mercredi 2 décembre 2015

De la surdité du dirigeant

Pourquoi ne voit-il pas ce qui crève les yeux de tout le monde ? se demandait France Culture, ce matin, du dirigeant (politique). Réponse d'un psychologue : celui qui est dans une position inférieure (longtemps la femme) apprend à capter les signaux du supérieur. Cela ne marche pas en sens inverse. 

Séduisant. Mais est-ce juste ? Car les supérieurs ont été inférieurs un jour : pendant leurs études, puis durant leur ascension sociale. Même s'ils ont pu être parachutés à la tête d'une entreprise, ils ont dû faire les caprices de leurs propres petits chefs. Ce que j'ai observé chez les étudiants me fait pencher pour une autre explication : l'étudiant voit l'enseignant comme un pervers ; pour réussir, il faut satisfaire sa perversion ; donc, une fois au pouvoir, à Rome, fais comme les Romains : sois pervers. 

A vrai dire, je ne suis pas certain que le dirigeant soit un pervers (je ne connais pas les politiciens). J'ai observé que le dirigeant français peut faire un portrait psychologique étonnant d'acuité de ses collaborateurs. Cependant, il est empêtré dans ce qu'il croit être la bonne façon de commander : en dirigeant de droit divin. Mon prof de maths en math sup disait, face à un exercice qui le coinçait, "il y a quelque chose d'indécent à montrer sa pensée". Comme lui, le dirigeant n'a pas été préparé à se trouver face à des questions qu'il ne sait pas immédiatement résoudre. C'est l'image qu'il a de lui-même qui est en jeu.

(PS. J'ai retrouvé le texte de la chronique, le psychologue dont il est question ci-dessus est David Graeber.)

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