jeudi 31 octobre 2013

La Bérézina de l’écotaxe

Gouvernement, Bretons et écotaxe. Eu égard à l’orientation de ce blog, il serait logique qu’il déplore le manque de savoir-faire du gouvernement en termes de conduite du changement. Pourquoi a-t-il tenté un « changement dirigé », alors qu’il aurait dû employer un « changement planifié », i.e. un changement « démocratique » ? (Un rappel sur les techniques de conduite du changement.) Mais ma pensée m’amène ailleurs.
  • Notre président, comme son prédécesseur, était-il  préparé à sa tâche ? Jusque-là, n’avait-il pas pour préoccupation unique l'élection ? Ne réalise-t-il pas maintenant la légèreté du plan qu’il avait conçu pour gouverner ? Espérons qu’il va vite apprendre son nouveau métier ?
  • Cette affaire donne aussi la France en spectacle. Et que montre-t-elle ? Chacun y poursuit son intérêt personnel, sans aucun souci de l’intérêt collectif ? Ou même de la moindre cohérence idéologique ? Raison de la situation actuelle du pays ? À force de se nourrir sur la bête, on l'a épuisée ? Serait-il temps de changer de comportement ? (Où l'on voit que ce blog, décidément, ne peut causer que de changement ?)

Bénéfices de Twitter

Je me suis mis à Twitter. Une nouvelle fois Hervé Kabla en est la cause. J’ai lu dans un de ses livres qu’il était possible d’expédier automatiquement à Twitter les annonces de la parution des billets de mon blog. Autre motivation : donner un coup de pouce aux gens sympathiques.

Pour être honnête, tout ceci n’a pas grand intérêt car très peu de gens tweetent en France. Et, moi-même, je n’ai pas le temps de le faire.

Mais il y a quelque chose que je trouve vraiment bien. C’est de recevoir un message court de quelques institutions (principalement journaux) bien choisies. Je vois ainsi des informations intéressantes, en quelque sorte hors actualité, à côté desquelles je passerais sinon.

mercredi 30 octobre 2013

Redécouvrons les mérites de la bureaucratie ?

La bureaucratie c’est le mal. Voici ce que répétaient les textes que je devais lire à l’Insead. Et pourquoi je suis surpris de tomber sur un article qui dit le contraire. Et qui vient du blog de Harvard.

Le mal de la bureaucratie, selon ce billet ? La déresponsabilisation. Mais il est facile d’y remédier.
Ce qu’il y a d’étrange, quand on y réfléchit bien, c’est qu’après des décennies de lutte contre la bureaucratie, on a abouti à des entreprises hyper bureaucratiques. Pourquoi ?

Mes parents étaient des fonctionnaires. Le sens de l’appartenance et du devoir était leur caractéristique. Il en était de même pour beaucoup d'employés des entreprises d'après guerre. Car elles étaient toutes plus ou moins paternalistes. La lutte contre la bureaucratie a été une lutte contre ces humbles. Elle a conduit à les dégoûter de leur travail. Si bien qu’on en est arrivé à une organisation faite d’ordinateurs et d’exécutants. Une bureaucratie. 

mardi 29 octobre 2013

Critique de France Musique

Quelle interprétation de Vivaldi choisir ? J'écoutais les critiques de France culture débattre du sujet, dimanche soir. Ils semblaient d'accord entre eux. Et ils ont retenu l'interprétation la plus récente. A chaque fois que je les écoute, c'est le cas.

Du coup, je me suis demandé si cela ne venait pas de ce que leurs goûts évoluent avec ceux de la communauté des musiciens professionnels, dont ils semblent très proches.

L'auto asphyxie de Wikipedia ?

(Wikipedia) pourrait être incapable d’approcher beaucoup plus de son noble objectif de rassembler tout le savoir humain. La communauté Wikipedia a construit un système et des ressources qui sont sans précédents dans l’histoire humaine. Ils se sont révélés un concurrent de poids, peut-être même mortel, pour la façon habituelle de constituer des encyclopédies. Mais cette communauté a aussi construit des barrières qui découragent les nouveaux contributeurs, nécessaires pour finir le travail. Peut-être c’était trop demander à une foule d’Internautes qui ne se connaissaient pas de démocratiser totalement la connaissance. Le Wikipedia actuel, avec sa qualité médiocre et sa mauvaise représentativité de la diversité humaine, pourrait être la meilleure encyclopédie que nous n’aurons jamais. (Article.)
Wikipedia est une communauté auto-organisée. Tout dans le fonctionnement d’une telle société dépend de sa « constitution ». De ses règles constitutives. Apparemment, elles étaient mal conçues. L’édifice est condamné. Vice de constitution ? Ou vice d’Internet ? Les affaires humaines ont besoin de liens humains, et les réseaux sociaux ne peuvent s’y substituer totalement ? 

lundi 28 octobre 2013

Déficit de la Sécurité Sociale et téléphone

Une étude d'un cabinet de conseil explique que les technologies de l'information vont éliminer le déficit de la sécurité sociale. Les "applications" de nos téléphones portables pourraient réduire le coût des soins.

Il n'y a peut-être plus que les cabinets de conseil qui croient encore que les économies se fassent par miracle. 11,5md d'économie signifie 11,5md de pertes pour quelqu'un. Et la société étant fortement interdépendante, peut être même pour nous. Perdra-t-on d'un côté ce que l'on gagnera de l'autre ? Ces applications ne risquent-elles pas surtout de donner une excuse pour ne pas soigner ceux qui en ont le plus besoin, et le moins les moyens (après tout les technologies de l'information vont s'occuper d'eux) ?...

Un tel changement ne doit-il pas être parfaitement maîtrisé pour ne pas avoir d'effets pervers ?

dimanche 27 octobre 2013

Nouvelles du monde : toujours aussi sombres...

L’Europe est obsédée par la dette de ses Etats alors que c’est la dette de ses entreprises et de ses citoyens qui est dangereuse, dit The Economist. Pendant ce temps, l’entreprise américaine joue avec les lois (et avec le feu ?). Entreprise (américaine), comment ne pas payer d’impôts ? Un montage qui permet de distribuer ce que l'on gagne est de plus en plus utilisé. C’est une association qui ressemble à un fonds d’investissement. (Ou à une expédition pirate ?) Du coup, l’entreprise est totalement dépendante du marché. (Comment peut-elle procéder à des investissements à long terme dans ces conditions ?) L’édifice dépendrait d’une interprétation habile de la loi, du bon vouloir du législateur, et de réseaux relationnels. Et la finance, c’est un casino. Une de ses activités est le « spread betting » : parier sur les mouvements des actions, entre autres.

Le Canada et l’UE ont conclu un partenariat de libre échange qui devrait établir un précédent. Il libéralise ferme, notamment les services. Faut-il s’étonner, lorsqu’un événement aussi important pour nos vies est passé sous silence, que l’on puisse craindre la prise de l’UE par les extrémistes ? En tout cas, pour la combattre, The Economist encourage les gouvernements nationaux à défendre l’UE et à affronter les eurosceptiques. L’alternative, une UE politisée, serait contre-productive.

En Allemagne, grande coalition. 80% des voix à l’assemblée. De quoi changer la constitution. L’opposition, elle, ne pourra plus se faire entendre. En France, le chemin de croix de M.Hollande est sans fin. L’affaire Léonarda montrerait « les limites du compromis ». (Tournant ?) En Angleterre, le gouvernement veut décourager l’immigration en lui rendant la vie impossible. Aux USA, un développement informatique pourrait réussir là où les Républicains ont échoué. Abattre Obamacare. Car il dépend d’un site web, qui ne parvient pas à fonctionner. (Grand classique !) En revanche, lors des prochaines négociations concernant la dette de l’Etat, une partie des Républicains est prête au compromis. Puerta Rico pourrait faire faillite.

Nouvelles encourageantes ? La BCE teste la solidité des banques européennes. Jeu dangereux. Mais « le plan de la BCE va vraisemblablement renforcer la confiance dans les banques de la périphérie ». Les fonds de pension devraient investir dans les infrastructures de transport. Ce que ne peuvent plus faire les gouvernements. Mais trop risqué. Alors, créons une banque d’investissement nationale dont les fonds achèteraient les obligations.

M.Singh, premier ministre indien, est sur le départ. Ne pouvant agir à l’intérieur il semble s’être rabattu sur la politique extérieure. Partenariats locaux visant à contrebalancer les menées chinoises. Son successeur pourrait ne plus, même, avoir cette latitude… Confirmation, Vietnam = Chine, sans son élite éclairée. Quant au Laos, désertification, pauvreté, « kleptocratie », 30% des terres vendues aux étrangers… Et « un tiers du pays toujours contaminé par des munitions américaines qui n’ont pas explosé ». (Ce qui ne le prédispose pas à écouter les voix de la démocratie ?) Aidé notamment par Zodiac, le Mexique veut acquérir des compétences de sous-traitance aéronautique. Les éditions universitaires sont en déficit. Victimes de l’augmentation des prix des journaux scientifiques, qui diminue les ressources des bibliothèques. Pour vendre en Afrique, il faut être du coin. Au Bengladesh, les conditions de travail dans l'industrie textile sont toujours aussi mauvaises. Mais, baisse des prix et manque d’investissement font qu’on ne peut pas les améliorer.

