mardi 30 avril 2013

L’école enseigne l’entrepreneuriat

L’école va enseigner l’entrepreneuriat. La radio l’a annoncé ce matin. Parole de François Hollande. Je vois d’ici ce qui va se passer.

L’Education nationale va définir ce qu’est un entrepreneur, va l’inculquer par la force, et mesurer, par des examens, que le message est absorbé. (Elle a d’ailleurs commencé.)

Curieux d’ailleurs que M.Hollande ne se soit pas rendu compte que l’Education nationale fabrique déjà des entrepreneurs. Les élèves qu’elle éjecte, et dont aucune entreprise ne veut. Les plus doués sont ceux qui font du trafic. Même l'illégalité de leurs affaires est une preuve de leur talent : le risque est l'essence même du métier, ainsi que le refus des règles établies. 

L’irresponsabilité favorise-t-elle l’innovation ?

Ceux qui veulent le changement sont incapables d’en appliquer les règles, disait un précédent billet. Et si c’était une règle générale ?
  • Un traité sur la dynamique des systèmes que je résumais il y a peu insiste sur la question de la distance entre celui qui fait, et celui qui subit. Il est clair que l’on innove d’autant plus facilement que l’on ne paie pas pour ses erreurs.
  • Je lis actuellement des ouvrages sur Athènes ancienne. Elle fut, du moins dans le cadre de la pensée, extraordinairement innovante, et sur un laps de temps court. Et si l’individualisme, qui me semble avoir été sa réelle particularité, favorisait l’innovation parce qu’il casse les solidarités sociales et la chaîne causes / conséquences ? Mais le plus fort est la pensée. Nous pouvons avoir les idées les plus farfelues sans en être punis. C’est d’ailleurs ce que Tocqueville reprochait aux intellectuels des Lumières, dont la philosophie avait déclenché la révolution.
  • Tout le capitalisme ne tourne-t-il pas autour de cette question ? Ne s’agit-il pas, quasi explicitement, de pigeonner son prochain, de lui masquer les conséquences de ses actes ? C’est ainsi que Galbraith décrit les mécanismes de spéculation. D’ailleurs, est-ce immoral pour un Anglo-saxon ? Ne dirait-il pas que c’est le plus malin qui gagne ? Sélection naturelle. Ezra Suleiman (dans ce livre) montre que l’Amérique n’a pas notre notion d’intérêt général. Seul compte l’affrontement des intérêts particuliers. Cela justifierait-il l’hypocrisie, la soft power de Madame Clinton ? Moyen comme un autre de défendre ses intérêts ? 
L’innovation est-elle incompatible avec la responsabilité ?
Il y a plus curieux. Robert Trivers explique que, pour bien mentir, il faut être convaincu de son mensonge. Je me demande si ce raisonnement ne nous amène pas à reconnaître l’avantage concurrentiel d’une forme de schizophrénie.

Mais l’avantage est-il durable ? La société (la nature ?), dont dépend l’innovateur !, ne finit-elle pas par avoir le dernier mot ? N'est-ce pas la question même du développement durable ? Ne faudrait-il pas mettre au point une forme d’innovation qui ne procéderait pas par pigeonnage / réaction ? Est-ce ce que j’essaie de faire ?

lundi 29 avril 2013

Dépression et sommeil

Apparemment ne pas dormir suffisamment soulage, momentanément, une dépression.

Curieusement, au lieu de se demander ce que signifie cette relation, les scientifiques ont cherché le mécanisme chimique qui l’expliquait. Si bien qu’on nous promet un traitement de la dépression, qui ne prive pas de sommeil…

Chronique d'un monde en panne ?

Ce que j’ai lu de The Economist.
Le chômage des jeunes n’en finit pas de croître. Parmi les raisons classiques, une qui l’est moins : les entreprises ont plus de mal qu’avant à trouver des personnels qualifiés, parce que, contrairement à ce qu’elles faisaient, elles ne les forment plus… Peut-on à la fois désirer la dislocation de l’Etat et s’attendre à ce qu’il donne un enseignement à vos employés ? me suis-je demandé.

Aux USA, la discrimination positive pourrait disparaître. (Qu’en penser, alors qu’il y a encore peu on nous disait d’imiter l’Amérique ?) L’Angleterre vit d’expédients. Pour améliorer les comptes de cette année, l’Etat veut vendre ses dernières participations. La bourse de Londres semble aussi s’être laissé aller. Elle a coté des entreprises kazakhs et indonésiennes douteuses. Pendant ce temps, Ed Miliband se prépare à prendre le pouvoir. Cela effraie The Economist : c’est le retour à une gauche anté Thatchérienne, qui ne croit pas que « les millionnaires créent la richesse ». L’Italie a un nouveau gouvernement. Apparemment jeune et de centre gauche. Apparemment une défaite pour 5 étoiles. L’Europe et les USA parlent d’un traité de libre échange. Des deux côtés on est poussé par un désir désespéré de croissance.

Histoire de la Tchétchénie. Compliquée. Les Tchétchènes sont déplacés par Staline. Puis ils décrètent l’indépendance en 1991. D'où guerre avec la Russie, en 1994. Plus de nationalisme, mais arrivée de l’Islam, Soufisme contre Salafisme. Le premier est choisi par le gouvernement pro russe, ce qui amène une réaction du second, qui conduit le susdit gouvernement à accepter un Salafisme atténué. Mais M.Poutine ne veut pas en entendre parler : il pourrait vouloir se substituer à l’Etat russe. En Syrie, Bashar el Assad aurait utilisé des armes chimiques afin de tester le désir d’intervention des USA.

La NASA loue les fusées du secteur privé. Apple rachète ses actions, pour plaire à ses actionnaires, mais ne sort toujours pas de produit révolutionnaire. Le transport aérien à bon marché est un métier d’Hommes. Le succès dépend de paris sur le futur prix du pétrole. Car il détermine le choix de modèles d’avions, et 10md d’investissements. (Et en plus il y a le risque de surcapacité…) L’annonce que Barack Obama avait été victime d’un attentat a affolé les ordinateurs boursiers, mais seulement l’espace de quelques minutes. Robustes systèmes d’information ? Quant aux gestionnaires de fonds d’investissement, ils modifient leur portefeuille trop souvent. Ce qui coûte cher. Ils seraient moins efficaces que l’investisseur amateur, qui achète et vend avec plus de modération.

Un article sur Daniel McFadden, un économiste qui a fait entrer les sciences humaines dans sa discipline. Un autre sur la capacité des insectes (au moins les bourdons) à apprendre les uns des autres. Déclin de la pensée libérale ?  

dimanche 28 avril 2013

Et si l’Etat était le problème de la France ?

Gabegie ! On a voulu réformer la feuille de paie des militaires : 10€ par bulletin, 1500 employés, c’était du fait-main ! Alors on a informatisé. Et c’est le désastre. Un exemple ? On a versé 100m€ de trop, sur une seule année ! Plus on réforme l’Etat, plus il nous coûte cher !

Mais il n’y pas que par ses réformes que l’Etat nous détruit. On ne peut pas faire un pas sans tomber sur quelqu’un qui sait comment lui faire gagner 60md ! Qui n’a pas en tête ses dépenses excessives ? On me citait récemment les hôpitaux que les collectivités locales font surgir comme des champignons (350m la pièce, apparemment). Et les ronds points des villes ?… On ne parle que de l’Etat et de ses folies. Il accapare notre attention et notre génie.

Du coup. Nous ne voyons plus la poutre de nos yeux. Une illustration ? Les gens me disent que leur entreprise est paralysée. Elle a un potentiel qu’elle est incapable d’exploiter. Et si nous commencions nos réformes par là ? D’ailleurs, l’entreprise a-t-elle intérêt à ce que l’Etat mette un terme à sa « gabegie » ? Les fameux hôpitaux font travailler le BTP, les logiciels de l’armée les cabinets de conseil et les éditeurs de logiciel… Et où irait l’argent des ronds points si on nous le donnait ? Enrichir des milliardaires chinois ?… Et surtout qu’arriverait-il si tout ceci était stoppé du jour au lendemain ? Une spirale déflationniste. Les entreprises licencieraient, le marché (fait de chômeurs ou craignant le chômage) ne consommerait plus, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’en suive. Bref, la rigueur.

Et si le mal français, c’était la place que l’Etat a prise dans nos têtes ?

(J’ai demandé à mon comptable s’il trouvait que 10€ par feuille de paie est cher. Ça ne le frappe pas comme une évidence. Cela coûterait de l’ordre de 15€ à de grosses PME.)

samedi 27 avril 2013

Et si l’avenir était au centre ?

La situation du gouvernement français ressemble à celle de B.Obama. Il est attaqué par les extrêmes. D’un côté une sorte de Tea party que rend fou des réformes de société inspirées par l’extrême gauche, de l’autre la dite extrême gauche, qui trouve qu'il n’en fait pas assez. (Dernièrement, elle veut amnistier les syndicalistes condamnés pour des exactions durant des manifestations.)

Comme aux USA, on peut se demander si un gouvernement de gauche, ou de droite d’ailleurs, peut être stable. Mais le centre serait-il une meilleure solution ? La troisième et quatrième républiques ont été particulièrement bouillonnantes, alors qu’elles étaient dirigées du centre. De Gaulle a fait appel au schéma royal pour calmer le pays. Mais cela n’a pas duré, et Mitterrand et Pompidou ont installé le bipartisme actuel.

Il y a peut-être quelque chose de culturel là-dedans. Nous sommes des assistés, et les crises rendent l’assisté fou d’angoisse ? Seule une figure paternelle peut le rassurer, roi ou de Gaulle ? La France deviendra un peu plus stable le jour où ses citoyens seront un peu plus responsables ? C’est-à-dire qu’ils auront appris à ne pas tout attendre de papa ?

vendredi 26 avril 2013

La rigueur, c’est bientôt fini ?

Au début, il n’y avait que Paul Krugman pour s’opposer à la rigueur. Maintenant, il semble qu’elle ait de moins en moins de partisans. Ses jours seraient-ils comptés ?

