mercredi 9 octobre 2013

La révolution MOOCs

MOOCs : l'université sans professeurs. Toutes les grandes écoles et universités s'y mettent, histoire de ne pas se laisser déborder. Cela peut-il marcher ?

J'ai travaillé sur une sujet proche, il y a une douzaine d'années : comment réduire les coûts d'appropriation d'un progiciel de gestion (ERP, CRM...) par une organisation (ce qui s'appelle "conduite du changement"). Réponse subtile :
  • La formation en ligne seule est un flop quasi absolu.
  • Il faut un mélange homme / machine / processus de formation / "parcours pédagogique" (la formation est orientée "expérience marquante" plutôt qu'apprentissage des fonctionnalités type Education nationale, inefficace). On pouvait alors réduire le coût de l'apprentissage par deux, peut-être plus.
  • Un des gros postes de réduction de coût est de remplacer des consultants, inexpérimentés mais très coûteux, par des formateurs, expérimentés mais bon marché. Autrement dit un des grands bénéfices de ce type de formation est d'acquérir une partie de la "rente" des consultants ("rente" = exploitation abusive d'un monopole).
  • La mise au point du dispositif demandait un gros savoir-faire, mais donnait des résultats infiniment meilleurs que ceux d'une formation classique, parce qu'il permettait une sorte de formation individualisée. En effet, l'apprentissage humain procède en quelque sorte par "blocages". Chaque blocage étant propre à un individu. Un processus mixte (autoformation / formateur) permet de concentrer l'énergie du formateur sur le juste nécessaire : la dissolution du blocage.
  • Car le plus gros mérite de l'approche était qu'elle fonctionnait... Les méthodes classiques donnent un très mauvais niveau de maîtrise des nouveaux processus de travail. Une raison en est qu'il y a une sorte d'incommunicabilité entre consultant surdiplômé et théorique et opérationnel baignant dans la réalité de son métier. Pour contourner cette difficulté, on procède par "utilisateurs clés". On demande à des employés modèles de former leurs collègues. Mais 1) ceux-ci rencontrent la même difficulté que l'utilisateur normal : ils ne comprennent pas le consultant ; 2) ce sont des personnels indispensables, très difficiles à immobiliser pour un projet qui peut leur demander une présence à quasi plein temps.
Je me demande s'il n'en serait pas de même pour l'éducation. Les MOOCs peuvent permettre de liquider les rentes de situation des enseignants, et de remplacer la formation en troupeau par une formation individualisée. La mise au point risque d'être longue.

(Une représentation graphique du phénomène MOOCs. Comme pour toute formation à distance, le taux de réussite semble extrêmement faible.)

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