Élever un enfant ? Mission impossible aux USA. Le gamin y est intraitable. Mais on vient de découvrir une contre-mesure. Il est totalement dépendant des jeux électroniques. Il suffit donc de leur faire dire ce qui est bon pour la santé. Pierre Omydiar d’eBay utilise son argent pour construire notre monde selon son goût. Biographie de M.Bush. Son mauvais génie fut M.Cheney. Mais, il est parvenu à s’en débarrasser en fin de mandat. (Je note que ce que j’avais cru comprendre à l’époque est assez près de cette analyse.)

Education par l'échec?

L'autre jour, j'entendais une interview du pianiste russe Daniil Trifonov, par France Musique. Il expliquait qu'à 5 ans, il était venu au piano par la composition. Il parlait de l'enfant qu'il était comme d'un adulte.

Je me suis demandé s'il n'y avait pas là une question culturelle. Sa famille l'a immédiatement considéré comme un génie. C'aurait été inconcevable en France. Nous pensons que l'enfant est un demeuré mental, auquel il faudra des décennies pour devenir responsable. Et encore.

Pas étonnant que nous consommons autant d'antidépresseurs? Nous subissons une éducation par l'échec? Je me suis interrogé.

samedi 26 octobre 2013

Les hommes politiques disjonctent ?

Même spectacle aux USA et en France. Pugilats entre hommes politiques. Je me demande si l’art premier du politique n’est pas la lutte fratricide. Et si, ayant été déserté par toute idée, il ne se ramène pas, en ce moment, à la seule chose qu’il sache faire. Le sociologue Robert Merton aurait appelé cela du « ritualisme ».

Qu'est-ce que l'accompagnement du changement?

Passer du comment au pourquoi, et aider l'opérationnel à construire un comment qu'il sait mettre en oeuvre. Voici comment je définis l'accompagnement du changement.

L'accompagnement du changement est rendu nécessaire par le type de conduite du changement pratiqué par l'entreprise. Il est dit "dirigé" ou de haut en bas. Du coup, faute d'information, il ne peut tenir compte de la complexité de l'entreprise. Ce qui conduit à ce que sa mise en oeuvre coince par endroits. Ce que l'on appelle "résistance au changement". Il faut donc mettre de l'huile dans les blocages, au cas par cas. (Le "cas" se manifestant souvent comme une crise plus ou moins grave, selon le temps que l'on a mis pour la détecter.)

vendredi 25 octobre 2013

Le gouvernement taxe l'épargnant

L'autre jour j'ai lu que le gouvernement avait décidé de taxer rétroactivement l'épargne. Notamment PEA et assurance vie. Visiblement, sa stratégie c'est l'imposition. Et l'imposition de quelqu'un qui ne peut pas se défendre. Le riche s'étant révélé trop fort, on est contraint de se rabattre sur celui qui n'a pas de pouvoir ? Le petit épargnant ? Celui qui investit dans l'économie (PEA), et qui constitue la retraite que ne pourra pas lui offrir l'Etat, en dépit de ses promesses (Assurance vie) ?

Mais cela semble tout de même suicidaire. Les gains attendus sont faibles (600m) au regard de l'ampleur du déficit public, et du mécontentement que cela peut susciter chez le petit électeur. Et surtout des dégâts que cela peut faire à la parole de l'Etat. Comme le répètent mes livres, honnêteté et compétence sont la loi de la communication. Le gouvernement fait coup double ? Ou bien illustre-t-il ce que je disais de ma voiture : elle est si cabossée que les chocs ne peuvent que l'arranger ?

Gouvernement aux abois ? Le plus terrible dans l'affaire est peut-être ce que cela révèle sur ceux qui l'entourent. Après tout notre haute administration est l'élite de l'élite. Et pourtant son encéphalogramme est plat. Sélection sur l'incapacité de penser ? Notre élite est-elle abrutie par son éducation ?...

Université et grande école

La première fois que j'ai rencontré des élèves d'HEC, c'était après une compétition sportive. J'ai été surpris par leur mise, recherchée. Et surtout par leurs propos : ils s'entretenaient de la santé de l'économie française et traitaient de haut ses dirigeants.

Je me demande si la différence entre les élèves des grandes écoles et des universités n'est pas essentiellement une question d'attitude. Les uns croient au sujet qu'ils apprennent, il correspond à quelque-chose d'important pour eux. Pour les autres c'est un mal nécessaire, qui a quelque-chose d'aléatoire, d'incompréhensible. Les premiers cherchent la gloire, avec le risque que cela signifie ; les autres n'ont pas confiance en eux et privilégient la sécurité.

Cela ressemble un peu à la classification de Martin Seligman. Grande école = optimisme. Université = "learned helplessness" (forme de dépression).

Je suppose que cette attitude est acquise, et renforcée par l'enseignement.

jeudi 24 octobre 2013

SIx chapeaux pour penser. La réflexion aussi, ça s’organise !



Une nouvelle technique de Jean-Jacques Auffret...

Vous avez peut-être, comme beaucoup de gens, le souvenir de vous être retrouvé face à une feuille blanche pour réfléchir à un problème nouveau et pas simple, sans bien savoir par quel bout prendre le sujet, avec toute sortes d’idées et de considérations diverses se bousculant dans votre tête.

Ou bien encore, pour passer du niveau individuel au niveau collectif, la mémoire cuisante de séances de brainstorming ou le côté storm l’emportait très nettement sur le côté brain…

En 1985, Edward de Bono a publié un petit livre intitulé Six Thinking Hats (Six Chapeaux pour Penser) qui propose une méthode simple et très efficace dans ce type de contexte. Cette méthode dit essentiellement deux choses:
  1. Elle dégage 6 aspects, 6 angles d’attaque de tout problème ou situation qui faut garder en tête si l’on a pour objectif de faire le tour complet d’une question,
  2. Elle préconise de travailler en série et non en parallèle. En d’autres termes, de concentrer sa pensée, individuelle ou collective, sur un seul de ces aspects à la fois.
Les six chapeaux sont une métaphore puissante de cette approche: chaque chapeau est associé à une couleur qui symbolise un des six angles d’attaque fondamentaux, et le fait qu’on ne peut pas porter deux chapeaux à la fois nous rappelle qu’il faut se focaliser tour à tour sur chacun d’entre eux.

Mais quels sont ces six chapeaux ?

Le chapeau blanc est le chapeau des faits. Quelqu’un qui demande “Que nous a dit exactement le client à propos de cette crise ?” coiffe ce chapeau. Il nous sert à ne pas mélanger les aspects objectifs d’un problème avec, par exemple, des aspects émotionnels.

Le chapeau rouge est lui justement le chapeau des émotions. “Permettez-moi de mettre mon chapeau rouge pour exprimer mon agacement. Cela fait des mois que nous remontons ce type de problème à la R&D, qui ne veut pas en entendre parler…” Le chapeau rouge nous rappelle que les émotions sont une partie essentielle d’une dynamique de groupe ou d’une prise de décision individuelle, mais qu’elle ne peuvent pleinement jouer leur rôle que si elles sont déclarées comme telles.

Le chapeau jaune est le chapeau qui traite des aspects positifs de la situation. “Nous avons déjà vécu ce genre de crise sans en mourir, et c’est même ce qui à chaque fois nous a fait dépasser le statu quo pour passer à un stade supérieur de maturité. Cette crise est donc aussi une bonne nouvelle, en ce sens !”

Le chapeau noir est le chapeau opposé qui va se focaliser sur les aspects négatifs. “Les choses ont cependant changé depuis, avec l’arrivée des réseaux sociaux. Nous allons devoir non seulement régler la crise avec notre client, mais aussi éviter que notre image ne soit ternie par un ‘buzz’ incontrôlé.”

Le chapeau vert est le chapeau de la créativité. “Sous la protection du chapeau vert, j’aimerais suggérer que nous utilisions justement les réseaux sociaux de manière proactive à notre avantage. Pourquoi ne pas utiliser notre compte twitter pour exposer publiquement en signe de transparence et de modernité à la fois notre problème, nos initiatives et nos progrès via un hashtag dédié à la situation ?”

Le chapeau bleu, enfin, est le chapeau du contrôle. C’est lui est chargé de contrôler l’usage des autres chapeaux, de se donner une méthode de travail. “Très bien. Je vais vous demander à tous maintenant, du fond de mon chapeau bleu, de vous exprimer tour à tour avec votre couvre-chef rouge pour exprimer les émotions sincères que vous éprouvez en ce moment face à cette situation. Une fois cela purgé, nous pourrons continuer à travailler plus sereinement.”

Il n’y a pas de façon pré-déterminée de travailler avec ces chapeaux, on peut les utiliser à sa guise. Mais ils ont le grand mérite de proposer une catégorisation des aspects d’une situation à laquelle ce que l’on dit se rapporte. Sachant quel chapeau porte celle qui s’exprime, on comprend mieux ce qu’elle dit, et on accepte aussi mieux que ce qui est dit ne représente probablement pas l’intégralité de ce qu’elle pense de la situation.

