalitarisme c'est croire que tout est possible, à la manière américaine. C'est probablement une foi institutionnalisée, formalisée, programmatique, enseignée... C'est une foi qui n'a que l'apparence de la foi, parce qu'elle est manipulée par la raison.

Miracle

Une petite fille est retrouvée au fond d'une piscine. Elle y a passé vingt minutes. La médecine la déclare morte. Les dommages sont irréparables. Les parents refusent ce diagnostic. Ils usent d'expédients juridiques pour éviter que l'on ne laisse mourir leur fille. Elle se réveille, mais elle est tétraplégique, sourde et aveugle, et fait des crises d’épilepsie toutes les vingt minutes. Mais ils s'acharnent. Ils trouvent, au fin fond de l'Amérique, quelqu'un qui leur dit qu'il existe peut être un moyen de rendre la vue à leur fille. Des décharges fréquentes et répétées de lumière à haute puissance. Après trois mois de ce traitement, l'oeil reprend vie, puis l'oreille. Aujourd'hui la petite fille voit, entend, marche et parle. 

Si l'on ne m'avait pas raconté son odyssée je ne me serais pas rendu compte qu'elle avait quoi que ce soit d'anormal.

Qu'en déduis-je ? Que si "tout est possible" est la recette du totalitarisme, que rien ne peut être dit impossible. Et que la science a tort d'affirmer. Je pense aussi que le corps a une capacité d'adaptation immense. Si une partie est détruite, le reste se recâble de manière non conventionnelle. C'est cella le changement.

mardi 5 juillet 2016

Catherine Robbe-Grillet

Catherine Robbe-Grillet ou le sado-masochisme comme un art. J'ai entendu quelques morceaux d'une interview par France Culture. 

Il en ressortait que ces pratiques correspondaient à un besoin d'une partie de la population. Et que certains les condamnaient par une forme de totalitarisme moral, qui prétend dicter à l'homme ce qu'il doit être. 

Ce terrorisme moral ne semble pas avoir réussi, ou avoir produit une forme d'énantiodromie. En effet, si l'on fait actuellement un tel succès aux livres sado-maso, c'est probablement qu'ils répondent à une aspiration insatisfaite, ou que les règles sociales nous rendent sado-maso. 

(Au passage, je note quelque chose d'étrange. Nos intellectuels louent Sade. Ils se reconnaissent dans sa révolte. Or, ils refusent les conséquences de celle-ci.)

L'immigration principe de la nation anglaise

Dimanche je recevais une alerte du FT disant :
George Osborne has revealed a five-point plan to galvanise a British economy reeling from last month’s Brexit vote, including aggressive tax cuts for business, support for bank lending and a new push for investment from China.
L'Angleterre a besoin d'un élan, disais-je. Et George Osborne veut le lui donner, me semble-t-il. Il le fait dans la continuité de ce qu'il a toujours fait : améliorer les conditions de vie des entreprises ; et faciliter l'investissement étranger. 

L'Angleterre ressemble à la Grèce d'après guerre du Péloponnèse. Le principe de ces nations est l'immigration. Celle des "entreprenants". On leur offre des conditions de travail sans équivalent. Et ce sang neuf permet aux oligarques locaux de conserver leur art de vivre. 

La City est l'exemple même de ce phénomène. C'est peut-être bien grâce à l'arrivée des Rothschild que l'Angleterre a pu défaire Napoléon, c'est Warburg qui fait de la City moribonde une plaque tournante de la finance mondiale, qui attire les talents internationaux.

lundi 4 juillet 2016

Innovateur et courbe d'adoption

La courbe d'adoption de l'innovation me semble une théorie qui fonctionne bien. (Explication.) L'innovateur y joue un rôle clé. C'est lui qui démarre le mécanisme d'adoption de la nouveauté. Pour comprendre qui il est, il faut d'abord savoir qui nous sommes. Prenons mon cas. Lorsque je vais sur un site web, qu'est-ce que je regarde ?

Est-ce que le site ressemble à ce qui se fait sur le web, ou est-il ringard ? Il vit, ou est-ce qu’il n’a pas bougé depuis un an ? Le CV des dirigeants : sont-ils impressionnants ? Actionnaires, chiffres d’affaires, références, interviews par médias importants, en dit-on du bien ? L’histoire : avantage concurrentiel unique ? etc. 

