jeudi 31 mai 2012

Nouvelles du mois

Quelques-uns des thèmes développés par ce blog, ce mois:

La société mondiale se transforme.
La crise européenne. 

La France et le changement. 
Élections présidentielles. 

Développement durable. Dominique Delmas et sa chronique écolo. Un trésor bien caché (oui, on peut faire mentir le club de Rome !),  Konrad LORENZ et l'effet de SERRES!

Changement. 

Comment les Européens se voient-ils ?

Les Européens souffrent, sauf en Allemagne, où tout va très bien. Ceux de la zone euro sont malheureux d’y être, mais ne veulent pas en sortir. Le libre échange est encore largement approuvé. Les Allemands ont toutes les qualités, sauf aux yeux des Grecs (et encore), et Mme Merkel est universellement louée pour ses décisions.

Voilà ce que je retiens d’une étude sur ce que pense l’Europe d’elle-même.

Je ne suis pas sûr que tout ceci soit d’un grand intérêt. Ces opinions me semblent s’expliquer par deux facteurs principaux : le succès d’un État (s’il réussit, ses habitants sont heureux et le croient bien géré) et des stéréotypes caricaturaux : nord vertueux, sud paresseux. 

Mme Merkel leader du changement européen

Je disais hier que Mme Merkel voulait nous changer. En fait, techniquement parlant, elle est dans une situation compliquée.

En effet, elle ne peut pas utiliser ce que disent mes livres. Leur équation centrale est changement réussi = contrôle. Or, Mme Merkel ne peut pas contrôler ce qui se passe hors de ses frontières. Elle dépend de notre bonne volonté.

Elle se trouve dans une situation étudiée par Thomas Schelling (The strategy of conflict). Celle de la négociation conflictuelle. La stratégie gagnante est de se mettre dans une position d'impuissance totale (dos au mur) et qui force l’autre à prendre une décision qui nous est favorable.

Exemple. Soit deux poids lourds qui foncent l’un vers l’autre. Si l’un des conducteurs jette son volant par la fenêtre, l’autre sera obligé d’aller dans le fossé.

Si l’on suit cette théorie, c’est Mme Merkel qui devrait céder : le sort de l’Europe du sud est incontrôlable. Mais, encore faut-il avoir vu que l’autre camion est sans volant…

Un scénario crédible d’évolution de la zone euro serait un décrochage de la Grèce suivi d’une action violente de protection du reste de la zone. En effet, la 2CV grecque pèse peu dans les comptes allemands, elle ne peut faire des dommages qu’à la France. Par contre, les banques allemandes sont très implantées en Espagne.

Compléments :

La fortune d’HEC

J’ai découvert, en cherchant les coordonnées d’un de ses professeurs, qu’HEC avait une devise : « apprendre à oser ».

De notre président aux étoiles du journalisme et de l’entreprise, HEC fournit l’élite du pays. C’est étonnant à quel point sa cote a changé en peu de temps.

Après guerre, mon père était fort pauvre, et pourtant il a refusé l'occasion de préparer HEC, trouvant cela trop dégradant. Il a préféré une vie misérable d’enseignant, alors qu’il haïssait l’enseignement. D’ailleurs, mes associés d’une époque, des HEC de son âge, qui, eux, avaient fait de très belles carrières, continuaient de traîner le complexe de ne pas avoir été ingénieurs. Ce complexe demeure encore, me semble-t-il : c’est lui qui rend l’HEC modeste et sympathique.

J’ai observé que l’art de (l’ancien ?) HEC est le sophisme, arranger les preuves qui justifient son point de vue. (J’avais d’abord lu la devise d’HEC, « apprendre à causer » !) Pour l’esprit d’un ingénieur, endormi dans une forme de contentement de soi, l’HEC est un extraordinaire stimulant intellectuel.

Si HEC a gagné, c’est sans doute parce que cette formation est la mieux adaptée à notre temps. La culture anglo-saxonne nous a vaincus : nous sommes une nation de boutiquiers

Petit traité de manipulation : qui est le manipulateur?

La manipulation est  une destruction de l’identité humaine. Elle inflige plus que la mort. D’ailleurs, les techniques qui précèdent ont été utilisées avec succès par tous les régimes totalitaires. (Exemple classique : le traitement du héros du 1984 d’Orwell.)

Comme le dit le biologiste Robert Trivers, qui a étudié l’avantage évolutif du mensonge, on ne ment bien que si l’on est convaincu par son mensonge. Pour être malfaisant, le manipulateur devrait être conscient de ses actes, ce qui n’est pas le cas, probablement.