Il m’a toujours semblé qu’elle n’était que le prolongement des thèses libérales antérieures. Elles demandaient encore plus de déréglementation. Mais, ce n’est pas pour cela qu’elle n’a plus la cote. Comme le pensait Paul Krugman, elles paraissent avoir enfermé le monde dans un cercle vicieux. Et les peuples le supportent de moins en moins. Nos changements ne sont pas très scientifiques...

L’enfant et les sortilèges

J’entends un passage de L’enfant et les sortilèges. L’enfant est présenté comme un petit monstre. Son instinct le pousse au mal. D’ailleurs, il est contraint aux travaux forcés. (Il doit « faire une page », vraisemblablement sans qu’on lui ait expliqué pour quelle raison.) Et mis au thé sans sucre et au pain sec.

68 comme réaction ? Après n’avoir eu que des devoirs, l’homme n’a plus voulu que des droits ?

jeudi 25 avril 2013

Facebook : déjà fini ?

Les enfants quitteraient Facebook, dit be Angels. Raison ? Big parents are watching you. Ils fuient le regard parental. Plusieurs idées me sont venues en lisant ce billet :
  • Les parents vont suivre les enfants sur les réseaux sociaux qu’ils ont choisis : ce qui n’est bon ni pour eux, ni pour Facebook.
  • Ces mêmes parents ne devraient-ils pas s’interroger sur la nature du lien qu’ils ont avec leurs enfants ? Se demander ce que cette relation augure de l’avenir ? Et s’il ne serait pas possible de faire du plus solide et plus sain ?
  • Enfin, une pensée pour l’inusable Tocqueville. Déjà, en son temps lointain, il notait que l’entreprise américaine (en l’occurrence navale) tendait à n’être qu’un feu de paille. En sera-t-il une fois de plus ainsi de Facebook ? Take the money and run ?

Démocratie athénienne

Mossé, Claude, Histoire d’une démocratie : Athènes, Seuil, 1971. Finalement, la démocratie athénienne a été un feu de paille. A peine deux siècles. Et son histoire me semble ressembler à celle de l’Angleterre. (Une opinion discutable.)

Athènes devient une démocratie et sort de l’anonymat au moment de la guerre contre les Mèdes dans laquelle elle s’illustre. Elle jouit alors d’un grand prestige. Et elle conquiert un empire, dont elle vit. Mais les conditions qu’elle impose à ses colonies leur deviennent insupportables. Démarre alors la guerre du Péloponnèse, que Périclès croit gagner rapidement. Elle dure 25 ans. Athènes est vaincue. L’empire perdu, Athènes va chercher à devenir une puissance économique. Comme l’Angleterre moderne elle ne semble pas avoir voulu y parvenir à la sueur du front de ses citoyens. Elle a cherché, au contraire, à attirer des « métèques », à qui elle louait ses mines et ses esclaves, et offrait, probablement comme la City moderne, un environnement bien adapté aux affaires. A-t-elle voulu vivre des rentes accumulées par l’empire ? Embellie de courte durée. Elle est vite déchirée par des querelles fratricides. Puis arrivent Philippe de Macédoine et Alexandre. Ils conquièrent la Grèce. Athènes livrera une dernière bataille à Antipatros, général d’Alexandre qui s’est emparé de cette partie de son héritage. Mais elle est défaite. Elle deviendra bientôt une dépendance de Rome.

Difficile de savoir comment fonctionnait la démocratie athénienne. Comme le dit Hannah Arendt, l’Athénien se définissait avant tout comme un citoyen. Mais il y avait peu de citoyens et beaucoup d’esclaves. Et, parmi ces citoyens, beaucoup de pauvres. Des pauvres des villes et des champs, ces derniers participant de moins en moins à la vie de la cité, au fur et à mesure de son histoire. Les hommes politiques ne venaient pas de leurs rangs, ils n’avaient pas l’éducation nécessaire. Mais ils semblent avoir eu un poids important dans les décisions de la cité. En particulier, ils avaient intérêt à la guerre et à l'empire. Ils avaient besoin de revenus. 

mercredi 24 avril 2013

Ségolène Royal et la BPI

Apparemment la BPI aurait été victime d’un coup d’éclat de Mme Royal. Qui en est surpris ? Comme beaucoup de gens, j’imagine, j’ai trouvé inattendue sa nomination. Que connaît-elle à l’entreprise et à son financement ? En bon Français, j’ai soupçonné le piston. Celui d’un ex compagnon voulant consoler une femme politique de l’injustice de l’électorat.

Mais l’affaire n’est pas si simple. La BPI serait un « machin » technocratique, qui aurait privé les élus régionaux de leurs prérogatives. Dans ces conditions, il n’était pas idiot que la démocratie accompagne la technocratie.

En tout cas, il semble manquer l’essentiel à ce dispositif : la connaissance de l’entreprise. Au moins serait-il bien que, pour une fois, on réfléchisse avant d’agir. Car, notre mal national c’est l’obsession de la « seule bonne solution ». Nous sommes persuadés de détenir la solution à des problèmes que nous sommes incapables de formuler. Et nous pavons l’enfer de ces bonnes solutions.

Par exemple, l’élu régional veut conserver en vie ses entreprises locales en difficulté. Ce faisant, il n’évite rien, elles ne sont pas viables. Mais, il assèche des financements dont a besoin le reste de l’économie. Son action est contreproductive. En réalité, il veut maintenir l’emploi et le savoir-faire locaux. Or, pour cela, il y a des moyens plus efficaces que d’entretenir des canards boiteux.

(En y regardant de plus près, le conseil d’administration de la BPI est composé quasi exclusivement d’énarques, l’entreprise étant représentée par deux « personnalités qualifiées ». En revanche, louable égalité des sexes !) 

Et s'il n'y avait pas de crise ?

Et si la crise, c'était nous ? Une métaphore, pour me faire comprendre. Nous étions au bord de la mer. La marée est montée. Nous n’avons plus pied. Mais nous nous entêtons à vouloir marcher. Nous buvons la tasse. Crise. Il faut nous mettre à nager. Peut-être même, simplement, nous laisser porter par le courant.

Traduction : en 30 ans notre monde a changé radicalement, mais pas nous. Internet et la téléphonie mobile remplacent le lien social par un ersatz, et recodent le cerveau. Des milliards de gens sont entrés brutalement dans le moule occidental. Et ce modèle a été sauvagement transformé. Le consensus d’après guerre selon lequel l’Etat protégeait l’homme du marché et assurait le bien collectif est mort. Avec lui, le modèle français de planification centralisée et de gestion de l’économie par des fonctionnaires. La déréglementation est générale, les systèmes sociaux sont démantelés et, surtout, ne couvrent plus qu’une partie de la population. L’ascenseur social a vécu. L’individualisme a vaincu. L’homme (individu) n’a plus que des droits. Et ses désirs n’ont rien à voir avec ceux de ses parents. Qu’attendre du couple ?, par exemple. Le bling bling n’est plus ni durable, ni séduisant : le progrès technologique, promesse du bonheur éternel pour nos anciens, nous inquiète. La liste est interminable.

Mais qu’avons nous fait pour nous adapter ? Voire nous métamorphoser ? Rien. Et si c’était pourquoi il y avait crise ? Et si, donc, nous, individus, étions le problème de la France ?

(On notera au passage que c'est ainsi que Schumpeter voyait les crises. Je le traduis ici, pour ceux qui aimeraient le citer en l'ayant lu.)

mardi 23 avril 2013

Hannah Arendt et le mal

Décidément Hannah Arendt est dans l’air du temps. Je la lis, Margarethe von Trotta lui consacre un film, France Culture en parle. La question est celle du mal. Qui fait le mal, l’homme par nature, la société… ?

Pour ma part, je crois que l’homme n’est ni bien, ni mal. Il est complexe. Il est lui. C’est la société qui décide du bien et du mal. C’est ce qu’elle croit bien ou mal pour son équilibre à elle. Le sociologue Robert Merton explique très bien la chose. La société nous fixe des objectifs et les moyens de les atteindre. Nous sommes « conformes » si nous respectons les uns et les autres.

Un mauvais dosage peut produire une délinquance massive. C’est le cas lorsque l’entreprise nous conditionne à la consommation par sa pub et Hollywood, tout en nous privant de boulot pour augmenter ses revenus. Durkheim aurait parlé d’une délinquance pathologique et nous aurait enjoints d’agir. L’Allemagne d’Hannah Arendt, pour sa part, avait peut-être conditionné sa population à haïr l’humanité. Ce qui était conforme pour elle ne l’était pas pour nous. 

Jeanne Bordeau ou le printemps arabe du dirigeant français

La semaine dernière, j’ai assisté au lancement du manifeste de Jeanne Bordeau. (Manifeste que j'ai lu, de surcroît.) Elle interpelle le dirigeant. Elle lui demande de renoncer à ce qu'il est ! Comme Louis XVI en son temps, c’est maintenant son tour de tirer les conséquences du changement qu’il a voulu ?

Que dit Jeanne Bordeau ? Printemps arabe. L’Ancien régime était celui de la parole d’autorité. Le dirigeant parlait. Sa pensée était mise en onde par des professionnels de la manipulation des foules. Internet rend tout cela insupportable. Il nous donne envie de nous le faire (le dirigeant).

Comment le dirigeant peut-il sauver sa tête, Madame Bordeau ? Le traitement est brutal.
Comme me l'enseigne ce blog, écrire pour Internet est un art nouveau et difficile. Jeunes ou vieux, professionnels de l’écriture ou non, très peu de gens le maîtrisent. L’entreprise doit réapprendre à écrire. D’autant que cette écriture est un dialogue instantané tous azimuts !
Ce n’est pas le plus effrayant. Le problème, c’est la cohérence. Internet est une multiplicité de médias, et tout le monde parle. La parole du dirigeant, mesurée, froide et technocratique, est noyée par la logorrhée anarchique et émotionnelle de ses employés, clients, fournisseurs... Internet, c’est la victoire des pulsions des foules sur la raison de l’élite.