Je représente l'homme ordinaire. Il cherche à être rassuré. En BtoB la principale préoccupation du décideur est le risque. Et on fait diminuer la perception du risque par la taille de l’entreprise, les grosses références, les sociétés comme la mienne qui ont déjà acheté... C’est le succès qui rassure. Les psychologues parlent de « validation sociale » : vous achetez un produit parce que les autres l’ont choisi.

Et, maintenant « l’innovateur ». L’innovateur est quelqu’un qui, lui, mène sa propre enquête. Il a un problème, et il cherche à le résoudre. Alors que l’homme normal est rassuré par ce qui est ancien, lui est rassuré par ce qui est nouveau ! (L’envers de moi.) Et il est prêt à aller n’importe où pour le chercher. L’innovateur est presque un inventeur, il peut avoir essayé de bricoler la solution qu’il veut. Il a de grosses compétences techniques, et il veut des informations. Il est prêt à passer du temps dans son enquête. Il a aussi une grosse capacité de conviction. Une fois qu’il veut quelque-chose, il fait ce qu’il faut pour l’obtenir. Pour lui, il faut de la documentation technique, des témoignages pratiques, la possibilité de tester… 

Nous sommes des suiveurs, l'innovateur est un "leader", un meneur aurait-on dit jadis. 

Héroïque Titanic

Un fichier concernant les passagers du Titanic et comment ils se sont tirés du naufrage. (Voir "Titanic survivors" ici, en bas de page.)

Je me suis intéressé aux hommes pauvres et survivants et aux hommes riches et noyés. 

La première catégorie donne 6 enfants accompagnés (?) d'un seul parent. La seconde, des célibataires. Rapproché du fait qu'il y a eu beaucoup plus de morts chez les hommes que chez les femmes, en proportion, on peut penser que tout ceci s'explique par des mœurs chevaleresques : les femmes et les enfants d'abord. 

Autres temps... ?

dimanche 3 juillet 2016

Le remplacement des espèces

Les conditions que crée l'homme créent de nouvelles espèces animales. Par exemple, il y a un moustique du métro, qui ne peut vivre que dans le métro. Et cette création est extrêmement rapide. Et ces espèces tendent à éliminer les espèces naturelles. 

Herbert Simon opposait les sciences naturelles aux sciences de l'artificiel. Les premières étaient la science de ce qui existait sans l'homme, les secondes celles de l'action humaine. L'homme a créé un monde artificiel auquel la nature doit s'adapter. Mais ce changement n'est pas sans conséquences. 

(Le progrès est d'ailleurs probablement une course pour échapper aux conséquences de nos idées saugrenues. Mais ce qui ne tue pas renforce... Il y a peut-être un espoir.)

Rocard : plus grand mort que vivant

Depuis qu'il est mort, Michel Rocard fait l'unanimité. C'est peut-être pour cela qu'il n'a pas eu la carrière qu'il méritait : sa compétence était un danger universel. Conséquence paradoxale de l'ultra sélection : ce n'est pas le meilleur qui gagne, mais quelqu'un que l'on a cru inoffensif. (Hitler, par exemple.) 

Le plus curieux est que je n'ai jamais compris qui était Michel Rocard. Ce n'est que récemment que j'ai commencé à soupçonner qu'il était un des derniers héritiers du radicalisme, le mouvement de pensée qui est issu de la Révolution. 

(Au moins sera-t-il parti sur un succès :  il voulait le Brexit, et il l'a eu.)

L'intelligence artificielle tue

Tué par un bug. J'entendais dire hier qu'une Tesla en pilote automatique avait tué son passager. Problème de reconnaissance de forme. Le programme d'intelligence artificielle qui était aux commandes de la voiture n'a pas sur reconnaître une remorque blanche sur fond blanc. 

On tend à oublier à quel point l'homme est une créature sophistiquée. Il est curieux, d'ailleurs, que l'ordinateur ne cause pas plus de morts. Lorsque je programmais, on utilisait le nombre de bugs par millier de lignes comme unité de qualité. Un programme de voiture a des millions de lignes, donc des dizaines de milliers de bugs. Pourquoi l'homme n'a-t-il pas d'avantage sur la machine ? Peut-être parce que nous avons créé un monde pour la machine, et pas pour l'homme.

samedi 2 juillet 2016

L'Angleterre unit l'Europe ?