La manipulation est une innovation, au sens de Robert Merton, c’est une tricherie à laquelle nous invite notre société. Car elle, et mon instituteur de CM2, nous a dit que l’individu devait s’épanouir, se libérer des contraintes sociales. Mais le meilleur moyen de réussir, seul, n’est-il pas d’exploiter nos positions de force sociales ? Quand on n’est pas un oligarque, sur quoi avons-nous du pouvoir sinon sur nos proches ?

Un ami libanais me disait qu’il avait été éduqué dans la rue, par son village. Aujourd’hui, la société s’étant distendue, barricadée dans ses demeures, elle n’a plus les moyens de nous mettre à temps dans le droit chemin. Or, plus la manipulation nous réussit, plus elle devient un réflexe inné.

Compléments :
  • TRIVERS, Robert, The Folly of Fools, Basic Books, 2011.
  • Voici un paradoxe comme les aime ce blog : en libérant l’homme, 68 l’a asservi ! 

mercredi 30 mai 2012

Le Japon comme modèle

Au début de la crise, les économistes nous prédisaient le scénario japonais : une crise suivie de décennies de stagnation.

Paul Krugman estime maintenant que nous nous porterions bien mieux si nous avions suivi son exemple. En particulier, le Japon est parvenu à maintenir quasi constant son taux d’emploi, alors qu’il s’est considérablement dégradé au USA. (Japan as "Role Model" - NYTimes.com)

Qu’est ce qui empêche l’Inde de se développer ?

L’Inde est dans une curieuse situation. Elle a connu une forte croissance. Cela a enrichi colossalement certains entrepreneurs. Mais ils n’investissent pas en Inde, le pays n’ayant pas d’infrastructures (de transport…) propices aux affaires. De ce fait les inégalités se creusent de manière gigantesque.

Et si l’Inde devait inventer une sorte de « service public léger », qui ne demande pas notre culture et notre histoire, mais puisse apporter des services minimaux, ce faisant prenant à contre le cercle vicieux précédent ? me suis-je demandé.

Plus intéressant, peut-être : pourquoi l’Inde n’explose-t-elle pas du fait de sa diversité et de ses tensions internes ? Peut-être du fait de sa « constitution », d’une sorte de contrat moral entre Indiens : nous acceptons chacun et ses particularités. Autrement dit, il est inconcevable pour l’Indien que l’Inde se disloque ? Un enseignement pour la zone euro (billet précédent) ?

L’article du Monde qui m’a inspiré ces réflexions : "En Inde, le thème de l'inégalité devient central"

Europe : l’heure du dénouement ?

Cela semble commencer à chauffer dans la zone euro : non seulement, la Grèce paraît avoir choisi l’anarchie, mais les banques espagnoles prennent l’eau. Si l’Espagne vacille, les nations du sud vont la suivre, et le système bancaire européen va passer un mauvais moment.

Si l’Allemagne ne veut pas voir sombrer ses banques et son marché européen, donc ses entreprises, elle devra consentir à la solidarité. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait plus tôt ?

Petit traité de manipulation : l’agression

Les sociétés ont pour principe de ne « pas faire perdre la face » à l’un des leurs, dit la psychologie. Par exemple, nous ne disons pas à une personne qui se croit belle qu’elle ne l’est pas. (Sauf dans son dos, mais ça ne compte pas.) L’agression est l’exact envers. Il s’agit d’attaquer l’autre en l’insultant, et, mieux, en lui jetant à la figure ses propres défauts. (L’accuser d’être un escroc si vous êtes un escroc.) La manœuvre est géniale : elle fait disjoncter le cerveau !

mardi 29 mai 2012

Pourquoi aimons-nous avoir peur ?

Un psychologue pense que nous aimons les films d’horreur parce qu’ils nous mettent face à des situations qui nous auraient forcés à agir. L’économie d’énergie que l'on réalise en n'agissant pas quand on le devrait fournirait un plaisir.

Pour ma part, je croyais, bêtement, que cela venait de ce que nous étions heureux que l’histoire ne nous soit pas arrivée. Je propose d’ailleurs la même explication au plaisir que les vieilles gens ont d’assister aux enterrements de leurs amis. 

Aliénation

J'entendais, dimanche matin, Pierre Rabhi parler d'aliénation à France Culture. Ce qui m'a fait penser, qu'il y a eu une mode chez les philosophes post hégéliens de l’aliénation. Aliénation ? Un terme technique qui signifie que l’homme a perdu sa liberté, et surtout qu'une chose s'en est emparée, la religion, par exemple.