Et l’élite pourrait périr par là où elle a pêché. En effet, du temps de mes parents ou de mes grands parents, les employés d’une entreprise étaient mariés avec elle. Ils étaient ce qu’elle était. Aujourd’hui, l’entreprise est faite de mercenaires, liquidables à merci. Comment voulez-vous qu’ils ne profitent pas d’Internet pour vous le faire payer, Monsieur le PDG ?

Il y a pourtant une solution à tout ceci. Simple et élégante. C’est le coming out. C’est l’identité. Qu’est-ce que Jeanne Bordeau entend par là ? Notre identité est ce pour quoi nous sommes prêts à crever. Les valeurs qui sont plus importantes que notre vie. Une fois que vous avez trouvé votre identité, vous pouvez répondre du tac au tac à n’importe quoi. Idem pour l’entreprise.
Comment trouve-t-on son identité ? Par la confrontation, justement. En écoutant, et en répondant. L’identité est ce qui reste lorsque vous avez résisté à toutes les agressions. Bien entendu, si votre identité se résume à « je suis l’élite, je vous méprise », vous ne survivrez pas. Mais, de toute manière, vous ne pouviez espérer mieux. Au moins vous serez tombé la tête haute.

lundi 22 avril 2013

L'automobile est éternelle ?

Où va l’automobile ? se demande The Economist. Apparemment vers de plus en plus d’assistance à la conduite, jusqu’au pilote automatique. (La digitalisation totale des routes serait le principal frein à ce changement.) La voiture est de plus en plus propre, consomme de moins en moins. On conduit de plus en plus tard, mais de plus en plus vieux… Et elle n’a pas fini de se transformer. Ce qui ne fera pas forcément la fortune des fabricants, coincés entre une concurrence qui contient leurs prix et un coût technologique croissant. Mais peut-être celle de certains équipementiers innovants. Curieusement, de nouveaux entrants arrivent à s’imposer, généralement en pénétrant par le haut de gamme. (Le constructeur aurait-il perdu en compétence au détriment de l’équipementier ?)

The Economist continue à s’intéresser à l’héritage de Mme Thatcher. Un sud riche et un nord désertifié. Cela n’était pas prévu dans ses plans. Une fois nettoyée, l’Angleterre aurait dû redevenir prospère. Voilà pourquoi beaucoup continuent à ne pas l’aimer. En Allemagne, on abat les présidents, apparemment sans raison. Histoire de se donner bonne conscience ? Un livre affirme que la stabilisation de l’Allemagne a toujours été le problème principal de l’Europe. Le dernier acte de cette histoire ayant été l’euro. Mais, comme souvent, le résultat a été à l’opposé de celui qui était espéré. C’est l’Allemagne qui contrôle l’Europe. Aux USA, ni la dernière tuerie scolaire, ni les bombes du marathon de Boston n’ont amené la population à exiger un durcissement réglementaire. (Contrecoup de la mésaventure irakienne ?) En revanche, la loi CISPA permettrait l’accès par l’Etat aux informations personnelles. Google et autres n’y seraient pas opposés car elle dégagerait leur responsabilité dans certains cas de manipulation indélicate des dites informations. (L’entreprise américaine ne voit pas plus loin que son intérêt immédiat ?) Les Islandais tentent de liquider l’industrie du sexe. Apparemment sans succès. Ce qui semble signifier que ce n’est pas possible, nulle part. Certains changements sont contre nature ? Finalement, son marché des droits à émettre du CO2 ayant trépassé, l’Europe devrait se couvrir de centrales au charbon.

Quant à l’économie, il semble qu’il n’y ait qu’en Europe qu’on parle d’une union bancaire. Ailleurs, on cherche plutôt à s’assurer que les banques locales sont capables de faire face à une crise avec leurs propres ressources. Les USA, en particulier, demandent aux banques étrangères d’augmenter leurs réserves.

Le poker, pour finir. Ce ne serait pas son visage, mais le mouvement de ses mains, qui trahiraient son jeu. 

Pourquoi en voulons-nous à Monsieur Hollande ?

Les lois contre le cumul des mandats et des fonctions semblent irriter les élus. Ils multiplient les raisons d’être en même temps avocat et député. Curieusement, disait un journaliste de France Culture, personne n’a remarqué qu’être élu était un travail à plein temps. Je n’entends que contradictions. Je suis entouré de gens qui voudraient dégraisser l’Etat, mais pourquoi, alors, lui reprochent-ils de ne rien faire pour l’entreprise ? L’autre jour un journaliste de Médiapart s’en prenait, plein d'une audible haine, à M.Hollande. Nous avons besoin de Roosevelt, d’un grand soir et d’un changement radical. Il se référait à L’étrange défaite de Marc Bloch, qu’il n’avait pas lu. Car ce qui a fait le désastre d’avant guerre, ce n’est pas la trahison des élites comme il semblait le croire, mais, justement son attitude à lui, la défiance de tous vis-à-vis de tous. (D’ailleurs, ce n’est pas Roosevelt qui a sorti les USA de la crise, mais la guerre…)

M.Hollande nous a dit l’évident : l’Etat ne peut plus rien faire pour nous. Et cette disparition nous montre tels que nous sommes : parasites, irresponsables et incompétents ? Voilà pourquoi nous ne l’aimons pas ?

dimanche 21 avril 2013

Hannah Arendt ou la haine de l’humanité ?

C’est Alain Finkielkraut qui m’a fait lire Hannah Arendt (billet précédent). J’avais été frappé par une discussion qu’il a eue avec Michel Serres. Et, comme il ne peut pas faire une phrase sans citer Hannah Arendt, j’ai voulu connaître celle qui l’inspirait. Voici  des questions que je me suis posées en lisant Hannah Arendt. (PS. Une analyse complémentaire montre que je suis hors sujet, à 180°. La raison d'une erreur aussi complète est une question extrêmement intéressante...)

La philosophie comme rationalisation ?
Depuis que je m’intéresse à la philosophie, elle me paraît une rationalisation des conditions de vie de ceux qui la conçoivent. N’est-ce pas le cas pour Hannah Arendt ? Ne crée-t-elle pas une théorie à l’image de la communauté d’intellectuels dans laquelle elle a vécu en Allemagne ?

Héritage de la pensée allemande ?
L’Allemagne d’alors refuse le progrès et les Lumières. Et Heidegger, le maître d’Hannah Arendt, recherche l’âge d’or dans une Grèce fantasmée, dont l’Allemagne serait l’héritière.

Apologie d'une élite irresponsable ?
Si je lis correctement, seul un petit nombre peut porter le titre d’homme. Le reste n’est que bêtes de somme. Et cette élite me paraît avoir tendance à l’irresponsabilité. Les conséquences de son action ne sont-elles pas imprévisibles ? Face à cette imprévisibilité Hannah Arendt parle de « pardon » et de « promesse ». Le pardon (comme celui qu’elle a donné à Heidegger ?) casse apparemment la chaîne des conséquences que pourraient avoir, pour son auteur, un acte malencontreux. Quant à la promesse, il ne semble pas que ce soit un engagement de limiter les externalités négatives de ses actes, une forme de responsabilité, mais un pacte entre élus, qui les rendent solidaires. Ainsi, peut-être, ne peuvent-ils pas se plaindre de ce qu’engendrent leurs actes ? Quant au reste de l’humanité, bestiale, elle n’a rien à dire ?

Justification du néoconservatisme américain ?
J’ai lu que les élèves d’Heidegger, notamment Léo Strauss, ont été les maîtres à penser des neocon américains. L’œuvre d’Hannah Arendt dit effectivement, comme le neocon, qu’il faut croire en la vérité qui est en nous, qu’il faut nier le relativisme.
Je ne suis pas certain qu’elle ait prévu les conséquences de ses idées. Car ce que nous avons au fond de nous est différent d’une personne à l’autre (il est conditionné par notre environnement social). C’est donc la recette de l’intolérance et de l’affrontement. D’ailleurs, le Dieu du neocon n’était-il pas le marché, l’ennemi d’Hannah Arendt ?

Et si la condition de l’être humain était le progrès ?
Avant de lire Hannah Arendt, je n’étais pas loin d’être d’accord avec elle. L’espèce menaçait d’asservir l’homme. J’en suis moins sûr maintenant.
La Grèce à laquelle fait référence Hannah Arendt ne me semble pas avoir existé. Au mieux elle correspond à un bref épisode au temps de Périclès. Ce fut la victoire de l’individualisme et de la raison, le chaos, et l’amorce du déclin pour Athènes. D’où la réaction socialiste de Socrate et Platon. Je me demande, d’ailleurs, si notre histoire n’est pas là. Des moments de révolte individualiste, qui menace d’extinction le groupe. Puis la réaction de celui-ci, qui remet l’individu au pas.
Je me demande aussi si la pensée allemande d’avant guerre et celle d’Hannah Arendt n’expriment pas une forme de haine de l’humanité. En effet, il me semble, avec les Chinois, que ce que nous appelons « progrès » n’est autre qu’une évolution naturelle et inéluctable. Pour autant ce mouvement ne contredit pas ce qui fait l’originalité de l’homme selon Hannah Arendt. En effet, comme un nageur dans un courant, l’homme doit utiliser ses capacités « supérieures » pour se diriger, et tirer parti de la force qui l’entraîne. 

La condition de l’homme moderne, Hannah Arendt

Condition de l’homme moderne (Pocket, 2001). Voici un livre qui me pose bien des questions. Que veut réellement dire Hannah Arendt ? Parle-t-elle à une élite, seule capable de la comprendre ? J’ai essayé de me renseigner. Mais les jugements aseptisés que je lis chez les philosophes qui traitent de son œuvre ne me vont pas. La suite est une interprétation non autorisée et tendancieuse.

Une question fondamentale : qu’est-ce qui fait de nous des hommes ?
A l’origine du livre est une question que nous ferions bien de nous poser, en urgence : qu’est qui fait de nous des hommes, et pas des légumes ? Tout le livre est bâti sur une hypothèse fondamentale : « l’homme » digne de ce nom a des caractéristiques uniques ; elles lui sont données par son environnement (il est « conditionné » pour être un homme).
La question est extraordinairement importante, parce que si elle a effectivement une réponse, elle peut détruire d’entrée de jeu certains projets de société. En particulier le dernier que nous ayons subi : construire la société sur le principe du marché.