Les chapeaux sont encore plus puissants lorsque l’on s’oblige, seul ou en groupe, à penser pendant un moment suivant l’axe d’un seul d’entre eux. On échappe alors à la force destructrice du “Oui, mais…”, qui est dans nos sociétés occidentales un véritable serial killer d’idées naissantes.

Une dernière remarque que je fais coiffé de blanc : un résumé complet du livre “6 thinking hats” est disponible sur simple demande auprès de l’auteur. Sortez couverts !

Bolloré, entrepreneur véritable ?

Les batteries de Bolloré m'ont fait changer d'avis. A vrai dire, je ne pensais pas grand chose de Vincent Bolloré. Un gestionnaire de fonds familial quelque peu activiste ? Mais très français ? Voilà qu'arrivent les batteries. Leur histoire ressemble à celle que l'on raconte sur tout entrepreneur digne de ce nom. Il part d'un savoir faire existant. Il adopte une option contraire à celle du marché. Il prend des risques énormes. Et cela réussit:
En 2006, à la grande surprise des experts, il présente une batterie qui tolère un nombre de charges et de décharges successives supérieur à toutes celles sur le marché. Et de plus, elle reste froide, ce qui évite les risques d'incendie. Il ne reste plus qu'à la rentabiliser.
Ce n'est pas gagné, bien sûr. Mais les augures sont bons. Et les gros succès vont généralement avec les gros risques.

La France compterait-elle encore quelques vrais entrepreneurs ?

mercredi 23 octobre 2013

La logique du politique

La caractéristique de la gauche est d'être faite d'individualistes qui se haïssent. La droite cherche donc des sujets qui provoquent, à gauche, une guerre fratricide. Il les emprunte au FN.

C'est ce que j'ai cru comprendre d'une analyse de France Culture, ce matin. Bref, nos partis politiques sont paralysés. La seule chose qui leur reste quand ils n'ont pas d'idées, c'est leur volonté de nuisance.

Inflation sans inflation

Depuis l’élimination de l’étalon or, il y a eu une croissance monstre de la masse monétaire. Sachant qu’il y a quasiment toujours la même quantité de choses à acheter, pourquoi leur prix n’a pas cru massivement ? C’est une question que se posent les économistes. Je me demande s’il n’y a pas eu une sorte d’inflation virtuelle.
  • La portion des CSP- parmi les élèves des grandes écoles est passée de 43% (65-69) à 18% (90–99). Des enfants qui, hier, auraient accédé à des postes importants, ne le peuvent plus. Leur avenir a été « dévalué ». « Pour la première fois en période de paix, la génération qui précède ne laisse pas aux suivantes un monde meilleur à l’entrée de la vie » (Chauvel, Louis, générations sociales perspective de vie et soutenabilité du régime de protection sociale in La France en mutation, 1980 – 2005, Presses de la fondation nationale des Sciences politiques, 2006).
  • Beaucoup d’entreprises sont à peine rentables. Beaucoup d’hommes vivent difficilement. Il suffirait que l’Etat réduise son aide, ses subventions ou ses commandes, pour qu’ils connaissent la faillite ou le dénuement. Nous sommes en sursis d’un appauvrissement massif.
Voilà qui démontre le génie du discours néoconservateur. Il affirme que le faible vit dans la paresse, grâce aux subventions de l’Etat. Or, le faible est juste à flots. Car tout ce que l’Etat lui donne est récupéré par le « fort ». C’est le fort (le néoconservateur) qui est nourri par l’Etat. Plus le pauvre est pauvre, plus il doit être aidé, plus le riche s'enrichit. Plus l'Etat s'endette. Voici le mécanisme de la spéculation : inventer un discours qui permet de s'enrichir aux dépens de la crédulité générale.

mardi 22 octobre 2013

François et Léonarda

Hier, j'entendais critiquer François Hollande pour son traitement de l'affaire Léonarda. Je me suis demandé si, au contraire, il n'avait pas bien joué. En effet que serait-il arrivé s'il avait fait autrement ? Je pensais qu'il laisserait pourrir l'événement. Mais ce n'était probablement pas possible. Et, s'il avait pris une autre décision, il serait tombé aux mains de tel ou tel camp, alors qu'il doit conserver l'équilibre. Et si, parfois, il était de bonne politique de se mettre tout le monde à dos ?

Sommes-nous murés dans nos certitudes ?

Une présentation de mon expérience à un échantillon de notre "élite" nationale. Les participants me disent (poliment) qu’ils sont fermement opposés à mes propos. Mais, en creusant, lors du déjeuner qui suit, nous découvrons que nous sommes d'accord. En fait, ils ont interprété mes paroles, sans se demander si leur interprétation était correcte

Il y a beaucoup de choses qui sont liées à ce phénomène ou qu’il peut expliquer. 
  • Comment se fait-il que mes missions ou mes conférences ne rencontrent aucune difficulté alors que mes livres ne sont pas compris, sauf d’universitaires ? 
  • C’est aussi le problème, fondamental du jugement. C’est ce problème sur lequel travaillait Hannah Arendt quand elle est morte. Elle avait conclu de ses études sur le totalitarisme qu’il ne pouvait s’installer que parce que les leaders de la cité, les intellectuels, compromettaient leurs idéaux selon la logique du "moindre mal", c'est-à-dire en absorbant progressivement l’idéologie totalitaire au nom du pragmatisme. Le contre poison ? La démocratie. Un débat entre égaux. Mais des égaux qui sont devenus des hommes parce qu’ils se sont dégagés des contingences matérielles. En particulier, ils ont appris à juger par eux-mêmes (i.e. à se dégager du diktat des exigences physiologiques).
Et si elle avait vu juste ? Et si le problème de notre époque était d'apprendre à juger ? Mais comment y parvenir ?

Il semblerait qu’une partie au moins de la solution ait été trouvée par les Grecs.
  • La première étape est « l’absurde ». L’absurde est ce qui arrive lorsque l’on se rend compte que ce à quoi l’on croyait est faux. (Par exemple les syndicalistes ne sont pas des démons, l’entreprise n’est pas le mal...)
  • On parvient alors à la « vérité » par le dialogue (la dialectique).
  • En outre, on sait que l’on est arrivé à quelque chose de solide, lorsque l’on en est si convaincu que l’on pourrait, figurativement ?, mourir pour lui. Socrate semble avoir dit qu’il était un "accoucheur" parce que, à son époque, l’accoucheur mettait l’enfant dans l’eau froide pour tester sa résistance. (D’ailleurs, lui-même a accouché de Xénophon, Aristote et Platon, qui avaient des théories diamétralement opposées. Ce qui me laisse penser qu’il cherchait plus à construire des hommes qu' à imposer son idéologie.)

lundi 21 octobre 2013

Faut-il rééduquer les consultants ?

Il faut appliquer la méthode Mao au consultant. Il faut le rééduquer. Il reprendre un vrai travail. Alors, il verra que ses conseils ne marchent pas. D’ailleurs, il n’est plus dans le coup. Voici ce que dit un consultant, qui est revenu aux champs. Je me suis interrogé sur mon cas.

Cet homme a raison. A chaque fois que j’ai appliqué ce qu’il y avait dans un livre de management, j’ai fait flop. Mais l’enseignement a été utile. C’est en cherchant à me tirer de ce mauvais pas que j’ai compris la réelle signification du livre.

Mais, suis-je un consultant ? Je ne donne pas de leçons. Je ne suis pas un positiviste qui pense qu’il n’y a qu’une seule bonne façon de faire. Je suis une sorte de catalyseur. Les situations que je rencontre ressemblent à des embouteillages. Je dois aider les automobilistes à trouver un « truc » qu’ils sauront appliquer. Il doit permettre de rétablir un trafic fluide. Pour en revenir à Mao, je ne suis pas un intellectuel. Je suis un paysan dont la spécialité n’est utile qu’à certains moments. Si je ne perds pas la main, c’est que je pratique sans cesse. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risque d’obsolescence. Attention aux problèmes répétitifs. 

Changement et systémique

Que signifie changement ? Comme on va le voir, sans bonne définition, il ne peut pas y avoir de changement.

Ma définition de changement a beau être scientifique, elle ne correspond pas aux préoccupations du citoyen. En effet, du fait de mon métier, je m’intéresse aux transformations des processus de travail collectifs. Or, le citoyen se sent surtout concerné par ses changements individuels.

