dimanche 13 octobre 2013

Faut-il avoir peur du changement ?

Le billet précédent disait que les techniques que nous employons ont des bases « idéologiques ». Faut-il avoir peur ? 

L’idéologie n’est pas un mal. C’est une hypothèse sur le monde. L’hypothèse est parfois juste. Alors la technique est appropriée.

Technique
Point faible / risque
Point fort / intérêt
Changement dirigé
Pas adapté à une organisation complexe / le changement s’il est trop sommaire peut être perçu comme une agression. Changement totalitaire.
Ne demande pas de connaître l’organisation. Rapide quand le changement est simple / accepté
Changement planifié
Demande de bien connaître l’organisation / phase de préparation décisive. Peut être long et compliqué. Changement démocratique.
Changement demandant peu de moyens / très motivant (tout le monde est responsable)
Changement auto-organisé
Demande une très forte cohésion interne. Problème de la dispersion des ressources. Conflits possibles.
Mal adapté à une grande organisation : le changement « d’en bas », qui voit midi à sa porte, peut détruire ce qu’il ne comprend pas et qui est essentiel à la société. Changement terroriste ou activiste.
Changement tiré par l’initiative de celui qui est le mieux placé pour agir. Bien adapté à une start up.
Changement pour le changement
Destruction de l’organisation et du lien social. Souffrance au travail, suicide. Changement libéral ou anarchiste.
Ne demande pas de connaître l’organisation. Peut permettre de casser des habitudes inefficaces.

C’est pourquoi les techniques qui précèdent ne s’excluent pas. Elles s’emploient en complément les unes des autres. Par exemple, une entreprise peut encourager l’innovation interne « l’intrapreneuriat ». Et la récupérer pour en faire un projet d’entreprise. Ce projet sera mis au point de façon planifiée, puis, une fois tout le monde d’accord, le changement pourra être dirigé.

Le changement pour le changement mérite une mention spéciale. Il a été beaucoup utilisé dernièrement. Il sent le soufre. On l’accuse de souffrance au travail et de suicides. Mais, utilisé à bon escient, il a ses mérites. Il compense un des maux inhérents à la vie en société, qui est la fossilisation, le repli sur soi. Mal chinois, japonais ou français. Le changement pour le changement nous maintient en éveil. Il nous entraîne aux adaptations que la nature demande régulièrement à notre espèce.

Autrement dit, le praticien du changement doit savoir prendre aux idéologies ce qu’elles ont de bon. Et éviter que l’une d’entre elles ne le piège.

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