L’âge d’or : la Grèce (Athènes ?) présocratique
L’homme semble avoir connu un instant d’épanouissement exceptionnel : la Grèce présocratique. La réponse à notre question s’y trouve. L’homme, digne de ce nom, est fait par l’action « politique ». Les affaires de la cité (la polis de politique) sont décidées par un débat au sein d’une petite élite d’égaux. Ils ne travaillent pas, ils ne sont que parole et action. Ils se sont élevés au dessus des appétits vils. Leur objectif ? L’immortalité. Celle de la cité, et de leurs actions, qui produisent cette immortalité. Autrement dit, la gloire.
Sans dimension collective rien n’est possible. C’est elle qui définit la réalité. (La réalité est ce sur quoi s’accorde le groupe.) C’est surtout elle qui permet à l’homme d’être un homme. Son identité se révèle, a posteriori, par les résultats que son « action » a eus, au cours de sa vie. Donc de ce qu’en a fait le groupe. Point essentiel, et inquiétant : le résultat de l’action est imprévisible. Et agir, c’est naître, puisque c’est dans l’action que se construit l’identité.
Mais, cette action politique n’est pas tout. Au dessus d’elle, après elle, il y a la « contemplation ». L’homme, arrivé à un certain stade de son développement personnel, va aller chercher la vérité au fond de lui-même, dans son « esprit ».
Au bas de la pyramide du développement humain se trouve le travailleur, esclave chez les Grecs. Il obéit exclusivement aux exigences physiologiques. Un rien au dessus est l’artisan. Lui, au moins, produit des objets, donc du un peu durable.

La chute, sans fin, de l’homme déchu
L’histoire humaine est celle de la lutte entre l’homme et l’espèce. Cette dernière veut décérébrer l’homme. En faire un corps. Et elle n’en finit pas de gagner.
Sa victoire commence avec Socrate, premier socialiste. Platon rêve d’un monde d’artisans. La religion catholique vide la contemplation de son sens, en la démocratisant. Mais le pire est la science. Avec Galilée et son télescope (victoire de l’artisan), l’homme découvre un monde nouveau. Il se met à douter de ses sens. Or c’étaient eux qui faisaient la véritable réalité. Du coup, il sombre dans le relativisme. Double effet pervers. Il transforme la signification « d’action » et de « contemplation ». L’action est maintenant expérience scientifique. Rien n’existe sans elle. La contemplation devient la recherche, à l’intérieur de soi, de modèles (mathématiques) qui expliquent l’expérience. Mais cela est auto réalisateur ! Ce que l’homme voit au fond de lui (cf. la psychologie) est l’effet de sa physiologie, l’expression de ses tripes, pas de son esprit. Du coup, il ne peut « comprendre » de ce qui l’entoure que ce qui correspond à ce modèle. Ce qu’il croit objectif ne l’est donc pas. Il est prisonnier de sa physiologie ! Il n’est plus qu’un élément d’un énorme tube digestif.
Ce qui est étrange est que l’avilissement de l’homme est sans fond. La victoire de l’artisan a amené celle du travailleur (bête de somme). La division du travail a fait de nous des rouages d’un processus qui produit pour la consommation. Autrement dit rien d’immortel n’en sort. L’espèce a gagné. C’est d’ailleurs ce que signifie la victoire de l’économie. Chez les Grecs et les Romains, l’économie est la gestion de la maison. Or, ses préoccupations, alimentaires, régissent le monde moderne ! Pire, la machine menace de travailler à notre place. Nous privant ainsi de notre dernière raison d'être !

(Ce que cela m'inspire suit.)

samedi 20 avril 2013

Il n'y a plus d'effet de serre

Comment nous sauver de l'effet de serre ? Un marché des droits à émettre du CO2 ! disent The Economist et beaucoup de personnes éminentes. Or, l'Europe vient de tuer le sien. Et il était un modèle pour le reste du monde ! Qu'est-ce que ceci signifie ? Plusieurs possibilités :
  • Dennis Meadows pense que l'humanité ne peut vivre que dans une forme de spéculation. Elle ne peut prévenir. Cette fois-ci, elle ne devrait pas pouvoir guérir non plus.
  • Lorsque l'humanité souffre, il n'est pas possible de lui demander de faire des choses intelligentes. Si l'on veut faire approuver des mesures qui agissent sur l'effet de serre, il faut commencer par réduire la souffrance collective.
  • Le marché ne peut, peut-être, pas être vertueux. Quoi qu'en dise The Economist. Et si les grands problèmes de l'espèce ne pouvaient être réglés que par une action collective dirigiste ? Et si le lobby patronal qui a apparemment contribué à torpiller ce marché s'était tiré dans les pieds ? 

vendredi 19 avril 2013

L’administration des impôts et le changement en France

Semaine dernière. Impôts annuels du Cabinet Faurie. A payer avant lundi. Mon comptable découvre que je dois faire l’opération par Internet. Je règle déjà ma TVA comme cela, mais les impôts, c’est spécial, il faut que je fasse une nouvelle demande. Je dépose cette demande, mercredi, directement à la perception. On m’a dit qu’elle serait prise en compte dans les 48h. Samedi, la ligne de déclaration de l’IS apparaît dans mon « espace abonné ». Mais elle ne fonctionne pas. Il faut faire un virement direct. Un versement par Internet devrait convenir. Mais mon mot de passe ne va plus. J’en demande un nouveau à mon agence bancaire, qui, heureusement, est ouverte. Mais voilà que le système ne veut pas du RIB des impôts. Apparemment, il y a eu un changement de norme. Nouveau passage à l’agence. Elle a un moyen pour saisir le dit RIB, sans passer par les nouvelles conventions. Sur quoi je vais déposer à la perception la copie de ma déclaration, que m’a envoyée mon comptable, avec un mot d’explication.

Je pense que les choses ne se seraient pas passées ainsi en Allemagne. Le contribuable Faurie n’aurait pas tremblé devant le bon plaisir d’une administration toute puissante. Il lui aurait dit que ce n’était pas à lui de s’adapter à elle, mais que les sociétés ont des règles, et qu’elle doit les suivre.

On voit surtout ici, dans la banque et aux impôts, ce qu’est un changement à la française. Probablement, une décision prise en trente secondes par un important personnage. Sans aucun souci de détails pratique ou d'une quelconque responsabilité vis-à-vis du citoyen ou du client. Il en résulte un système dysfonctionnel par nature. Le grouillot, informaticien, fonctionnaire, banquier ou contribuable est contraint à l’exploit pour le faire marcher. 

jeudi 18 avril 2013

Socialisation des pertes et union bancaire

Paul Krugman explique que la politique européenne de rigueur est stupide. La crise n’est pas due à la mauvaise gestion des Etats. Mais à l’euro qui a suscité un grand moment d'irrationalité. Il a entraîné une inflation à la « périphérie » de la zone accompagnée d'une bulle spéculative financière. La dite périphérie s’est retrouvée avec une économie non compétitive, et des banques en faillite dont elle a dû socialiser les pertes.

En fait, ce concept de socialisation des pertes dépasse la finance. M.Obama a socialisé celles de Detroit parce que son savoir-faire est critique pour les USA. Il profite à l’économie nationale. Par exemple, GM est vu comme étant à l’origine des sciences du management. Il en est de même en France : sans aviation nous n’aurions pas eu de leader mondial de la CFAO (Dassault Systèmes). Et il y a la question écologique. Une entreprise part en faillite. Elle laisse derrière elle des installations dangereuses pour l’environnement. Qui va s’en occuper ?

Tout ceci semble plaider pour une gestion patrimoniale de l’économie. Arrive alors la question de l’Union bancaire européenne. Son idée est de désolidariser le secteur financier des Etats. S’il connaît une faillite, ses membres doivent s’auto dépanner. Du coup, Chypre pourra posséder un secteur bancaire de 100 fois son PIB sans que cela préoccupe qui que ce soit. Et rien n’empêche tout le système européen de faire faillite. La zone euro est alors solidairement responsable… 

Sommes-nous prêts à ce scénario ? Si non, qu’est-ce que cela signifie ? Que nous devons réduire la taille des banques nationales pour que nos Etats puissent les assurer ? Ce qui ne peut que ralentir l’économie ? Ce qui explique l’enthousiasme des milieux économiques pour l’Union bancaire ? Elle nous promet Armageddon, mais pour après demain ?

Mais pourquoi n’avons-nous pas ce débat en France ? Je me demande si ce n'est pas là la question première.

Qu’est-ce qui rend un couple durable ?

Les gens me parlent de ce qui les préoccupe. Notamment de la solidité du couple. Une question bien théorique pour un célibataire. J’espérais trouver une réponse dans les traités des sociologie des organisations. Mais je n’ai rien lu de convainquant. Cependant, petit à petit, j’ai constitué un échafaudage qui commence à avoir une certaine cohérence.
  • Premier résultat : par nature le couple ne peut pas être durable. En effet, les psychologues expliquent le divorce par les caractéristiques émotionnelles de l’homme et de la femme. L’homme est fait pour vivre, la plupart du temps, avec des hommes, et la femme avec des femmes. C’est d’ailleurs comme ceci que la société a fonctionné pendant des millénaires. D’après ces travaux le couple moderne est une utopie. Sauf s’il est homosexuel ! La relative solidité des ménages de la haute société semble confirmer cette idée : il est bâti sur un modèle d’ancien régime, avec femme au foyer.
  • Mais l’affaire n’est peut-être pas désespérée. Je crois qu’il y a un moyen de construire un couple digne de ce nom. C’est le conflit. En effet, on peut interpréter les travaux sur le sujet comme indiquant que la phase constitutive de n’importe quel groupe est un conflit (voir ce qui est dit des travaux de Robert Axelrod, ici). Ce conflit a une logique. Son objectif est d’établir des lois qui paraissent justes aux uns et aux autres (c’est une forme de contrat, mais implicite). Le sens du conflit est d’amener chacun à respecter (apprécier) l’autre. C'est-à-dire à se pénétrer de ce qui compte réellement pour lui. Le conflit résulte de ce que l’un veut imposer à l’autre ce qui lui semble naturel, alors que, pour ce dernier, c’est grossièrement inadmissible. Les guerres illustrent parfaitement ce mécanisme.
Bref, pour constituer un couple durable, si ce qui précède est correct :
  1. débarrassez-vous de vos illusions 
  2. choisissez un ennemi digne de vous 
  3. préparez-vous à en découdre. Le jeu en vaut d’ailleurs la chandelle : ce n’est pas tous les jours que l’on réalise une utopie !

mercredi 17 avril 2013

Les idées fausses qui nous gouvernent

Depuis longtemps, les économistes anglo-saxons parlent d'une étude qui fait autorité. Elle a été écrite par des universitaires éminents. Elle démontre qu'au delà d'un certain niveau d'endettement (90%) les Etats font faillite. (Si j'ai bien compris.) Apparemment elle serait un des arguments majeurs justifiant la rigueur. (Bien sûr, on n'en parle pas en France. On applique les idées des autres, sans discuter.)