En réalité, les deux obéissent aux mêmes mécanismes. Ce qui complique la discussion est qu’il existe, comme souvent, deux types de changements. Et que celui que l’on a en tête n’est pas celui qui compte.
  • Le changement que l’on a en tête est un changement permanent et naturel. Il est inhérent à la vie. C’est l’apprentissage, le vieillissement, le renouvellement des élèves d’une école, des clients ou des produits d’une entreprise, du flot d’un cours d’eau, ou encore les tremblements de terre… On a peu de pouvoir sur ce changement. Je peux m’entraîner autant que je voudrai, jamais je ne courrai le marathon en moins de x heures. Je suis limité par mon potentiel. (Et que dire de mon pouvoir sur les fleuves, les épidémies et les tremblements de terre ?)
  • Le second type de changement est un changement de cap. Un genre de virement de bord sur un voilier. Il est brutal et fait passer, en quelque sorte, d’un monde à un autre. C’est lui qui m’intéresse. Parce qu’il est volontaire. Mais il a une particularité. Il obéit à des lois. Et elles ne sont pas « évidentes ». Voir encadré:
L’exemple le plus simple peut-être de ces lois contrintuitives concerne l’automobiliste. Imaginons qu’il dépasse l’endroit où il voulait s’arrêter. Il en est distant de 50m et pourtant il va devoir faire une boucle qui lui demandera 10 minutes. Il est contraint par la route et par son code. Il en est de même pour un tennisman. Supposons que sa faiblesse soit son coup droit. Il peut essayer de le renforcer. Mais il y a peu de chances qu’il fasse vite des progrès, ou qu’ils soient décisifs. Une meilleure tactique est de jouer sur ses forces. Par exemple, en utilisant son revers (s’il est efficace). Idem pour l’entreprise. Si elle est dépassée par l’innovation d’un concurrent, il est probable qu’elle aura plus à gagner à employer son savoir-faire dans un secteur nouveau, qu’à chercher à combler son handicap.

Tout ceci a un nom : le système. C’est parce que l’homme ou la société sont des « systèmes » qu’ils peuvent changer brutalement. Cependant, ils ne peuvent le faire qu’en suivant les règles que leur impose le système. C’est ce qui rend le changement compliqué.

Mais tout ceci n’a pas qu’un intérêt académique. Récemment, on s’est trompé de définition de changement. On a cru qu’il fallait encourager le premier type de changement. C'était le « changement pour le changement ». C'est-à-dire casser les systèmes sociaux. Mais cela ne peut que produire le chaos. Un processus que l'homme ne contrôle pas.

L’innovation est-elle un changement non systémique ?
Pour Schumpeter, le changement est au cœur du capitalisme. Ce changement vient de l’entrepreneur. Et il combine des ressources existantes. Le changement capitaliste est un changement systémique. (SCHUMPETER, Joseph A., The Theory of Economic Development: An Inquiry into Profits, Capital, Credit, Interest, and the Business Cycle, Transaction Publishers, 1982.)

dimanche 20 octobre 2013

La rigueur scientifique, dernière victime en date des théories libérales

Pourquoi la science déraille-t-elle ? se demande The Economist. La plupart des publications scientifiques ne résistent pas au réexamen. Apparemment, c’est le résultat de la culture du management par objectif, et de son corollaire : la publication à tout prix. (Nouvelle conséquence imprévue des théories libérales ?)

La popularité de M.Hollande sombre. Mais l’estime nationale lui est indifférente. Il croit aux « cycles historiques ». Pas besoin d’agir, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. L’Irlande rembourse ses dettes mais se retrouve fauchée. L’Italie masque ses subventions à Alitalia. L’Allemagne se détourne de l’Eglise Catholique. (Qui est une sorte de service public avec ses propres sources de revenus.) En Russie, M.Navalny, candidat de The Economist, se révèle plus nationaliste que M.Poutine. En Inde, les milieux d’affaires s’enflamment pour un nationaliste qui sent le soufre. (Il n’y a pas que le peuple qui aime les extrêmes ?) L’Angleterre tend les bras aux banques chinoises. Elle leur permet d’ouvrir chez elles des succursales plutôt que des filiales. Histoire de leur éviter la réglementation anglaise (et européenne ?). L’Europe cherche à stopper le flot de subventions qui partent vers les petits aéroports. Et qui sont reversées aux compagnies à bas coût. Beaucoup de ces aéroports pourraient fermer. 

Rien de nouveau en Iran, toujours aussi amical vis-à-vis des USA, et en Egypte, toujours décidée à retourner à l’ancien régime. Les rebelles syriens s’en prennent aux journalistes. Ce qui est bien pour l’image de M.Assad. Mexique sans foi ni loi ? Plus de 100.000 enlèvements. L’Etat ne fait rien. Le président du Venezuela se comporte de plus en plus en dictateur (fou ?). Aux USA, guerre de tranchée entre Républicains et Démocrates. Ces derniers ont repoussé l’offensive des premiers. Mais le front n’a pas bougé. Cependant, les élus républicains ne sont pas tous des demeurés. The Economist a déniché deux exceptions à la règle. Le gouvernement japonais veut durcir ses lois concernant la divulgation de secrets d’Etat. Mais cela va contre la culture nationale. Le Vietnam ressemble à la Chine, en plus glauque. Va-t-il réformer son capitalisme d’Etat ? En Birmanie, le parti de Mme Suu Kyi pourrait prendre le pouvoir, mais y est totalement impréparé. Au Brésil le gouvernement semble avoir vécu de la planche à billet. « La dette publique croit. Les banques prennent une part grandissante du marché du crédit. Et le gouvernement tord les règles comptables pour cacher tout ceci. » Comment cela va-t-il se terminer ?

Décidément, il n’y a pas de limite à la spéculation. Ce coup ci, elle porte sur les dettes d’entreprise. Les marchés sont ils imprévisibles ? M.Fama dit oui, M.Shiller, non. On leur donne le Nobel.

Les taxis, dernier secteur en date à être attaqué par Internet. Applications mobiles permettant de les appeler. Qu’est-ce que ça va donner ? Le câble USB deviendrait un système d’alimentation universel. Ce qui remettrait en piste le courant continu, en ce qui concerne l’alimentation de la maison et du bureau. L’avantage viendrait de ce que le câble transporte aussi des données. Cela en fait l’allié naturel des « smart grids ». Avec tout ce que cela signifie d’économie.

Afin d’essayer de retrouver un peu du talent de M.Jobs, Apple recrute des gens qui ont du goût.

Comment résoudre les problèmes du monde ? L’Oxford Martin Commission en appelle, en quelque sorte, aux organisations de bonne volonté. L’idée est de sortir de la paralysie des Etats pour constituer des coalitions d’institutions privées et publiques. Et d'attaquer sans attendre les questions importantes. 

Science. Il se pourrait qu’il n’y ait pas eu plusieurs types d’humains primitifs. Mais un seul, hautement variable. Une technique pour combattre le sida. Faire éclater le virus, dont le principe serait d’être sous pression. 

Le protestantisme expliqué ?

Tout le monde se plaint des journalistes. Ne sont-ils pas, un peu, des imposteurs ? D'abord par rapport à leurs prédécesseurs, les Camus, Zola, Albert Londres, etc. Aussi par rapport au journalisme étranger d'investigation. Et encore par rapport aux jeunes à qui ils bouchent le passage, et qui semblent beaucoup plus compétents et diplômés qu'eux.

A écouter ces discussions, j'ai eu une des idées bizarres qui me caractérisent. Et si l'on avait ici une explication du protestantisme ? Ou, du moins, d'une de ses formes. En effet, mettez-vous à la place du journaliste tel qu'on le décrit. Vous n'avez aucune des qualités requises par la société pour occuper votre poste, et pourtant vous y êtes. Et les méritants crèvent de faim. Seule explication logique : Dieu vous aime. Beaucoup de films américains anciens disent cela. Ils montrent une société européenne compliquée. Et, à côté, un petit bonhomme qui n'a pas beaucoup plus qu'un bon sens très limité, mais qui réussit magnifiquement.

Cette hypothèse a quelque chose de fascinant. En effet, elle signifie que plus la répartition des rôles se fait de manière erronée, plus leurs titulaires se croient bénis. Heureux les simples d'esprit !

samedi 19 octobre 2013

Comment se faire aimer ?

Que dit-on de bien du contrôleur de gestion ? Qu'en dit-on de mal ? Voilà ce que je demande à des contrôleurs de gestion. On me répond, en résumé, un coéquipier professionnel et rigoureux et un (petit) comptable / flic / délateur. Curieusement, à y bien regarder, en croyant être un coéquipier professionnel et rigoureux, on peut paraître un comptable / flic / délateur. C'est l'intérêt de l'exercice.

Ce qu'il signifie est que ce qui compte n'est pas ce que l'on pense être, mais ce que l'autre perçoit. Et ce qu'il perçoit dépend de son expérience. L'homme est comme certains biens de consommation, on ne peut s'en faire une idée que lorsqu'on l'a goûté.

En conséquence de quoi, je soupçonne que, pour se faire apprécier, il faut :
  • connaître les goûts de l'organisation (i.e. les règles culturelles qui lui permettent de décoder les comportements). Et y inscrire son action, sans renoncer à ses principes. 
  • démontrer ses compétences par son action. Rien n'est dû. 
C'est ainsi, peut-être, que l'on peut acquérir ce que certaines personnes appellent la "légitimité", c'est-à-dire la reconnaissance par l'organisation que nous lui sommes utiles, et que notre action n'est pas nuisible. Donc que nous pouvons agir comme bon nous semble.

vendredi 18 octobre 2013

Manuel Valls démission?

Les lycéens sont dans la rue. Ils veulent la tête de Manuel Valls. C'est ce que disait la radio ce matin.

Il n'y a pas de manifestation sans organisation. Je soupçonne que Manuel Valls représente un courant haï par une partie de la gauche. C'est celui de Clémenceau. En conséquence, ce qui se joue est une tentative d'éviction d'une partie de la gauche, par l'autre.

