samedi 14 septembre 2013

Libéralisme et barbarie

Après guerre, les pauvres ont pris le pouvoir, alors ils ont imposé les riches. Aujourd'hui, les riches ont repris le dessus, alors ils se sont débarrassés des impôts. Voici une thèse que je retrouve régulièrement dans The Economist. Autrement dit, l'homme est dirigé par son intérêt financier.

Je ne suis pas sûr que ce soit la seule hypothèse possible. Notre "Etat providence" a été conçu pendant la guerre, dans la clandestinité. A son origine est le Conseil National de la Résistance. Quelle est sa motivation ? Mettre un terme à la guerre et à la barbarie. Et il estime que, justement, ce sont en grande partie les conditions économiques qui l'ont causée. Autrement dit la façon de penser de The Economist a des conséquences imprévues. Pour que l'homme n'ait plus la tentation d'agir en animal, il faut une libération économique. Apparemment cette idée est partagée par la grande majorité de l'opinion publique, à l'exception d'une petite frange, à droite, qui s'en dégagera après guerre. Et ce programme sera appliqué par le général de Gaulle. (Le programme du CNR, une interview de Claire Andrieu sur le sujet.)

Question extraordinairement importante, qu'il aurait peut-être été bon de se poser avant de lancer des réformes libérales : peuvent-elles affecter la condition d'être humain ? Accessoirement, le libéralisme économique ne ferait-il pas, en tout ou partie, cause commune avec ceux qui ont lutté contre la résistance ?

En lisant ce que disait Wikipedia du sujet, je suis tombé sur une citation (de 2007) qui m'a plongé dans un abîme de perplexité.
Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF utilise lui aussi « le programme du CNR » pour désigner l'ensemble des réformes de 1945 : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s'y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

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