Eh bien, il semblerait qu'elle soit fausse. On n'est pas loin de croire que les dits universitaires ont manipulé les chiffres...  Ce qui semble signifier que le sort de la planète est entre les mains d'idéologues, convaincus que l'Etat personnifie le mal. Pour le reste, la fin justifie les moyens. N'est-ce pas un peu inquiétant, et légèrement plus important que l'affaire Cahuzac ?

Pourquoi les Allemands ne sont-ils pas prêteurs ?

Il semble bien qu’il y ait un problème de distribution de richesses en Allemagne.
  • Premièrement, la richesse en Allemagne est hautement concentrée dans la tranche supérieure de la distribution des revenus
  • Deuxièmement, une grande partie de la richesse allemande n’est pas détenue par les ménages, et donc doit être détenue par les entreprises ou le gouvernement.
(…) l’opposition de l’Allemagne aux transferts vers le sud trouve son origine non dans le richesse du pays. L’Allemagne est un des pays les plus riches de la zone euro. Le problème est que la richesse est distribuée de manière inégalitaire. (L’article.)
Cercle vertueux ? Les réformes Schröder déplacent la richesse des pauvres vers les riches, les entreprises et l’Etat. Les pauvres, qui contrôlent la démocratie allemande, ne veulent donc plus aider qui que ce soit. Pour cette raison, il faut appliquer partout les réformes Schröder.

On notera au passage que, de Schröder, à Blair, en passant par Clinton, la gauche aura été le fer de lance du démantèlement de la protection sociale en Occident. 

Croissance = appauvrissement ?

Intéressant article de MM. McDonough et Braungart. Nos techniques agricoles détruisent le potentiel productif de la terre. Par exemple, le phosphate. En arrosant le sol, on l'appauvrit en phosphate. Car il a la particularité de se combiner avec ce qu'il trouve sur son passage. Il devient donc inexploitable et peut produire des désastres écologiques. Il faut aller en chercher d'autre dans les mines. Cercle vicieux.

L'erreur que nous commettons semble avant tout une erreur de raisonnement. Nous avons une comptabilité de production, et non de stock, de potentiel. Et notre production détruit les ressources qui nous sont nécessaires. Par contre, les processus naturels, eux, suivent la logique du renouvellement.

Si j'en crois l'article, adopter cette logique ne serait pas une grande révolution. (Par exemple notre urine contient 50% du phosphate dont a besoin notre corps, et on sait le récupérer.) Cela pourrait résoudre beaucoup de problèmes modernes. En particulier énergétiques.

mardi 16 avril 2013

Du bus 84 et de l'art du changement

J'attends avec quelques personnes le bus 84. Je ne le prends jamais d'ordinaire. Curieux, l'afficheur d'horaires ne marche pas. Dysfonctionnement technique probablement. Le bus finit par arriver. En fait, il s'est trompé. Il n'aurait pas dû emprunter ce chemin. Compte-tenu des voitures qui ont envahi son arrêt, la RATP a décidé de ne plus passer par là...

Et voilà, la France et le changement à leur meilleur. L'automobiliste se gare n'importe où sans qu'il lui arrive quoi que ce soit ; la RATP décide de changer ses parcours sans se préoccuper de ses usagers ; et finalement tout se finit bien parce que ses employés n'ont pas respecté ses consignes... Pays de bricoleurs !

Internet a-t-il fait de nous des médiocres ?

Dans sa lettre, Jeanne Bordeau dit ceci :
Internet favorise et attise la comparaison des prix et développe, notamment chez les jeunes générations, un comportement de recherche systématique du prix le plus bas « A cet égard, il est symptomatique de relever le changement de connotation sémantique du terme « radin » : alors qu'il a longtemps désigné un défaut rédhibitoire, il est aujourd'hui plutôt considéré comme une qualité et immédiatement associé à l'adjectif « malin ». On en vient même à parler aujourd'hui des fameux « radins-malins » et les entreprises n'ont pas manqué de reprendre à leur compte cette expression » (Emmanuel Combe, Le low cost, La Découverte, 2011.)
Radin-Malin serait-il la traduction française de Lean and Mean ? (Que j'entendais plutôt comme maigre et méchant). Internet a-t-il fait entrer dans notre culture une partie de l'anglo-saxonne ? Cette culture glorifierait-elle l'égoïsme de la médiocrité et le calcul matérialiste minable ?

lundi 15 avril 2013

Le marché a tué notre intelligence

Cette semaine The Economist parle de Margaret Thatcher, « combattante de la liberté ». Mais le Thatcherisme n’a plus rien à voir avec Mme Thatcher. Elle croyait simplement en « la supériorité de l’entreprise privée sur la propriété publique », ses partisans modernes ont transformé ses idées en un mélange d’ « euroscepticisme, de xénophobie, d’amour aveugle des USA, et de méfiance instinctive vis-à-vis de la réglementation, quelle qu’elle soit ». Le plus curieux, je crois, c’est que l’on accorde autant d’importance à Mme Thatcher. Car, ce n’est pas elle qui a fait le printemps libéral. Elle est le fruit d’un changement social. La société occidentale a décidé, en 68 ?, de rejeter le modèle qu’elle avait adopté après guerre. Elle s’est donné les hommes politiques qui allaient avec son nouveau programme.

Curieusement aussi, personne ne semble voir que l'héritage de Mme Thatcher est devant nos yeux. C'est le chaos. Ce qui me frappe en particulier est à quel point le monde est paumé. Le tout marché a balayé toute autre pensée. On ne sait plus par quel bout prendre la crise. En Europe, Mme Merkel est maintenant « en marche arrière ». Elle ne veut plus des mesures de renforcement de l’Europe que jusque-là elle poussait. La Slovénie pourrait suivre Chypre dans la faillite. « Durant des années les banquiers ont prêté de grosses sommes à leurs amis, beaucoup ses sont servis de cet argent pour les entreprises qu’ils dirigeaient, utilisant leurs actifs comme garantie. » Les entreprises sont en faillite, les banques aussi. (Et s'il était temps de se demander pourquoi des pays aussi fragiles sont entrés dans l'UE ?) Et le Portugal, meilleur élève de la rigueur, s’enfonce. Son peuple s’impatiente. Si Mme Merkel ne lâche pas de mou, le pire est à craindre. « Si la croissance ne repart pas, il pourrait arriver qu’un pays décide, comme à l’époque de l’étalon or dans les années 30, que la souffrance des ajustements est pire que le risque de sortir. » Comme souvent lorsque l’on est perdu, on en arrive à des gestes désespérés, ou à réutiliser ce qui a échoué. Au Japon un gouvernement de machos veut relancer l’inflation. Remède de cheval : usage massif de la planche à billets. Personne ne sait ce que ça peut donner. Et si l’inflation faisait exploser le prix de la dette d’un pays surendetté ? Dans la série apprentis sorciers, le Bitcoin. Les informaticiens expérimentent des formes de monnaies électroniques. C’est mondial, et il  n’y a aucune réglementation. Quant à l’Angleterre, elle est incapable de maîtriser ses achats d’armement. Comme aux meilleures heures du Thatchérisme, elle a décidé de les confier au secteur privé. Probablement à une entreprise américaine. The Economist doute qu’il soit plus facile de contrôler une entreprise privée que le secteur public. Et que la mesure soit dans l’intérêt du pays. Je suis d’accord.

Ailleurs dans le monde, M.Obama essaie de détacher les quelques Républicains dont il a besoin pour voter ses lois. Et ceux-ci commencent à découvrir qu’ils ont intérêt à transiger. S’ils demeurent les représentants des blancs, les lois de la démographie vont les rayer de la carte. La CIA reverrait sa mission. Après le 11 septembre, elle a eu à nouveau le droit de tuer. Elle a d’abord eu recours au privé, pour torturer sans procès. Mais M.Obama a mis un terme à ses pratiques. Ce qui l’a forcée à passer à l’élimination sommaire par drone. Du coup, elle n’a plus le temps d’espionner. Ce qui a conduit les USA a être surpris par les derniers développements géopolitiques. Elle devrait donc laisser les meurtres à l’armée et en revenir à son métier d’origine. Au Venezuela, M.Chavez serait remplacé par un naze et une clique inquiétante.

Psychologie de crise, pour finir. Une étude montre que : « un stress quotidien, apparemment trivial, à long terme fait des ravages dans la santé mentale ». Autre héritage du Thatchérisme ?

Hygiène de l’altruiste

Si vous êtes un altruiste fatigué d’être exploité – ou quelqu’un qui dirige des altruistes incapables de contrôler leur temps – écoutez. Quand les âmes altruistes font la différence entre générosité et timidité, et se préoccupent moins des sentiments des autres et plus de leurs motifs, ils évitent le surmenage – ou d’aider ceux qui ne veulent que s’aider.
Présentation par Harvard Business Review d’un de ses articles : In the Company of Givers and Takers. Excellent conseil me semble-t-il…

Mais l’altruisme peut-il être calculateur ? Il l’est par la force des choses. Mon exemple. J’aide beaucoup. Mais arrive, toujours, le moment du bilan. Je suis épuisé, débordé, privé de vacances depuis des années, je ne fais rien de ce qui m’intéresse. Pourquoi ? Bénévolat à dose massive. Résultat ? Je n’ai pas les moyens d’aller au bout de ce dans quoi je me suis engagé. Je suis un altruiste irresponsable. Je pave l’enfer de bonnes intentions.