Je me demande s'il ne serait pas dans l'intérêt de M.Valls de partir. Il a l'opinion pour lui. Et l'exercice du pouvoir est rarement bon pour une popularité.
Qu'en résulterait-il ? Un gouvernement qui redeviendrait le PS des origines - révolutionnaire et collectiviste ? Reconstitution de l'ex mouvement radical : Valls, Bayrou, Borloo ? Retour à la troisième République ? Mais comment éviter, cette fois, que le centre ne se fracture ?

Mais M.Hollande est trop habile pour laisser se faire cette dislocation. Depuis Jaurès, la force des dirigeants socialistes a  été de dominer un mouvement schizophrène.

Faut-il brûler les start up ?

Plusieurs choses me frappent à la lecture de The Economist :
  • En Angleterre et aux USA, au moins, les "start up" ne parviennent pas à recruter les gens dont elles ont besoin. Les universités ne les forment pas. Elles en appellent à l'immigration. 
  • Internet conduirait à une destruction de la productivité nationale. Notamment parce qu'Internet désorganise le travail de l'entreprise (l'employé est en permanence au travail), et qu'il permet la création d'une classe de prolétaires (auto entrepreneurs) à très faible efficacité. De surcroît les articles se multiplient concernant les méfaits des réseaux sociaux. 
Dans ces conditions ces start up (dont le métier est l'informatique) sont-elles utiles à la société ? Ne devrions-nous pas encourager un entrepreneuriat d'un autre type, qui vise des besoins non virtuels, et qui emploie des gens normaux ?

jeudi 17 octobre 2013

Vos tâches de priorité 2 sont les plus importantes !

Le sage Jean-Jacques Auffret nous dit : La façon de donner une priorité à vos tâches peut faire une différence et il poursuit ainsi :

En général, tout le monde comprend assez intuitivement qu’un bon moyen d’atteindre des résultats dans la vie consiste à se fixer des objectifs à moyen terme (le trimestre, l’année…), car comme disait déjà Sénèque il y a un petit moment : « Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va. »

Cependant, là où cela se complique, c’est qu’il est difficile d’atteindre ses objectifs à un an si on ne progresse pas dans leur direction un peu chaque mois, et donc chaque semaine, et donc chaque jour. Or qui n’a jamais vécu l’expérience décourageante de contempler le soir avec tristesse la splendide « to-do list » élaborée dans l’enthousiasme le matin même, quasiment intacte ?

Un bon système de priorités peut nous aider à progresser dans cette direction. Nous mettons tous plus ou moins intuitivement des priorités sur les choses que nous avons à faire, mais souvent sans vraiment réfléchir à la raison réelle qui nous fait mettre telle tâche en « P1 » et telle autre en « P3 », s’en remettant à notre « bon sens ». Voici une proposition visant à clarifier et à utiliser de manière plus efficace cette notion de priorité.

Classer les tâches

Commençons par classer toutes nos tâches du jour en trois catégories :

Catégorie 1 : tâches visant à se mettre hors de danger - il s’agit des choses qui, si elles ne sont pas faites aujourd’hui, nous créerons un problème que nous jugeons indésirable. Par exemple : « poster mon paiement de tiers provisionnel avant ce soir minuit ». Appelons cette catégorie « [faire] sinon… ».

Catégorie 2 : tâches contribuant à atteindre nos objectifs à moyen terme – il s’agit des choses qui peuvent souffrir sans véritable dommage immédiat de ne pas être faites aujourd’hui, mais qui, si elles sont réalisées, nous font progresser en direction de nos objectifs. Exemple : « Faire une heure de sport, en accord avec mes bonnes résolutions de la rentrée ». C’est la catégorie « [faire] pour… ».

Catégorie 3 : tâches de prévention– il s’agit de choses qui, si elles sont faites aujourd’hui, éviteront l’apparition de tâches de catégorie 1 (« sinon ») de coût supérieur (en temps, en difficulté, en stress…) dans le futur. Exemple : « Appeler Michel qui semble avoir mal pris mon dernier email, pour dissiper le malentendu ». On peut appeler cette catégorie « [faire] pour ne pas… ».

Ordonnancer les tâches

Les numéros de ces catégories renvoient bien sûr à leur ordre d’exécution, avec la logique suivante :
  1. Se mettre tout d’abord hors de danger, ce qui crée une tranquillité d’esprit qui permet de 
  2. Se mettre ensuite pleinement à l’ouvrage sur ses objectifs véritables, sans oublier de laisser un peu de place pour 
  3. Faire en sorte que dans les prochains jours également on puisse se consacrer à autre chose qu’à se mettre hors de danger.
On voit donc que les tâches P1 et P3 agissent comme une sorte d’enveloppe protectrice des tâches P2, et que de leur bon équilibre dépend à la fois la quantité et la qualité du temps que l’on pourra consacrer à ses véritables buts.

Vers le bon équilibre

Analyser sa liste des tâches accomplies dans la journée en termes de catégories « sinon… », « pour… » et « pour ne pas… » donne une idée assez précise du niveau de contrôle que l’on a sur les choses à un moment donné. Si une personne constate ainsi qu’elle se mobilise à 100% tous les jours sur des items de type « sinon… », elle pourra commencer la bataille de la reconquête du contrôle de sa vie en se donnant de buts raisonnables comme par exemple : au moins une action de type « pour… » et une autres de type « pour ne pas… » par jour.

Faut-il sous-traiter son système d'information ?

Il y a quelques années un de mes clients se demandait pourquoi l'une de ses usines, en zone "high cost", était beaucoup plus performante que ses autres usines, dont beaucoup étaient "low cost". Réponse inattendue. Ce n'était pas une usine, mais un système d'information de gestion de sa propre sous-traitance. Elle avait un mode de management de cette sous-traitance "à la japonaise", qui était extrêmement efficace.

Très souvent, j'ai constaté que les systèmes d'information étaient une grosse partie de l'avantage concurrentiel d'une entreprise. Quand je parle de système d'information, je ne parle pas de matériel. Mais de l'architecture de la gestion de données. Dans l'exemple ci-dessus, il s'agissait de l'algorithme d'allocation de la charge de travail en fonction de la demande du marché, d'une part, et de la charge des sous-traitants, de l'autre.

Beaucoup d'entreprises me semblent être passées à côté de cette idée. Elles ont pensé qu'un système d'information était une question de technique. Elles ont employé des sous-traitants informatiques. Les sous-traitants, en possession d'un actif clé, ont exploité leur monopole, et ont laissé leur compétence se dégrader. En conséquence de quoi, je ne suis pas sûr que l'on puisse avoir une bien plus grande confiance en une SSII qu'en un artisan.

Je reconnais que reconstituer ce savoir faire interne de conception de SI est compliqué. Il faut trouver des gens compétents qui comprennent à la fois les enjeux de l'entreprise et ceux de la technique. Or, les personnes qui avaient ces capacités sont souvent devenues des banquiers. En outre, je ne suis pas sûr que l'ingénierie informatique ait beaucoup progressé depuis ma jeunesse.

mercredi 16 octobre 2013

De l'illusion de l'égalité des sexes aux USA

Deux camions, face à face, roulent à pleine vitesse sur une route trop étroite pour eux deux. Que faire ? J'ai posé cette question à mes élèves. Accélérer, m'a dit une étudiante marocaine. Ce qui est effectivement une bonne solution. Dans un conflit, il faut se couper toute option. L'autre sait ce qu'il lui reste à faire. Partir dans le fossé.

Voilà ce qui se joue aux USA. Les Républicains veulent arrêter les projets de M.Obama. Et celui-ci leur répond qu'il n'a pas peur de la grande dépression. Voici une nation où être un homme a encore une signification.

Je suis unique

68. La Rolls du patron de presse Jean Prouvost s'arrête au bord d'un étang. Un homme, en cuissardes, est en train de le nettoyer. Jean Prouvost lui demande de monter dans sa voiture. L'autre proteste qu'il va salir les sièges. "Ils nettoieront" lui est-il répondu. Et l'homme de l'étang poursuit un périple qui l'amènera à traverser les tapis du château de M.Prouvost.

Pourquoi cette histoire (qui m'a été racontée par l'homme de l'étang) me revient-elle en tête ? Parce que c'est comme cela que nous menons le changement. Le dirigeant décide. L'organisation est là pour faire que ses décisions réussissent. Et c'est aussi parce que je ne pense pas comme cela, que je suis un consultant unique. C'est du moins ce que m'a dit un étudiant. Il enquêtait sur le conseil en conduite du changement. Il n'est fait que de nettoyeurs de tapis, m'a-t-il dit.

mardi 15 octobre 2013

Le retour de l'éducation manuelle ?

Nous ne savons plus rien faire de nos dix doigts. L'informatique est en cause. C'est ennuyeux parce que le monde n'est pas virtuel. Fabriquer demeure une activité importante. Cette perte de contact avec la réalité semble inquiéter Boeing, qui a décidé de former ses employés au bricolage.

Les parents devraient-ils sortir leurs enfants (et eux-mêmes) de devant leurs écrans ? Et les expédier jouer dehors ?

L'informatique, moyen d'exploitation de l'homme par l'homme ?

