mardi 9 décembre 2014

Inconscient et changement : contre Freud

Freud dit que nous balançons ce qui nous déplaît dans notre inconscient. Pas d'accord :

Pour ma part, il me semble qu'il y a construction du conscient. Par nature, c'est l'inconscient qui pilote l'homme. Cependant, certaines choses "émergent" et deviennent conscientes. Elles font partie de notre "raison". Nous mettons des mots sur notre impression. L'évolution de l'enfant me semble suivre ce principe. Initialement, il est totalement inconscient, progressivement, la conscience apparaît. Et le phénomène est probablement continu, jusqu'à la mort. 

Quelles sont les raisons de la raison ? Je soupçonne que c'est notre incapacité de résoudre seuls nos problèmes. La raison permet d'en parler et de les traiter en groupe. Ce serait une forme de souffrance qui ferait émerger la raison. D'où ma contre-interprétation de Freud. Quand il souffre trop, l'homme ne rejette pas le conscient dans l'inconscient, mais il refuse à l'inconscient de devenir conscient. C'est le déni. 

Faut être inconscient pour changer ?
Cette théorie a des implications majeures en termes de changement. C'est parce que l'enfant est inconscient qu'il peut subir les chocs violents de son éducation. C'est ainsi que l'on souffre "a posteriori" de son éducation, alors qu'aujourd'hui on profite de ses bénéfices. Quant à celui dont les études ont été ratées, lui ne souffre pas : l'échec est demeuré inconscient. 

L'éducation est essentiellement une question de raison. (Rien de neuf là-dedans. C'est tout le programme des Lumières et de la France républicaine.) Par conséquent, couper une partie de la population de l'éducation permet de la maintenir dans l'inconscient (l'enfance) et de lui faire subir de mauvais traitements, sans qu'elle s'en rende compte. C'est ce que je retiens, en particulier, des travaux de JB.Fressoz : le peuple a fait les frais de la mise au point de la technologie moderne par des fous-furieux.

Qu'est-ce qui passe, et ne passe pas, le mur de la raison ?
Question finale : pourquoi y a-t-il parfois passage de l'inconscient au conscient, d'autres fois non ?
Cela pourrait résulter du théorème des anxiétés d'Edgar Schein. Le passage inconscient / conscient est caractérisé par une anxiété de survie élevée. Mais il peut être bloqué par une anxiété d'apprentissage tout aussi élevée. Autrement dit, on ne sait pas par quel bout prendre le problème. Ou, plus exactement, puisque le mécanisme de résolution est collectif, on ne sait pas à qui on peut demander de l'aide (de nous aider à résoudre notre problème). 

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