Pour que le coup de cœur soit efficace, il faut qu’il fasse intervenir, pas trop tard, la raison ?

dimanche 14 avril 2013

La compétitivité est-elle has been ?

Les entreprises durables ont-elles quelque chose en commun ? Ces chercheurs de Deloitte n’ont pas pu trouver la réponse dans les chiffres. Jusqu’à ce qu’ils regardent non pas ce que faisaient les entreprises mais ce que pensaient leurs dirigeants. Le dénominateur commun : les règles qu’ils utilisaient pour décider et les stratégies qu’ils suivaient. Préférez la différenciation à la concurrence par les prix, concentrez-vous sur les revenus plutôt que sur les coûts. Et la troisième règle ? Il n’y en a pas.
Présentation de Three Rules for Making a Company Truly Great, par Harvard Business Review. Voilà qui est révolutionnaire.

Vous avez entendu parler du « choc de compétitivité » ? Ceux qui ont eu cette idée sont des nazes disent Deloitte et HBR. Ce qui fait la prospérité d’une entreprise, et d’une économie, ce n’est pas la compétitivité, l'individu qui travaille de plus en plus pour de moins en moins, c’est la différence !

Curieusement, l'idée n'est pas neuve. Elle est tellement peu originale qu'elle a été écrite par Jean-Baptiste Say aux débuts de l'économie moderne. La logique du marché est l’échange. Et on n’échange que des choses qui sont « différentes ». Plus il y a de différence, plus le marché se développe.  

Et c’est une bonne nouvelle. Car la différenciation ne demande pas de moyens, pas de sacrifice. Juste du talent. Et nous en avons beaucoup en France. Non ?

Le manifeste de Jeanne Bordeau

Jeanne Bordeau, spécialiste du langage d'entreprise, interpelle le dirigeant :
Dans ce manifeste qui vient de paraître aux Editions de l'Institut de la qualité de l'expression, Jeanne Bordeau interpelle les dirigeants d'entreprises françaises et internationales, sur la qualité de la langue utilisée dans leurs messages et les invite à une prise de conscience urgente.
Désormais, le numérique est le poumon de l'entreprise. La com' n'est plus l'affaire d'un seul homme ni d'un service. C'est à chaque instant, au fil des réseaux sociaux, que le langage des dirigeants est bousculé. Converser, échanger, témoigner, sont les nouvelles exigences des collaborateurs et des clients.
On trouve dans ce manifeste des questions essentielles posées aux dirigeants :
- Où se place votre autorité lorsque tout collaborateur et tout client peut désormais faire et défaire la réputation de l'entreprise et de la marque en quelques posts ou quelques tweets ?
- Ces innombrables écrits numériques sont-ils en cohérence avec vos propres discours et tous les autres messages ? 
Je suis d'accord avec ce texte, à un point prêt. Pourquoi céder à la mode qui veut qu'Internet ait tout changé ? Ce que dit Jeanne Bordeau a toujours été vrai. D'ailleurs, les techniques qu'elle emploie n'en appellent-elles pas aux Grecs anciens ?

Ce qui me semble nouveau, en revanche, c'est qu'après quelques décennies de croyance au père Noël, nous devenons méfiants. C'est pour cela que les beaux jours du sophisme sont finis.

samedi 13 avril 2013

Cahuzac, le bouc émissaire ?

Cette semaine, j'ai vu passer plusieurs articles sur M.Cahuzac. On y découvre qu'il s'était déclaré généraliste, ce qui était bon pour sa retraite (erreur administrative ? Il n'aurait pas été le seul à en profiter.) ; que la profession médicale juge qu'il a sali sa réputation ; qu'il est victime d'une chasse à l'homme.

Cela doit certainement montrer que nous sommes irréprochables. Les médecins les premiers, qui sont sans nul doute des oies blanches en termes de respect du fisc. Ne faut-il pas n'avoir jamais pêché pour lancer la première pierre ? Ce qui prouve aussi, par exemple, que le mauvais classement de notre pays en termes de corruption, est certainement injustifié. A moins que M.Cahuzac ne soit une sorte de bouc émissaire ? Qu'en l'accusant nous nous lavions de nos arrangements avec la loi ?

Les Braises

L’éditeur prétend que Sandor Marai est l’égal de Schnitzler ou de Zweig. Pas du tout d’accord.

Je concède qu'il n'a pas eu de chance. Son traducteur est certainement mauvais. Mais ce roman n’a rien de ce qui fait le prix et l’élégance de Schnitzler et de Zweig. C’est une métaphore bien lourde des raisons de la dislocation de la Hongrie du siècle dernier. On se croirait dans une fable neocon. Le Hongrois était rustre, mais riche, courageux et honnête. Il a été trahi par les peuples de bâtards métèques, parasites et cultivés qui vivaient à ses crochets. 

vendredi 12 avril 2013

Johnny Cash et l’Amérique éternelle

Johnny Cash est une célébrité de la chanson américaine. Ses succès les plus grands ont été enregistrés dans des pénitenciers, en 68. En l’écoutant, on comprend pourquoi. Ses héros sont des mauvais garçons. Pour la plupart ils terminent en prison, ou au bout d’une corde. Mais ils ne prennent pas mal les choses. C’est la vie. Elle est dure et il en faut peu pour commettre un crime. Risque professionnel, en quelques sortes. D’ailleurs, pour l’affronter, il faut être un bagarreur. Le bon père est celui qui donne à son fils l’envie d’en découdre. Par exemple en lui donnant un nom de fille.

La culture nous prépare-t-elle à la vie ?

(Autre détail curieux pour un Européen : Johnny Cash aurait été appelé "J.R." par ses parents. Ils n'auraient trouvé rien de mieux à lui donner comme prénom. Si j'en crois wikipedia.)

jeudi 11 avril 2013

Comment décupler le taux de succès des entreprises ?

Nicolas Evain aurait-il trouvé une solution à un problème grave : le faible taux de succès de la création d’entreprise ?

Qui est Nicolas Evain ? C’est le fondateur d’Irinove. Irinove est, en soi, un concept élégant. Il s’agit de détecter le potentiel d’innovation d’une PME et de chercher, en Europe, un groupe d’entrepreneurs qui s'associe à elle dans le cadre d’un projet, financé par l’UE. Non seulement la PME innove, mais elle obtient des crédits qui jusque-là lui étaient inaccessibles. Et, en plus, à un moment où l'argent est rare !
Et maintenant, son idée : 
nous avons imaginé une solution qui vise à encadrer le dirigeant de start-up comme le ferait n’importe quelle grande entreprise s’agissant de surcroît d’un projet innovant. Il ne s’agit pas de brider le patron de start-up mais de lui apporter l’environnement et les ressources dont dispose n’importe quel chef de projet ou directeur de programme dans un groupe. Pourquoi ? Tout simplement parce que 9 Start-up sur 10 échouent à franchir le seuil de rentabilité alors que 9 projets industriels sur 10 réussissent malgré de nombreux aléas et problèmes rencontrés en route.
Et si ce qui manquait à l’entrepreneur était, simplement, quelques garde-fous ? Des gardes-fous montés en série dans la grande entreprise ? 

Vacances et entrepreneur

Depuis que je travaille avec des entrepreneurs, quelque chose m’a frappé. L’importance des vacances pour eux. Et ce même si leur entreprise est en construction et ne rapporte pas un centime ! Ils semblent insensibles à l’inquiétude.

Alors qu’ils critiquent la France et son hostilité à l’entreprise, avec ses ponts, ses RTT, ses magasins fermés le dimanche… Ils prennent de longs repos et profitent à plein des jours fériés. Alors, ils ne répondent plus à leurs mails.

J’en déduis que les vacances doivent être un élément fondamental de notre culture. Ou peut-être que le rythme du fonctionnaire est bâti en nous ?

(Sur le même sujet : Le Français et l’entrepreneuriat.)

mercredi 10 avril 2013

Pauvres Allemands, riches Chypriotes, ou les illusions de l'euro

Les Grecs, les Chypriotes et les Espagnols sont ils (beaucoup) plus riches que les Allemands ? Depuis quelques temps on parle d’une étude qui le montrerait.

A y regarder de plus près, on découvre que ce qui fait la fortune du sud, c’est une bulle immobilière spéculative. Et que les Chypriotes dépensent 30% de leurs revenus en alimentation contre 15,6% pour les Allemands. Autrement dit, ce que nous valons en euros n’a aucune signification.

L’étude révèle aussi de fortes inégalités en Allemagne même. Serait-ce pour cela que ce pays est aussi hargneux ? Son apparente prospérité masque la souffrance d'une partie de son peuple ?

Doit-on lire ces chiffres comme la démonstration qu’une économie construite sur les lois du marché n’est qu’un miroir aux alouettes, et que les réformes allemandes ne sont pas une solution, mais un problème ?

Comment être un leader du changement, pour les nuls

Charles Ernest Butler - King ArthurLes livres de management expliquent comment mener le changement idéal. Celui qui transforme les entreprises du tout au tout. Pas les miens. En effet, je ne crois pas au miracle. Mon expérience me montre que le changement ne se fait qu’en crise. Et lorsqu’il parvient à transformer l’entreprise c’est, beaucoup, par hasard. En quelque sorte, en ayant procédé dans le désordre.

Mais, après tout, peut-être existe-t-il des dirigeants qui sont prêts à faire les choses correctement ? Ce billet leur est destiné. Mon expérience rejoint, en fait, ce que l’on lit dans les livres de management. Ce qui ne s’y trouve pas, c’est à quel point l’art est difficile !