Au fond cela n’a rien d’une considération abstraite. Il suffit d’ouvrir la radio pour entendre un économiste nous dire qu’il faut absolument améliorer la compétitivité de notre économie. Autrement dit, les intérêts de l’économie sont premiers. Le bonheur de l’homme est supposé être assuré par la main invisible du marché, selon l'expression élégante d'Adam Smith. Marx nomme ceci « aliénation économique ».

Mais l’économiste n’est pas le seul à en vouloir à notre liberté. Marx n’a-t-il pas aussi désiré pour nous la dictature du « prolétariat », une abstraction sans réalité tangible ? Et que dire de l’écolo, qui aimerait faire obéir l'homme à la « nature » (encore une abstraction) ?

Je me suis longtemps demandé pourquoi tout ce monde, qui se dit amoureux de la liberté, accepte d'être asservi. (Je pense en particulier aux Américains.) J’en suis arrivé à croire que ces théories s’appliquent à nous, mais pas à lui, qui tire nos ficelles. L’homme, le vrai, est libre. 

Petit traité de manipulation : l’injonction paradoxale

L’injonction paradoxale a connu une grande popularité récemment. En effet, elle est liée à la souffrance au travail. Et elle tue, par suicide.

L’injonction paradoxale, qui s’appelle double bind depuis qu’elle a été étudiée par Gregory Bateson, consiste à placer une personne entre deux obligations contradictoires, une consciente, l’autre non. Par exemple, un avocat m’a parlé d’un manager à qui l’on a demandé d’augmenter la rentabilité de son unité par réduction de ses coûts, ce qui était impossible. Mais impossible de refuser, sous peine (implicite) de perdre son emploi ou d’être mal noté. Épuisement à la tâche, et suicide.

La subtilité de l’art de l’injonction paradoxale est de la construire sur ce à quoi la personne tient le plus, par exemple son sens de l’honneur, l’amour qu’elle éprouve pour vous, le respect qu’elle doit à ses parents, sa peur de la mort…

Mais, l’injonction paradoxale peut aussi être involontaire, et c’est pourquoi elle est aussi dangereuse. Dans l’exemple précédent celui qui a donné l’ordre était peut-être ouvert à d’autres solutions qu’une réduction de coûts…

L’injonction paradoxale est d’autant plus effrayante que, comme l’Escherichia coli, elle est présente à l’état latent dans notre société. En effet, c’est une généralisation, par exemple, de la méthode qui consiste à obtenir ce que les parents désirent de leurs enfants « si tu ne fais pas, tu n’auras pas ». 

lundi 28 mai 2012

Un trésor bien caché

Voici une histoire qui montre qu’il est possible d’échapper à l’apocalypse promise de 2030 en concrétisant la RSE, sans le savoir....
Lorsqu’une personne ou une société, assurée, voit sa responsabilité civile recherchée pour avoir causé des dommages à autrui, elle appelle son assurance RC (Responsabilité Civile), qui lui envoie un expert technique. Le rapport de ce dernier permet à l’assureur de prendre position sur la responsabilité et de calculer l'indemnisation qu'il doit, éventuellement, verser.
Ce processus complexe est très désagréable pour l'assuré qui subit une "crise". Pourquoi ?
Parce qu’il est inquiet.
Il a besoin qu'un professionnel de confiance lui explique comment va se dérouler cette gestion de crise, et, ensuite comment il va pouvoir en sortir justement et rapidement.
Or le processus ci-dessus est effroyablement complexe et bureaucratique.
Il y a 15 ans, un assureur et un cabinet d’expertise ont eu l’idée de « reconcevoir » ce processus, en utilisant les bénéfices de l’innovation technologique actuelle.
L’idée, révolutionnaire, est de déléguer la compétence "juridique" de l’assureur à l’expert (qui embauche donc des juristes). Dès le signal du sinistre l’expert/juriste intervient, analyse la crise, décide des moyens et propose très rapidement un règlement de sortie de cette crise.
Mieux. L’expert a découvert, que pour 30% des dossiers, l’expertise ne méritait pas de déplacement physique, mais un contact nourri à distance. Tout ceci grâce aux technologies de l’information, bien sûr.
Du coup, le contact avec l’assuré se fait vite, l’expertise est accélérée, les déplacements réduits, et, surtout l’expert est employé comme expert et non comme automobiliste.
Même le contrôle par l’assureur de l’expertise est transformé. En effet, au travers d’un extranet, il suit le dossier, en temps réel. Il peut ainsi faire un « contrôle qualité », selon la terminologie des sciences du management.
25 000 dossiers plus tard, qu’y a-t-on gagné ?
La durée de règlement du sinistre a été réduite, la consommation d’essence des experts a été divisée par 2. L’expert passe plus de temps que par le passé à faire de l’expertise (avant : 50% expertise, 50% déplacement, maintenant 70, 30).
Et tout le monde est content. L'assuré, surtout, qui a une réponse quasi immédiate à ses angoisses. L’assureur, qui a un contrôle parfait d’un processus bien plus efficace et moins coûteux que par le passé. Et l’expert, qui passe beaucoup plus de temps à mener des expertises intéressantes. C’est le nirvana de la RSE et du développement durable.
Mais tout ceci est trop beau pour être vrai ! Paradoxalement, l’assureur n’est pas fier de ce succès. Il n’en parle même pas. Non, sa communication préfère un footballeur !
Je cherche mais quel est le lien avec la RSE?

