mardi 23 avril 2013

Jeanne Bordeau ou le printemps arabe du dirigeant français

La semaine dernière, j’ai assisté au lancement du manifeste de Jeanne Bordeau. (Manifeste que j'ai lu, de surcroît.) Elle interpelle le dirigeant. Elle lui demande de renoncer à ce qu'il est ! Comme Louis XVI en son temps, c’est maintenant son tour de tirer les conséquences du changement qu’il a voulu ?

Que dit Jeanne Bordeau ? Printemps arabe. L’Ancien régime était celui de la parole d’autorité. Le dirigeant parlait. Sa pensée était mise en onde par des professionnels de la manipulation des foules. Internet rend tout cela insupportable. Il nous donne envie de nous le faire (le dirigeant).

Comment le dirigeant peut-il sauver sa tête, Madame Bordeau ? Le traitement est brutal.
Comme me l'enseigne ce blog, écrire pour Internet est un art nouveau et difficile. Jeunes ou vieux, professionnels de l’écriture ou non, très peu de gens le maîtrisent. L’entreprise doit réapprendre à écrire. D’autant que cette écriture est un dialogue instantané tous azimuts !
Ce n’est pas le plus effrayant. Le problème, c’est la cohérence. Internet est une multiplicité de médias, et tout le monde parle. La parole du dirigeant, mesurée, froide et technocratique, est noyée par la logorrhée anarchique et émotionnelle de ses employés, clients, fournisseurs... Internet, c’est la victoire des pulsions des foules sur la raison de l’élite.

Et l’élite pourrait périr par là où elle a pêché. En effet, du temps de mes parents ou de mes grands parents, les employés d’une entreprise étaient mariés avec elle. Ils étaient ce qu’elle était. Aujourd’hui, l’entreprise est faite de mercenaires, liquidables à merci. Comment voulez-vous qu’ils ne profitent pas d’Internet pour vous le faire payer, Monsieur le PDG ?

Il y a pourtant une solution à tout ceci. Simple et élégante. C’est le coming out. C’est l’identité. Qu’est-ce que Jeanne Bordeau entend par là ? Notre identité est ce pour quoi nous sommes prêts à crever. Les valeurs qui sont plus importantes que notre vie. Une fois que vous avez trouvé votre identité, vous pouvez répondre du tac au tac à n’importe quoi. Idem pour l’entreprise.
Comment trouve-t-on son identité ? Par la confrontation, justement. En écoutant, et en répondant. L’identité est ce qui reste lorsque vous avez résisté à toutes les agressions. Bien entendu, si votre identité se résume à « je suis l’élite, je vous méprise », vous ne survivrez pas. Mais, de toute manière, vous ne pouviez espérer mieux. Au moins vous serez tombé la tête haute.

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