Première étape : une envie et un engagement
La première étape du changement est le « projet d’entreprise » des livres de management. Il s’agit de trouver un cap à long terme pour l’entreprise, quelque chose qui va la « transporter ».
La technique à adopter, curieusement, est relativement simple. Et elle m’a fourni mes plus mémorables missions de conseil.
Il  s’agit en premier de cerner l’identité de l’entreprise. Ce qu’elle est. Cela se fait en analysant son histoire et ses actes. Ce qu’elle réussit et ce qu’elle rate. Puis on fait de la prospective. Comment évolue le (son) monde ? Et, alors, on se demande ce que l’entreprise a « envie » de faire. En quoi, elle peut changer l’Histoire. Et surtout en quoi elle est la seule à pouvoir réussir. Ce genre d’exercice provoque un enthousiasme extraordinaire. Sorte de nuit du 4 août.
C’est alors que les choses se compliquent. Parce que, pour mener à terme ces envies, il va falloir suivre un cap qui ne peut que faire rencontrer des icebergs. L’entreprise doit prendre des engagements, décréter une sorte de ligne de conduite, des règles du jeu auxquelles elle ne peut pas déroger, et s’y tenir ferme. En effet, tout fléchissement, tout arrangement avec la rigueur, produit une démotivation immédiate et irrémédiable. C’est une trahison. Très peu d’entreprises sont capables de cette fermeté.

Deuxième étape : retrouver l’a priori du succès
Arrivé à ce point, on constate que l’entreprise connaît une forme de dépression. Elle rate tout parce qu’elle croit qu’elle est condamnée à tout rater. D’ailleurs elle vous démontre mathématiquement, par le menu, qu’elle est maudite. Le sort lui est hostile. L’Etat, son dirigeant, ses employés, ses clients… sont grossièrement incompétents, et malfaisants. Il faut donc la recoder. Lui rendre l’optimisme. Lui montrer qu’elle a en elle l’étoffe des héros. Pour cela, il faut concevoir un premier changement qui réussisse. Il y a des techniques pour cela. C’est généralement un petit projet à fort contenu symbolique. Il doit montrer deux choses 1) que l’on peut réussir ; 2) comment s’y prendre pour réussir (par exemple en équipe, alors que le chacun pour soi régnait en maître). Alors, la nouvelle du succès se répand comme une traînée de poudre. D’un coup, tout le monde a envie de faire sauter ce qui lui pourrit la vie. Autre grand moment d’une carrière de consultant !

Troisième étape : in quiétude et curiosité
Les changements qui viennent ensuite sont beaucoup plus faciles que le premier. Le risque est grand de s’endormir sur ses lauriers. Comment ne pas se faire piéger ? La question qui se pose alors est celle de l’amélioration continue.
J’ai constaté aussi que le succès suscitait l’envie de tenter, l’amour de la nouveauté. Et qu’ils peuvent être cultivés. Par exemple en mobilisant régulièrement l’entreprise dans des débats portant sur des sujets modestes mais stratégiques. Ce type de processus produit une extraordinaire créativité. En effet, le Français est, par nature, un homme d’idées. Et il est terriblement content de sortir du rôle d’exécution que lui donne l’entreprise pour pouvoir les exprimer.
Mais ce n’est pas le fin mot de l’histoire. Cela fait très longtemps que je réfléchis à la question, et j’en suis arrivé à croire que la véritable assurance sur la vie d’une entreprise est « l’in quiétude ». Il ne s’agit pas d’être pathologiquement stressé. « L’in quiétude » est, simplement, ne pas dormir sur ses deux oreilles. Peut-on décider d’être « in quiet » ? Non. Ça ne s’apprend pas me semble-t-il. Mais il existe des gens qui le sont naturellement, et à juste titre. Il faut se les associer. 

mardi 9 avril 2013

Margaret Thatcher et l’hiver nucléaire

Le journaliste est affligeant. Hier je lisais dans le Monde que Mme Thatcher avait été boursière à Oxford. C’est faux. Elle appartient à une famille aisée qui lui a payé de coûteuses études. De même que son ascension politique n’a pas été difficile. Elle était haïe par ses pairs, mais ils avaient besoin d’une femme dans leurs rangs. Ce matin un chroniquer de France Culture racontait que le Thatchérisme avait amené le PIB par habitant anglais de 10% au dessous du niveau français à dix % au dessus (preuves ?). Ce qui ignore le fait que la destruction nourrit le PIB, et que le Thatchérisme est une bulle spéculative. D'ailleurs le PIB moyen est-il corrélé avec le bonheur ? Idem, Madame Thatcher n’était pas un être sans cœur : elle haïssait simplement les indigents et l’élite anglaise. Pas plus qu’elle n’est à l’origine du Thatchérisme : elle était beaucoup trop prudente pour cela. Ce sont ses successeurs, principalement de gauche, qui ont enterré le modèle social anglais. (Un texte de référence.)

La mort de Margaret Thatcher est celle d’une utopie. L’utopie d’une société qui serait faite sur le modèle du marché. Une société dans laquelle il n’y aurait plus d’Etat. Dans laquelle nous serions à la fois des clients et des produits. Bref dans laquelle nous n’aurions droit à la santé, à l’éducation, à la sécurité… qu’en fonction de nos revenus (nuls pour beaucoup), et qui nous demanderait d’aller au plus offrant, et ce nonobstant nos liens familiaux, culturels…

Cette utopie a dévasté la planète. Qu’est-ce que l’Etat ? Qu’est-ce que la démocratie ? qu’est-ce que la science ? quel est le sens de la vie ?... Nous n’en savons plus rien. Car tout cela a été manipulé dans un but unique : nous convaincre que le marché était notre Dieu.

Après cet hiver nucléaire, il nous faut réinventer le monde.

Le changement comme judo : principes

Peut-on résumer un cours de conduite du changement en quelques lignes ? Oui. Parce que la réussite du changement tient à peu de choses. Un changement d’attitude. Un exemple pour me faire comprendre.

Changement dans une multinationale
Un changement impose aux troupes d’élites d’une entreprise, des ingénieurs, une nouvelle gestion du disque dur de leur ordinateur ! De qui se moque-t-on ? Ces gens font gagner des (dizaines ?) de milliards à l’entreprise. Ils ont autre chose à faire qu’à s’occuper de leur PC.
Autre formulation. 1) Le projet est un enjeu de société : sécurité des données, suite à des scandales internationaux ; 2) le savoir de l’entreprise n’est pas géré : les « troupes d’élite » sont incapables de retrouver les données qu’elles emmagasinent. Elles ne peuvent ni exploiter leur connaissance, ni en faire profiter leurs collègues. Elles en sont conscientes, et honteuses. C’est indigne d’un ingénieur.

Le changement comme judo
Cet exemple dit tout. Ce qui fait échouer le changement est de l’imposer, sans prendre en compte le point de vue de celui qui doit l’appliquer. Du coup, il lui paraît idiot, et il le rejette. Il ne faut pas chercher une explication plus compliquée à la résistance au changement.
Le principe de la conduite du changement est de partir d’en bas, de celui qui a le pouvoir de faire réussir (et, donc, rater) le changement. Plus exactement, il s’agit de lui faire concevoir le plan qu’il va appliquer. Dans ces conditions, non seulement il ne pourra y résister, mais il le mettra en œuvre immédiatement. C’est du judo.

Organiser l’autonomie de l’organisation
Ceci étant compris, on en arrive au nœud du problème. Il faut que les « hommes clés » du changement se sentent libres et responsables de son succès. Mais aussi, et surtout, il faut s’assurer que le changement va bien donner ce que l’on en attend. Entre anarchie et flicage totalitaire, la frontière est bien mince. Conduire le changement consiste à bâtir un dispositif qui va « organiser l’autonomie » de l’organisation.
Comment y parvient-on ? C’est plus une question de talent que de science. Cependant, sans science, l’échec est assuré. Que dit-elle ?
  • Le dispositif de contrôle du changement propose à l’entreprise un objectif à atteindre, d’intérêt général urgent, et une méthodologie pour ce faire. C’est cette méthodologie qui va encadrer le travail d’élaboration du plan de mise en œuvre du changement. Les deux doivent paraître évidents à tous. Ils doivent y voir la compétence de leur management.
  • La pièce clé du dispositif est l’animation du changement. Elle doit « maîtriser » la résistance au changement. Elle voit arriver les (mini) crises que suscitent le changement, et aide l’organisation à y remédier. Le profil d’animateur du changement est très particulier. Peu de gens sont doués pour cette fonction. Mais on en trouve. D’autant qu’ils sont relativement faciles à repérer. Ce sont des « donneurs d’aide ».
Les erreurs qui tuent le changement
Qui y a-t-il de difficile dans ce qui précède ? Tout. C’est une approche qui, en France, est contre nature. Chez nous, l’entreprise est incapable de préparer quoi que ce soit. Le changement est une improvisation. Elle se caractérise par deux bugs principaux. Tout d’abord une incapacité génétique à communiquer. Je ne sais pas comment elle se débrouille, mais l’entreprise fait systématiquement entendre qu’elle est incompétente et malhonnête. Ensuite, une totale impotence en termes d’animation du changement. Les animateurs qu’elle choisit sont des techniciens dont l’autisme enflamme les inquiétudes, qu’ils sont, d’ailleurs, incapables de percevoir. 

lundi 8 avril 2013

France : pourquoi cette austérité ?

Mon titre est la question que se pose Paul Krugman. Il constate que notre pays emprunte à des taux extrêmement bas. La raison en est que les marchés financiers estiment que la BCE ne lâchera jamais la France.

Dans ces conditions, la politique du gouvernement manque de fondements.


Chine : Internet citoyen ?

L’Internet chinois « sert des intérêts nationaux aussi bien que commerciaux ». Le pouvoir chinois contrôle son Internet de façon à ce qu’il fasse la fortune de ses entreprises, qu’il promeuve sa culture (notamment par le thème des jeux électroniques), et qu’il ne suscite pas de mouvements de foules, susceptibles de le déstabiliser. Le contrôle du dispositif, qui est fortement manuel, fournit un emploi à 100.000 personnes. C’est aussi un moyen pour la bureaucratie centrale de connaître les besoins du peuple et d’y réagir. L’armée a son bataillon de pirates qui cherchent, ailleurs dans le monde, le savoir-faire qui pourrait servir la cause du pays.  Un exemple à imiter ? En tout cas, la Chine exporterait son expérience (principalement vers les pays qui se méfient de la démocratie occidentale).