Mots de l’année : twitter et changement

Il semblerait qu’il soit devenu d’usage d’élire des mots de l’année.

Un jury, people, a choisi « twitter », des « internautes », « changement ».

Twitter étant relativement peu répandu en France, je me demande si cette différence de choix ne reflète pas une différence de situation entre la France et son élite.

En tout cas, l’intérêt pour le changement va-t-il faire de la pub à ce blog ? J’en doute. Le changement français est un changement auquel on assiste, passivement, mais qu’on ne suscite pas. Ce n’est pas celui dont on parle ici.

Compléments :
  • Merci à Catherine Fulda pour l'information !

Mme Lagarde et les impôts grecs

Difficile de juger de la situation grecque à distance. Cependant, je tends à penser que Mme Lagarde a raison de rappeler aux Grecs qu’ils auraient infiniment plus de légitimité à se plaindre s’ils balayaient devant leur porte, en payant leurs impôts. Comment avoir confiance en une société qui ne respecte pas les lois qu’elle se donne ? Appartenir à un groupe (la zone euro, en l’occurrence) sous entend la responsabilité.

Ce qui me semble, paradoxalement, plus discutable est l’attaque qui est faite contre les armateurs grecs. Si j’en crois ce que disait France Culture ce matin, ils ne paient pas d’impôts pour des raisons qui sont inscrites dans la constitution.

Non seulement il y a respect des lois (bizarres, c’est vrai), mais la Grèce ne fait qu’appliquer ce qui a été la pensée unique des dernières décennies : moins on impose les producteurs de richesse, plus ils en créeront. Aux USA un certain nombre de multinationales ont même un impôt négatif !, et The Economist répète que si la City est taxée, l’Angleterre va sombrer. Et que dire de l’Irlande ? Il ne peut pas y avoir deux poids et deux mesures. Si l'on s'en prend à l'armateur grec, il faut revoir notre pensée économique.
 
Compléments :
  • La critique de Mme Lagarde s’applique d’ailleurs aussi à la France, qui a laissé filer son déficit.
  • Ce qui est étonnant, par ailleurs : pourquoi les pauvres Grecs préfèrent-ils réclamer de l’argent aux Européens plutôt qu’aux riches Grecs, à qui profite massivement la fraude fiscale ? Le pauvre Grec est exaspéré et appelle à l'aide, il n'est pas capable d'une pensée plus sophistiquée ? La fraude est une pratique culturelle impossible à remettre en cause ? Les partis politiques grecs sont acquis aux riches ?... 

Europe : relance par la demande ou par l’offre ?

Grande question du moment. Tout le monde est plus ou moins d’accord que la rigueur entraine l’Europe par le fond (sauf Mme Merkel ?). Mais comment opérer une relance ?

Certains disent qu’il faut liquider ce qui bloque encore l’efficacité de l’économie, à commencer par la protection de l’emploi. D’autres pensent qu’il faut être keynésien : l’État doit investir.

En Angleterre, qui va très mal, les deux thèses s’affrontent. The Economist fait observer qu'elle est le pays, après l’Amérique, le plus déréglementé. Au moins à court terme, il va falloir tenter autre chose… 

Le Crédit Agricole peut-il être coulé par Emporiki ?