« Vous pouvez voir partout que nous sommes à l’âge de l’ordinateur, sauf dans les statistiques. » dit Robert Solow, le prix Nobel d’économie qui a étudié la croissance économique et ses causes. L'informatique ne participe pas à la croissance. Mais The Economist dépasse Solow. Internet a remplacé l’emploi traditionnel par un emploi précaire, peu productif. « Les auto-entrepreneurs (40% de la création d’emploi en Angleterre) travaillent plus longtemps – 6 % de plus que les employés – mais leurs revenus horaires moyens sont moins de la moitié de ceux des employés. » Crime capital pour The Economist. Internet conduit à une baisse de productivité. C'est une anti innovation. C'est anti capitaliste.

Et si l'informatique n'avait été qu'un moyen de modifier le rapport de force au sein de la société, afin de transférer de l'argent d'une partie de la population à une autre ? Et si c'était pour cela que la société a la forme d'un sablier ? Pas de place pour la classe moyenne. Le nouveau monde n'accepte que ceux qui dirigent et ceux qui exécutent ?

Il y a une autre façon de lire cette constatation. Le marché ne correspond pas à une organisation efficace du travail collectif. L'efficacité économique demande une organisation bureaucratique. C'est ce que pensait Max Weber, qui voyait la « bureaucratie » comme l'aboutissement de la rationalité économique.

lundi 14 octobre 2013

Le blues du PDG

(les discours des rapports annuels) révèlent un paysage assez monocorde et le choix des mots échappe peu à la fadeur observée dans le langage économique...
dit la dernière étude de l'Institut de la qualité de l'expression.

La lecture de ces mots révèle une forme de ritualisme. Il y a des mots qu'il faut dire (marché...), et des mots auxquels on veut croire (croissance, défi...). Comme s'il suffisait de formuler une idée pour qu'elle se réalise ? Nos dirigeants en sont-ils réduits à la danse de la pluie ?

La reine Victoria, chef du cartel de Medellin

La Reine Victoria venait à peine de s'installer que ses sujets s'engageaient dans une guerre avec la Chine (1839 - 1842). Il s'agissait de lui vendre de l'opium. En ces temps là, le Cartel de Medellin aurait été in. Surtout s'il avait été occidental. Une fois la guerre gagnée, la soif d'opium a créé une hémorragie d'argent. Ce qui fut fatal à la Chine. Elle nous en veut toujours.

Je me demande s'il n'y a pas ici l'explication de la "destruction créatrice" de Schumpeter, et du mécanisme que suit l'entrepreneuriat. La nouvelle entreprise joue sur l'intérêt à court terme de l'individu. En le suivant, il perd de vue les nécessités de l'édifice social. Il en résulte une désagrégation dont il sera victime, mais dont il ne comprend pas la cause.

Et s'il fallait interpréter ainsi l'histoire d’Ève et de la pomme ? Comment, alors ne pas se faire éjecter de notre paradis social ? Ma conclusion m'a surpris :

La Maginite est le point faible du Paradis. (Effectivement, c'était un jardin clos.) La dislocation sociale vient de l'adoption individuelle du changement, non coordonnée et non préparée. Le mal de la société, c'est le fondamentalisme, le refus du changement. Si elle veut parer au danger, la société doit aimer le changement. Mais pas n'importe comment. En quelque sorte, elle doit l'embrasser pour mieux l'étouffer. C'est à dire qu'elle doit mettre en place un dispositif qui lui permet d'en faire un bien social et individuel. Définition même de résilience ? Ce dispositif repose sur l'individu. Comment ? Il doit, donc, s'intéresser à l'innovation. Mais il doit surtout chercher à en profiter sans en subir les externalités. Pour cela il doit constituer un réseau de compétences qui lui seront utiles dans l'apprentissage de la nouveauté. La résilience est une question d'écosystème. Et l'entreprise ? Concevoir la diffusion comme une question d'écosystème ne serait-il pas plus efficace que le passage en force, façon Monsanto ?

dimanche 13 octobre 2013

Réputation américaine, production d’énergie européenne et attaque des Moocs

Le blocage du gouvernement américain n’aurait pas de conséquences. Danger principal ? Ne pas être capable de payer les intérêts de la dette. Or, les obligations du gouvernement américain sont devenues une monnaie d’échange. Mais, même là, rien de grave ne peut arriver à l’Amérique à court terme. A long terme, sa réputation sera peut-être ternie.
La banque centrale américaine a un président d’un nouveau genre. Contrairement à ses prédécesseurs l’inflation n’est pas son obsession, mais le chômage. Elle va imprimer de la monnaie. 
L’Amérique travaille à un projet de libre échange avec l’Asie. Curieusement, c’est moins la Chine qui gêne que le protectionnisme américain, seul sujet qui fasse l’unanimité aux USA.
En Europe, le mécanisme de stabilité se met en place. Il peut aider les Etats, en leur prêtant et en achetant leurs obligations, mais pas les banques. L’Europe est ennuyée que l’on meure sur ses côtes. Mais n’a pas envie de faciliter l’immigration. « Si les pays comme l’Italie refusent d’accepter plus de tomates d’Afrique, elles sont condamnées à accepter plus de gens. »
En Espagne, « Les usines de production automobile ronronnent, elles prennent du travail aux usines européennes moins compétitives. » Les exportations se portent bien. Mais le gouvernement aura-t-il le courage de s’en prendre au salaire minimum ? En Allemagne Mme Merkel pourrait s’allier aux Verts, « qui ont très envie du pouvoir ». En Angleterre, les politiciens s’en prennent à leur jadis toute puissante presse. Pour la bonne raison qu’elle ne l’est plus. En Syrie, les excès des jihadistes pourraient susciter une réaction de la population. Le pouvoir tunisien n’a pas fait cette erreur. 

Le marché de l’énergie européen est dans un fichu état. Conséquences imprévues en pagaille. Gaz de schiste américain qui fait chuter le prix du charbon, surinvestissements, déréglementation, subvention à l’énergie renouvelable. Non seulement les conséquences environnementales ont été négatives (paradoxalement, c’est le charbon qui gagne). Mais tout cela mettrait en quasi faillite les producteurs d’énergie qui n’auraient plus les moyens d’investir dans une « smart grid » nécessaire à la circulation de l’énergie.

La globalisation a survécu. The Economist n'en revient pas. Pourquoi ?  Le monde a retenu la leçon des années 30. Il n'y a pas d'idéologie de remplacement. Et « La capacité de la technologie à effacer les distances est trop puissante et les bénéfices économiques du commerce international et de l'investissement étranger sont trop largement admis. »

Qu’est-ce qui fait l’éducation efficace ? L’éducateur, impact colossal, et le secondaire. Les meilleurs enseignants doivent aller avec les élèves qui ont des difficultés. Les MOOCs effraient les professeurs. En particulier, tous n’auraient pas les (nouveaux) dons que réclame la formation en ligne. Elle s’en prend aussi aux MBA. Paradoxalement, le MBA MOOC est plus cher qu’une formation traditionnelle. Mais il permet à l’élève de ne pas quitter son emploi. On espère combiner la pub télé avec de la pub sur application mobile. Douteux. Moins de start up aux USA. Donc moins de création d’emploi. Pourquoi ? Elles n’arrivent pas à recruter. Les universités ne produisent pas ce qu’il leur faut. Et l’immigration est bloquée. Sans compter que les lois américaines sont effroyablement compliquées. (Mais si les start up ont besoin de Martiens, sont-elles aussi bonnes qu’on le dit pour l’emploi ?)

La bicyclette publique gagne le monde. Cela réduit les embouteillages, et c’est bon pour la santé. 

Faut-il avoir peur du changement ?

Le billet précédent disait que les techniques que nous employons ont des bases « idéologiques ». Faut-il avoir peur ? 

L’idéologie n’est pas un mal. C’est une hypothèse sur le monde. L’hypothèse est parfois juste. Alors la technique est appropriée.

Technique
Point faible / risque
Point fort / intérêt
Changement dirigé
Pas adapté à une organisation complexe / le changement s’il est trop sommaire peut être perçu comme une agression. Changement totalitaire.
Ne demande pas de connaître l’organisation. Rapide quand le changement est simple / accepté
Changement planifié
Demande de bien connaître l’organisation / phase de préparation décisive. Peut être long et compliqué. Changement démocratique.
Changement demandant peu de moyens / très motivant (tout le monde est responsable)
Changement auto-organisé
Demande une très forte cohésion interne. Problème de la dispersion des ressources. Conflits possibles.
Mal adapté à une grande organisation : le changement « d’en bas », qui voit midi à sa porte, peut détruire ce qu’il ne comprend pas et qui est essentiel à la société. Changement terroriste ou activiste.
Changement tiré par l’initiative de celui qui est le mieux placé pour agir. Bien adapté à une start up.
Changement pour le changement
Destruction de l’organisation et du lien social. Souffrance au travail, suicide. Changement libéral ou anarchiste.
Ne demande pas de connaître l’organisation. Peut permettre de casser des habitudes inefficaces.

C’est pourquoi les techniques qui précèdent ne s’excluent pas. Elles s’emploient en complément les unes des autres. Par exemple, une entreprise peut encourager l’innovation interne « l’intrapreneuriat ». Et la récupérer pour en faire un projet d’entreprise. Ce projet sera mis au point de façon planifiée, puis, une fois tout le monde d’accord, le changement pourra être dirigé.

