jeudi 13 juin 2013

La Poste doit-elle ré humaniser la société ?

J’ai assisté à un débat sur l’avenir de la Poste. Il m’a fait découvrir bien des choses.

La Poste et les postes européennes en général arrivent au moment d’un changement peut-être « violent ». Le trafic des lettres baisse nettement. La Poste croyait compenser les conséquences de cette baisse par les revenus de la Banque Postale, mais, par les temps qui courent, les banques rapportent peu. A cela s’ajoute le fait que la Poste aurait maintenu une mission de service publique implicite, que l’Etat ne rémunérerait pas totalement. Par exemple, elle posséderait 17000 bureaux de postes, alors qu’il ne lui en faudrait que 7600 (voire moins), elle prendrait en charge une partie du surcoût (246m€ dont 170 payés par l’Etat). De même, un membre de l’ARCEP faisait remarquer que la Poste doit assumer un rôle d’employeur local !

Les épisodes précédents sont curieux. 1992, les postes européennes demandent à Bruxelles de leur donner des lignes directrices. Livre vert. 2011, année de la libéralisation totale. Rien ne s’est passé. Car, même là où la libéralisation avait été anticipée, la concurrence est inexistante (10% au mieux, 0,5% en France). Aucun modèle n’en est sorti. On a cru un temps à la poste néerlandaise. Mais, dès qu’elle a été entre les mains du marché, elle a perdu ses activités lucratives. Ce qui reste fait peine à voir. En fait, ce n’est pas la libéralisation mais sa menace qui a fait merveille : elle a permis d’obtenir entre 30 et 40% de gains de productivité ! Voilà qui aurait compensé jusqu’ici la baisse de trafic !

Et l’avenir ? Augmenter méchamment les prix ? Ça marche à l’étranger, sans avoir causé un effondrement du trafic. Mais, attention à se garder des idées reçues ! Le « prospectus » par exemple est loin d’être condamné. C’est une aide à l’achat appréciée de beaucoup de gens. En outre, la dématérialisation avance lentement. Elle ne touche que 10% des factures des opérateurs de télécom, au mieux. Et elle n’intéresse pas ceux que l’on pensait (i.e. les jeunes CSP+). Et il y a plus subtil. Longtemps le facteur a été un lien social critique. Par exemple, on abonnait une personne isolée à un journal, afin que le facteur vienne la voir régulièrement. Or, le recours à la communication électronique, la déshumanisation des relations entre entreprise et individu sont de plus en plus mal vécus. En outre, les mairies aimeraient mutualiser les services qu’elles rendent à leurs administrés : recensement, relèves de compteurs… Et si la Poste devait changer pour ne pas changer ? Réinventer sa raison d’être, le service entendu au sens premier du terme, afin de ré humaniser la société ? 

2 commentaires:

Herve a dit…

Peut-être que la baisse de revenus due à un moindre courrier est compensée par la hausse due à la vente sur internet et au e-commerce? Après tout, pourquoi la Poste n'évoluerait pas avec son temps?

Christophe Faurie a dit…

Je ne sais pas. Il est certain qu'Internet est bon pour les colis.
Je me demande ce qu'aurait comme impact sur le trafic une augmentation du timbre, et quelle est l'importance du délai pour le marché. Je soupçonne qu'il n'a rien de décisif.
Mais faire passer une augmentation de tarif, ou un allongement des délais serait certainement un changement délicat.