Par ailleurs, The Economist est inquiet pour la France, ses scandales et son faible président. Ils pourraient entraîner la zone euro par le fond. Et plomber son projet d’Union bancaire, à laquelle The Economist semble très attaché. L’Angleterre s’attaque à son système de sécurité sociale. The Economist, a-t-il lu ce blog ?, pense que ce type de réforme à peu de chances de réussir. Le pays ferait mieux de revoir la philosophie du dispositif, en en faisant une assurance contre les accidents de la vie. Aux USA, comme dans le reste du monde, on est las des partis politiques. Ne défendent-ils pas l’intérêt de quelques-uns plutôt que le collectif ? Tentative de constitution de partis centristes. Mais, en se servant du dit mécontentement, ne vont-ils pas provoquer un rejet de la démocratie ? Ne serait-il pas mieux de faire fonctionner le système existant ? se demande The Economist. Je m’interroge, quant à moi : pourquoi en est-on venu à croire que la seule alternative aux intérêts en place était le populisme ?

La Corée du Nord pourrait-elle déclencher une guerre ? Son nouveau dirigeant est sorti de la gesticulation contrôlée de son prédécesseur. Comportement rationnel, ou acte de folie ? Et le tuteur chinois hésite à intervenir.

Les banques centrales impriment beaucoup d’argent. Ça ne fait pas redécoller l’économie. Les entreprises, qui ont énormément de cash, ne l’investissent pas dans leur outil de production. Elles recherchent des placements financiers à haut rendement. On semble reparti pour une bulle spéculative, si je lis correctement cet article. On en revient même aux subprimes.

Big Data est utilisé pour le recrutement des petits boulots. Ça ne marche pas pour les cadres.

dimanche 7 avril 2013

Rabbin au rabais ?

Hier, une conversation de voisins a attiré mon attention sur le Grand Rabbin de France. On pensait qu’il était agrégé, alors que son nom n’apparaît pas sur les listes de l’agrégation.

Cela m'a rappelé une de mes théories favorites. Celle du sociologue Robert Merton. Elle dit que la société nous donne des objectifs et des moyens autorisés pour les atteindre. Ne pas utiliser ces derniers pour atteindre les premiers est une « innovation ».  Les dernières décennies ont vu une grande quantité de ces innovations, et pas uniquement chez M.Cahuzac, Enron, Goldman Sachs ou dans la finance internationale.

L’explication me semble être l’individualisme, mot d’ordre de cette époque. Non seulement il fixe des objectifs exceptionnels à l’individu, mais, parce qu’il le prive du soutien de la société (qui n’existe plus), il lui complique grandement la tâche. Je soupçonne que ce phénomène explique pourquoi on n’a encore rien trouvé à reprocher au pape : son poste est peu prestigieux, et l’Eglise demeure un réseau social contraignant l’innovation. 

Le démantèlement de l’Etat démocratique

Bureaucratie est devenue un gros mot. Ezra Suleiman, professeur à Princeton, étudie le phénomène de dislocation de l’Etat occidental  (Seuil, 2003).

C’est surprenant, les bureaucraties qui ont souffert le plus de réformes étaient celles qui étaient les moins critiquées des électeurs ! D’ailleurs, il n’y a pas eu de débat sur le fond. Sous la conduite de Bill Clinton, on a réformé pour réformer. Du jour au lendemain, on nous a dit que le concept de citoyen était dépassé ; que nous étions des clients ; que l’Etat vendait des services, et qu’il devait être réactif à nos besoins. Et que la bureaucratie et son inefficacité étaient l’obstacle à la réalisation de nos envies les plus folles.

Qu’ont donné les réformes ? Rien. Parce que les Etats sont des machines extraordinairement compliquées, qu’il est impossible de transformer d’un claquement de doigts. Et, peut-être surtout, qu’elles n’opposent aucune résistance. Elles sont faites pour collaborer avec leur maître. Comme en 40.

En fait, les bureaucraties se sont transformées : elles se sont politisées et ont perdu leur professionnalisme. Mais pas du fait de réformes. Chacun a suivi son intérêt. Le démantèlement de l’Etat ne s’explique pas autrement : depuis quelques décennies nous vivons du dépeçage de notre héritage. Et nous inventons de belles théories pour nous justifier. Temps de paresse bénie ! Gouverner c’était critiquer l’Etat, les hauts fonctionnaires sont passés oligarques, et la privatisation des biens public a fait de grandes fortunes.

Curieusement, les bureaucraties sont devenues, effectivement, réactives. C'est-à-dire qu’elles vivent au jour le jour, crise après crise. Seulement, on découvre qu’elles pourraient bien être la condition sine qua non de la démocratie. Par exemple du principe central du modèle français : l’égalité. Sans une bureaucratie professionnelle, d’élite, non partisane, qui compense l’amateurisme des élus, la démocratie ne peut rien promettre, rien réaliser. Et les hommes politiques, impuissants, ne sont plus légitimes.

samedi 6 avril 2013

Offshore leaks et paradis fiscaux

Des journalistes de partout dans le monde (à l’exclusion de la France) combinent leurs forces et les ressources de Big data. Ils vont dénoncer ceux qui planquent leur argent dans les paradis fiscaux. C’est « offshore leaks ».

Faut-il y voir un revirement de mode ? Hier encore tout était permis aux puissants, aujourd’hui, il y a retour du pendule ? Les forces sociales prennent conscience de leur pouvoir, elles se préparent à déferler sur la liberté individuelle ? Les craintes de Tocqueville vont-elles se matérialiser : demain la dictature de la majorité ?

Jérôme Cahuzac et corruption du capitalisme

Pour The Ecomomist la France est le pays le plus dangereux au monde. La Chine, la Russie ou le Brésil ont été convertis au capitalisme, la Corée du Nord ne demande qu’à être écrasée, Chavez n’a vécu que quelques années, mais la France, elle, ne se réforme pas. L’inquiétude de The Economist est telle qu’il en vient à louer M.Mélenchon. N’a-t-il pas déclaré qu’un impôt (la taxe à 75%) ne devait pas être punitif ?

Mais The Economist a-t-il pris la dimension réelle du danger qu'est l'affaire Cahuzac ? Car M.Cahuzac était probablement le seul homme d'entreprise du gouvernement. Et si les socialistes, voire la France, tiraient de ses mésaventures l’idée que le capitalisme est pourri par nature ? Les sans-culottes sont de retour ? Et, la dernière fois, ils ont conquis l’Europe. Et il n’y avait pas de tunnel sous la Manche… 

vendredi 5 avril 2013

Utopie : mal occidental ?

Et si la caractéristique de nos changements, de notre histoire même était l’utopie, me suis-je demandé récemment. Du coup, j’ai lu Voyages en Utopie, de Georges Jean (Découvertes Gallimard, 1994), livre qu’un collègue m’a offert il y a vingt ans. (Ce qui en dit long sur ce qu’il pensait de moi.)
Qu’est-ce qu’une utopie ? La description d’une organisation sociale idéale.L’histoire de l’utopie commence avec Hippodamos de Millet, à l’époque de Périclès, qui veut construire une cité idéale. Dès le départ, et jusqu’à nos jours, l’urbanisme et l’architecture feront chemin commun avec l’utopie. Puis vient Platon. C’est Thomas More qui donnera à l’utopie son nom (nulle part), et qui va lancer la tradition moderne. L’utopie est, initialement, une critique de la société, qui vise à l’améliorer. Mais, progressivement, elle devient réalité. Un genre littéraire apparaît, la critique de l’utopie (cf. 1984), autre nom du totalitarisme.

Ce livre m’a-t-il amené bien loin ? Tocqueville voyait la Révolution comme la tentative de réaliser une utopie. Il n’en est pas question. De même qu’il n’est pas question de l’Union soviétique, ou de l’Allemagne nazie et de sa pensée völkisch« Tous pensent qu’il convient de substituer des règles simples et élémentaires, puisées dans la raison et dans la loi naturelle, aux coutumes compliquées et traditionnelles qui régissent la société de leur temps » disait Tocqueville des penseurs des Lumières. Utopie, maladie de la raison ?

jeudi 4 avril 2013

Critiquer l’Etat : art national français

- à propos du déficit, un commentateur faisait la remarque que nous avons un problème de riches : on parvient à n'avoir que 3 ou 4% de déficit (rapporté au PIB) alors que les dépenses publiques représentent 54% du même PIB (6 points au-dessus de la moyenne de la zone euro). On en a sous le pied !...
- Bon constat. Alors il faut viser 48% du PIB.
Soudainement un débat enthousiasme mes amis. Ils ont trouvé les sources des maux de la France : le poids de l’Etat. Son incompétence est désolante. Ils se lancent dans une surenchère de conseils.

Moi, cette conversation me déprime. Qui a démontré le lien entre la dépense publique et la performance d’un pays ? Elle varie énormément d’un pays à un autre. En outre, elle a atteint, y compris en Angleterre, des niveaux qui seraient apparus insoutenables il y a quelques décennies. D’ailleurs, la France est-elle particulièrement mal ? Dans quel état seraient l’Allemagne ou les pays du nord si le sud de l’Europe s’effondrait ? Ces pays peuvent-ils prétendre que leur situation est durablement saine ?
Et surtout, mes amis ont-ils réfléchi qu’ils ont peut être quelque-chose à voir dans les prélèvements de l’Etat ? Aux USA une licence dans une bonne université coûte 200.000$. Leurs enfants auraient-ils fait des études s’ils s’y étaient trouvés ? Se permettraient-ils de chercher leur voie pendant plusieurs années ? Et eux, auraient-ils les ressources du chômage pour monter une entreprise, voire des transports en commun subventionnés pour se rendre à leur travail ? Qu’attendent-ils donc pour partir aux USA ?

C’est cela être un assisté : critiquer un système qui vous nourrit. C’est une occupation bien plus agréable que travailler.