Le changement pour le changement mérite une mention spéciale. Il a été beaucoup utilisé dernièrement. Il sent le soufre. On l’accuse de souffrance au travail et de suicides. Mais, utilisé à bon escient, il a ses mérites. Il compense un des maux inhérents à la vie en société, qui est la fossilisation, le repli sur soi. Mal chinois, japonais ou français. Le changement pour le changement nous maintient en éveil. Il nous entraîne aux adaptations que la nature demande régulièrement à notre espèce.

Autrement dit, le praticien du changement doit savoir prendre aux idéologies ce qu’elles ont de bon. Et éviter que l’une d’entre elles ne le piège.

samedi 12 octobre 2013

Peugeot chinois

Un Chinois acquiert 30% de PSA pour 1,5md. Voici ce que j'entends, ce matin. Une bouchée de pain. Faut-il avoir peur ? La Chine va-t-elle nous désindustrialiser ?

PSA est certainement exsangue, et il obtient quelques mois de survie. Quant à notre gouvernement, il montre qu'il est dos au mur. Encéphalogramme plat. Il en est réduit à vendre nos bijoux de famille. Mais, à mon avis, c'est plus un coup de poker qu'un saut dans le vide. Un partenariat intelligent pourrait accélérer le développement de PSA sur les marchés émergents, notamment en Chine. Or, il a besoin des volumes qu'il ne trouve plus en Europe.

Un article du Figaro sur le sujet

Les bases idéologiques de la conduite du changement

Les théories sur le changement appartiennent à plusieurs familles.
  • Kurt Lewin est à l’origine des théories modernes de conduite du changement. Après guerre, il cherche à éliminer le conflit dans l’organisation et à y faire entrer la démocratie. (Il voulait rendre impossible ce qu’il avait vu en Allemagne nazie.) Le type de changement auquel il aboutit est dit « planifié ». La direction organise le changement, mais elle le fait en partant du savoir de l’organisation, et en s’appuyant sur son initiative pour sa mise en œuvre.
  • Dans les années 80, en réaction aux difficultés des grandes entreprises de l'époque, les universitaires affirment que l’entreprise performante ressemble à une équipe (adhocratie). Le changement vient de l’initiative de ses membres. Il est « auto-organisé ». Cela sous entend une culture commune forte et une quasi autonomie des employés.
  • A côté de ces techniques universitaires, il y a la pratique quotidienne de l’entreprise. Le gros des changements majeurs de l'entreprise fait intervenir les cabinets de conseil. Ce sont les héritiers de Taylor. Taylor pensait qu’il existait une « seule bonne façon » d’organiser l’entreprise. Elle se représentait sous forme de procédures de travail optimales que les employés devaient appliquer. (D’où le benchmarking, le knowledge management, les progiciels de gestion appelés « processwares »…) Le type de conduite du changement associé est « dirigé ». L’entreprise applique un programme prédéfini.
  • Plus récemment, les cabinets de conseil en stratégie ont proposé un nouveau type de changement, que j’appelle « le changement pour le changement ». Son idée est que le marché est l'optimum de l’efficacité. Et que le marché fonctionne selon le principe d’une concurrence permanente entre individus. Ce type de changement consiste donc à casser sans arrêt le lien social afin de stimuler la créativité humaine. D'où des restructurations fréquentes.
Si l’on examine chacune de ces techniques on découvre qu’elle est la conséquence d’une vision idéologique de la société (société au sens « organisation des relations entre êtres humains »). Il ne s’agit d'ailleurs pas tant de l'organisation sociale telle qu’elle est que telle qu’elle devrait être. Une tentative de modélisation :

Technique
Hypothèse sur la société
Dirigeant
Employé
Changement dirigé
Bureaucratie / machine (fonction d'exécution des ordres)
Omniscient
Exécute
Changement planifié
Système / société complexe / organique (constituée d'organes vitaux)
Système nerveux central
Savoir / pouvoir de réalisation
Changement auto-organisé
Equipe (sportive)
Entraîneur
Champion
Changement pour le changement
Marché / univers « d’électrons libres » / la  société n’existe pas
Organisateur du chaos (Dieu ?)
Individu en concurrence

Compléments :

vendredi 11 octobre 2013

Repos le dimanche

Le débat qu'a lancé Serge Delwasse sur le travail du dimanche illustre deux phénomènes curieux :
  • Au fond, nous sommes tous pour le travail le dimanche. Mais pour les autres. Ou avec augmentation de paie. Mais si la mesure passe, il sera alors logique que ce soit les chômeurs qui en profitent. Et les payer pas cher sera tout de même mieux qu'une fin de droits. Résultat ? Fin des jours de repos garantis, et une baisse globale des salaires. Y aura-t-il augmentation des emplois ? Pas sûr. Car si les employés sont appauvris, ils n'achèteront plus. Spirale de la déflation. 
  • Le dimanche n'est pas très laïc. En outre, ce n'est pas pratique pour tout le monde. Voilà ce que dit Serge Delwasse. Mais un autre dispositif ne ferait-il pas plus de malheureux ? Si j'ai appris quelque chose de mon expérience du changement, c'est que l'enfer est pavé de bonnes intentions.  D'ailleurs, que le dimanche n'ait pas une origine laïque est-il un crime ? Notre histoire est faite de réinterprétations des traditions pour de nouveaux usages. La plupart des fêtes religieuses n'ont-elles pas une origine païenne ? 

Les médias électroniques embrouillent le cerveau

Un ami me disait l'autre jour qu'un de ses fils avait toujours trois ou quatre activités électroniques à la fois. En lisant cet article, j'ai immédiatement eu peur pour lui.

En effet, cette pratique rend incapable d'analyser l'information que l'on reçoit. Elle transforme en légume. L'usage qui s'est développé dans l'entreprise d'être toujours connecté et réactif aurait une conséquence similaire. En outre, l'individu deviendrait inapte à l'établissement de liens sociaux. Il vivrait dans un monde virtuel. L'Internet des choses ?

jeudi 10 octobre 2013

Le seau, la bouteille et les petits cailloux

Une métaphore de Jean-Jacques Auffret (voudrait-il me donner un conseil ?) :

Quand vous communiquez, pensez à vous-même et à votre auditoire comme à un seau et une bouteille.

Le seau (c'est vous) est plein de la connaissance que vous avez de votre sujet et des idées que vous voulez transmettre. Chacun d'entre eux est un tout petit caillou. Il y en a beaucoup dans votre seau car ça fait un petit moment que vous les ramassez avec amour.

Quand on compare le seau avec la bouteille (votre auditoire), quelques différences sautent aux yeux. Tout d'abord, la bouteille a une contenance moindre que votre seau: votre auditoire ne peut, ni d'ailleurs ne veut, en savoir autant que vous sur le sujet en question. Ils ont leurs propres seaux à porter, figurez-vous. Que vous le vouliez ou non, cela implique que vous ne pourrez pas vider entièrement votre seau dans leur bouteille. Si vous ignorez cela, votre communication va consister à tenter de vider tout votre seau. Passé un certain point, la bouteille sera pleine et il y aura beaucoup de petits cailloux par terre, et tant pis pour vous si ce sont précisément ceux que vous teniez le plus à voir au fond de la bouteille…

Si vous en prenez conscience, au contraire, vous aurez à cœur avant de communiquer d'évaluer la contenance de la bouteille, puis de sélectionner dans votre seau une quantité équivalente de petits cailloux à y transvaser. Vous devrez faire des choix, mais à ce prix vous aurez un bien meilleur contrôle du contenu final de la bouteille. Mais la bouteille n'est pas seulement plus petite que le seau, elle a aussi un col étroit. Cela signifie que si vous déversez brusquement une quantité de petits cailloux égale à la contenance de la bouteille au-dessus de celle-ci, bien peu d'entre eux se retrouveront au fond de la bouteille. Donc, pour avoir beaucoup de cailloux dans la bouteille au final, vous devrez contrôler la vitesse à laquelle vous les introduisez: un par un.

Comment mesurer que vous avez réussi ? En cours de route, tout d'abord: ne lâchez un petit caillou supplémentaire que lorsque vous avez entendu le petit caillou précédent résonner au fond de la bouteille. En d'autres termes, restez à l'écoute de votre auditoire et validez bien qu'il ait compris avant de poursuivre. A la fin de votre communication, ensuite: ne regardez pas au fond de votre seau pour contrôler qu'il n'y reste plus de petits cailloux, mais bien plutôt dans la bouteille pour vous assurer que les petits cailloux importants y sont bien.

L'important n'est pas "d'avoir tout dit" mais que "l'essentiel ait été entendu": Il arrive qu'à la fin d'un exercice de communication on se sente "vidé", mais rappelez-vous bien que l'important, c'est surtout que votre auditoire se sente, lui, "rempli". Et quoi de plus sympathique qu'une bonne bouteille bien remplie ?

La schizophrénie de l’individualisme

Le principe de notre société, depuis 68 (au moins), est l’individualisme. L’individualisme procède d’une curieuse manière. Principe : l'individualiste cherche à supprimer tout ce qui le gène. Cela permet de le manipuler facilement : vous lui proposez d’éliminer ce qui l’ennuie (examens, feux rouges, ministres, lois, impôts, voisins, policiers…).