En stratégie on parle de "facteur clé de succès". Il est possible que l'Europe ait pensé que, face au schisme anglais, son facteur clé de succès était l'union. Elle semble avoir choisi d'insister sur ce que ses membres ont en commun, en évitant ce qui les divise, et de faire un exemple de l'Angleterre. (Libération.)

L'Europe, pour une fois, aurait-elle été à la hauteur de l'événement ?

Vivatech : l'important c'est de participer ?

Emmené par un ami, j'ai visité VivaTech. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Expérimentalement, j'ai déduit que de grandes sociétés invitaient une pépinière de start up. Ce qu'il y avait de curieux était que l'on se trouvait face à une forêt d'ordinateurs dans des petits boxes. Pas grand chose à voir. Et surtout un comportement pas du tout commercial : personne pour venir vous interpeler et vous parler de ses idées. Au contraire, pas mal de gens qui semblaient plus intéressés par l'écran de leur smart phone que par ce qui se passait autour d'eux. On se serait cru dans le métro. Pour eux, visiblement, l'important était de participer. Et aussi des conférences en mauvais anglais faites par des français devant un public français.

J'ai eu l'impression de beaucoup de projets anecdotiques et pas très murs et de gens, sympathiques pour ceux que j'ai rencontrés, manquant beaucoup d'expérience.

Politique en Angleterre : meurtres entre amis

Difficile de comprendre ce qui se passe en Angleterre. Notamment chez les conservateurs. Boris Johnson devait devenir premier ministre. Mais il est trahi par Michael Gove. Du coup, c'est Theresa May, qui n'a pas soutenu le Brexit, qui devient favorite. Et tout ceci vient après la trahison de David Cameron par MM.Johnson et Gove. Ils étaient de très proches amis. 

Dans ce monde étroit, où l'on fréquente les mêmes écoles depuis la maternelle, les conseils des épouses déterminent les comportements. Et aussi ceux de Ruppert Murdoch, ancien employeur de M.Gove, et dont les journaux ont remué le peuple pour qu'il demande à quitter l'Europe. M.Murdoch est australien.

Dans cette comédie, il n'est pas certain que l'intérêt général ait joué un grand rôle. L'ambition et la volonté de revanche sont des mobiles crédibles. 

Est-il surprenant que l'Angleterre ait inventé Shakespeare et Adam Smith, et sa glorification de l'égoïsme ? Le Brexit nous dira si vouloir faire le mal, individuellement, fait le bien collectif, comme le pensait Smith. Ou si le mal produit le mal, comme le dit la théorie des jeux.

(Sur ce sujet : Politico, The New York Times.)

vendredi 1 juillet 2016

Comment réussir dans les affaires ?

"Succeeding in business is all about making connections" Richard Branson.

Intéressante pensée, qui ne va pas de soi. On pourrait penser que les affaires sont affaire d'idées nouvelles, de talent. Si c'est une question "of making connections", être né dans, ou avoir accès à, la haute société est un avantage colossal. Mais si les relations priment sur l'innovation, le travail ou autre, il n'est pas certain qu'une société dont la nature serait les affaires serait extraordinairement durable.

Il faut savoir finir une grève ?

La grève Loi du travail semble devoir s'achever comme les dernières (Radio-France et Retraite) : par épuisement dans l'indifférence. 

Nos syndicats vont-ils tirer de leurs déboires la conclusion qu'il existe d'autres moyens d'agir que la grève ? Peut-être que, pour cela, il faut l'émergence d'une nouvelle génération de syndicalistes ?

Printemps anglais et Brexit ?

En écoutant la BBC, j'ai l'impression que les Anglais n'étaient pas préparés au Brexit. Ils baignent dans la plus complète incertitude. Il n'y a aucun groupement politique qui puisse, pour le moment, prendre la direction de la sortie. 

Cela rappelle une observation de Tocqueville sur la Révolution de 48 : le peuple pouvait gagner la Révolution, mais n'avait pas les moyens de gouverner le pays. C'est ce qui est arrivé avec les Printemps arabes. 

Leçon de démocratie : pour qu'il y ait vote, il faut un choix entre des équipes de gouvernement.