Mais, ce qui le gênait avait aussi des effets bénéfiques. Car lui-même est une gêne pour quelqu’un d’autre. En conséquence de quoi, l’individualiste se trouve vite menacé. Alors, il réclame une protection. Comme on l’observe aux USA et en Angleterre, l’Etat individualiste devient policier. C’est un Etat schizophrène. Mais il ne peut sortir de sa schizophrénie qu’en renonçant à son principe fondateur. 

mercredi 9 octobre 2013

La réforme de la jupe

L'habit de la Polytechnicienne est devenu un uniforme. Elle a échangé la jupe pour le pantalon. Et elle porte le sabre. Notamment. Dans un article étonnamment documenté, le talentueux Serge Delwasse analyse ce changement passé inaperçu.

Après le mariage pour tous, l'uniforme pour tous ? Victoire d'un conservatisme d'arrière garde sous couvert de lutte contre le sexisme ?...

(La revue de Polytechnique a sa page facebook. Peu "aimée" apparemment. Les Polytechniciens seraient-ils imperméables aux réseaux sociaux ?)

La révolution MOOCs

MOOCs : l'université sans professeurs. Toutes les grandes écoles et universités s'y mettent, histoire de ne pas se laisser déborder. Cela peut-il marcher ?

J'ai travaillé sur une sujet proche, il y a une douzaine d'années : comment réduire les coûts d'appropriation d'un progiciel de gestion (ERP, CRM...) par une organisation (ce qui s'appelle "conduite du changement"). Réponse subtile :
  • La formation en ligne seule est un flop quasi absolu.
  • Il faut un mélange homme / machine / processus de formation / "parcours pédagogique" (la formation est orientée "expérience marquante" plutôt qu'apprentissage des fonctionnalités type Education nationale, inefficace). On pouvait alors réduire le coût de l'apprentissage par deux, peut-être plus.
  • Un des gros postes de réduction de coût est de remplacer des consultants, inexpérimentés mais très coûteux, par des formateurs, expérimentés mais bon marché. Autrement dit un des grands bénéfices de ce type de formation est d'acquérir une partie de la "rente" des consultants ("rente" = exploitation abusive d'un monopole).
  • La mise au point du dispositif demandait un gros savoir-faire, mais donnait des résultats infiniment meilleurs que ceux d'une formation classique, parce qu'il permettait une sorte de formation individualisée. En effet, l'apprentissage humain procède en quelque sorte par "blocages". Chaque blocage étant propre à un individu. Un processus mixte (autoformation / formateur) permet de concentrer l'énergie du formateur sur le juste nécessaire : la dissolution du blocage.
  • Car le plus gros mérite de l'approche était qu'elle fonctionnait... Les méthodes classiques donnent un très mauvais niveau de maîtrise des nouveaux processus de travail. Une raison en est qu'il y a une sorte d'incommunicabilité entre consultant surdiplômé et théorique et opérationnel baignant dans la réalité de son métier. Pour contourner cette difficulté, on procède par "utilisateurs clés". On demande à des employés modèles de former leurs collègues. Mais 1) ceux-ci rencontrent la même difficulté que l'utilisateur normal : ils ne comprennent pas le consultant ; 2) ce sont des personnels indispensables, très difficiles à immobiliser pour un projet qui peut leur demander une présence à quasi plein temps.
Je me demande s'il n'en serait pas de même pour l'éducation. Les MOOCs peuvent permettre de liquider les rentes de situation des enseignants, et de remplacer la formation en troupeau par une formation individualisée. La mise au point risque d'être longue.

(Une représentation graphique du phénomène MOOCs. Comme pour toute formation à distance, le taux de réussite semble extrêmement faible.)

M.Hollande entre en résonance ?

On n’arrête pas de me dire que M.Hollande prend des mesures contradictoires. Curieux parallèle avec M.Sarkozy. Il semble dans une forme d’injonction paradoxale. D’un côté, il doit réduire le déficit national. Mais s’il le fait, il suscite le mécontentement. S’il n’est pas sauvé par un miracle, qui ne semble pas s’annoncer, ne doit-on pas s’inquiéter pour sa santé ? 

mardi 8 octobre 2013

Ultra pollution du métro

Je découvre que le métro, que j'utilise beaucoup, est un lieu extrêmement pollué. Apparemment, ce serait une question d'expulsion de microparticules de métaux lourds par les rames.

On parle aussi de ces mêmes particules pour le métro de Londres.  Mais il y en aurait moins. (Métro plus récent que le nôtre ?) Et on utiliserait des rames de nettoyage. L'idée ne semble pas encore avoir atteint la RATP.

Réformes en France : le succès sarkozyste

Le changement qui réussit. Deuxième volet de l’étude des réformes en France. Discrètement, M.Sarkozy s’est attelé à démanteler l’Etat d’après guerre. Pour cela il a appliqué des techniques de conduite du changement développées ailleurs. Voilà une démonstration de comment bien mener un changement : contrairement au cas précédent, on a cette fois un objectif, et une méthode.

L’Etat d’après guerre avait été conçu pour éviter un retour de la barbarie totalitaire. Son idée était de fournir à l’individu des conditions de vie qui lui ôtent la tentation de se comporter comme une bête : le filet de sécurité de l’assurance sociale. L’objectif du changement est de passer à un modèle qui récompense le mérite individuel.

La mise en œuvre du changement se fait alors selon la méthode Thatcher. Un Etat fort détruit les rentes de situation pour placer l’individu en concurrence parfaite. Pour cela, on circonscrit l’opposant dans un périmètre dont il ne peut plus sortir. On lui coupe les vivres. Alors, il s’entre-déchire : il s’est converti à l’individualisme. Dans ce processus, l’Etat grossit (consultants, avocats, systèmes d’information…) jusqu’à l’explosion. (Aux USA on appelle cette technique « kill the beast ».) La transformation est achevée.

Exemples d’application : collectivités locales et universités. Dans ce dernier cas, les méritants (les grandes écoles) sont regroupés sur le plateau de Saclay. Les autres sont soumis à des synergies et à des réductions de crédits. Autre exemple : l’auto-entrepreneur. Grâce à Internet il a été possible de transformer le salarié en travailleur précaire, en sapant les assises du salariat, de l’artisanat…

Mais, que se passera-t-il si l’Etat disparaît ? Il soutient les exclus du marché, mais aussi une partie de l’économie. C’est le scénario Allemagne années 20. Et si les gouvernements d’après-guerre n’avaient pas eu totalement tort ?

Mais attention. Et c'est le point le plus intéressant théoriquement. Les réformes sarkozystes ne sont qu'un prolongement des réformes des traditionalistes. Elles en sont une conclusion logique. L'Etat d'après guerre ne fonctionne plus. Il faut amener les réformes libérales à leur terme logique. Surtout, M.Sarkozy et ses prédécesseur n'ont rien d'original. Ils ressemblent à leurs équivalents ailleurs dans le monde. Et les mesures qu'ils ont prises s'inscrivent dans un mouvement global

lundi 7 octobre 2013

Réformes en France : l’échec des traditionalistes

Mes livres reposent sur des exemples. Pour leur en fournir, je me suis penché sur les réformes de l’Etat. Voici un résumé ce que je retire de ces études. Premier volet, les gouvernements qui se sont succédés depuis 68 jusqu’à 2007.

Le principe de leurs réformes est une pensée magique : libéraliser l’économie française la rendra plus efficace.

La stratégie des gouvernements d’après guerre était : plein emploi. Ce qui amenait à maintenir en vie des secteurs non concurrentiels. A partir des années 70, on a laissé sombrer ces secteurs. Surtout on a combattu les rigidités : chômeurs, intérimaires, intermittents, vacataires, pigistes se sont multipliés. Les petites entreprises, plus récemment les auto-entrepreneurs, sont devenus une variable d’ajustement. Mais cette flexibilité a un coût. Les chômeurs, par exemple, sont payés à ne rien faire. D’où cercle vicieux. Plus la France est flexible, plus cela coûte cher à l’Etat, plus il doit prélever d’impôts, moins l’entreprise est compétitive, plus elle demande de flexibilité. Le marché est aussi (surtout ?) déprimé. L’incertitude du chômage, la perte de compétitivité de l’entreprise... conduisent probablement à un phénomène de contraction (désinvestissement, etc.). Et les grandes entreprises (cf. Airbus) quittent le pays.

La faille de notre modèle ? C’est la solidarité. Ceux qui ne sont pas flexibles paient pour ceux qui le sont, et cela enlève tout intérêt à la flexibilité. Pour casser ce cercle vicieux, M.Schröder a cassé la solidarité. Logique.

H.Arendt propose une modélisation de ce changement. C’est la « banalité du mal ». Les gouvernements gaullistes et socialistes sont fondamentalement antilibéraux (au sens financier du terme). Mais, en croyant faire preuve de pragmatisme, ils ont compromis leurs valeurs. A petits pas, le loup est entré dans la bergerie. L’Etat ne peut plus fonctionner. Et sans Etat, notre « flexibilité » est de l’ultralibéralisme version Dickens.