Quel risque fait courir une faillite de la Grèce au Crédit Agricole, qui y possède une filiale ? Pas facile de le dire. On parle de 7md€. (Mais il y a déjà eu des provisions, sont-elles incluses dans ces 7md ?) Ce niveau de pertes, qui devient ordinaire chez les traders, ne devrait pas menacer sa survie (par ailleurs le CA appartient à 55% à ses caisses régionales, si j’ai bien compris).

Si rien de pire ne peut lui arriver, il me semble qu'il serait utile que, pour une fois, une banque apprenne de ses erreurs, et qu’elle ne les attribue pas à quelque vice personnel. Mais, au fait, que s’est-il passé ?

Petit traité de manipulation : le framing

Le « framing » est un procédé qui consiste à formuler (frame) une question en sous-entendant sa réponse. Par exemple ? 80% de nos produits n’intéressent pas le marché, ce qui sous-entend que l’opinion du marché est importante. Ou, quel taux de croissance peut faire baisser le chômage ? Ce qui sous-entend que chômage et croissance sont liés.

L’interlocuteur est obligé d'entrer dans la logique implicite de la question, sous peine de paraître idiot.

dimanche 27 mai 2012

Evelyne Sullerot et le féminisme

La semaine dernière, j'ai entendu, par morceaux, une interview d'Evelyne Sullerot par France Culture.

Evelyne Sullerot, 87 ans, a joué un rôle important dans la transformation du statut de la femme. Je l'avais donc assimilée aux idées professées ordinairement par les féministes. Je m'étais trompé.

Elle voit trois étapes dans le changement auquel elle a participé. La victime est d'abord féminine. Puis c'est le père, qui se trouve privé de droits. Et, enfin, c'est l'enfant, qui souffre d'un cadre familial qui n'a plus la solidité nécessaire à la construction d'un être humain.

Curieusement, la femme semble être, en moyenne, plus fautive que l'homme. Elle aurait fait preuve de beaucoup de légèreté, voire d'irresponsabilité. Ses nouveaux droits lui auraient-ils fait perdre le sens du devoir ?

Nouvel exemple des conséquences imprévues d'un changement incontrôlé ?

Apprenons à faire respecter les règles sociales ?

J’étais perdu dans mes rêves, lorsque j’ai entendu la caissière du magasin, haïtienne d'origine, rappeler à l’ordre un groupe de garnements. Ferme mais efficace.

J’ai pensé qu’aucun des Bobos de la queue n’aurait eu le courage et le talent d’un tel acte de bravoure. Même pas la présence d’esprit, à en juger par mon cas. Nous sommes contaminés par une bienpensance lâche me suis-je dit. Il n’y a pas que du libéralisme financier dont il faille se débarrasser. 

Petit traité de manipulation : Robert Cialdini

Robert Cialdini est un éminent psychologue américain, qui a écrit un best seller sur « l’influence ». Livre remarquablement simple et agréable à lire, que je vous conseille.

Son sujet : jouer avec les mécanismes de l'inconscient de son prochain pour en obtenir ce que l'on en désire. Chez l’homme, 6 tendances de fond amènent une réponse positive à une sollicitation. Principes et quelques applications :
  1. Rendre ce que l’on a reçu. Faire un cadeau à quelqu’un à qui l’on veut vendre quelque chose (« l’obliger ») ; faire une concession ; faire une offre élevée puis revenir à une offre plus raisonnable…
  2. Être consistant dans ses décisions. Faire s’engager (publiquement) une personne, pour pouvoir ensuite la contraindre par cette décision initiale. Un vendeur de voiture vous attirera par une promotion, mais vous amènera à lui ajouter des options…
  3. Validation sociale : une décision est guidée par ce que font ou ont fait « les autres ». Jouer sur l’effet mouton de panurge (« n°1 mondial »).   
  4. Attirance. Certaines personnes attirent naturellement les autres. On veut leur plaire. Elles le font soit par leur être même (elles sont belles, prestigieuses…), soit par les liens qu’elles tissent. Bref, soyez beau, ayez des diplômes prestigieux, trouvez des points communs avec votre interlocuteur, faites lui des compliments, devenez son allié… et vous en ferez ce que vous en voudrez.
  5. Autorité. L’opinion d’une personne respectée a une influence forte sur nos actions
  6. Rareté. Ce qui est rare est désirable, la rareté rend fou. Avantage unique, offre limitée dans le temps, source d’information exclusive...
Ces techniques se retrouvent partout dans notre vie. Par exemple, un vendeur de double-vitrages m’en a récemment fait une démonstration complète. J’en suis arrivé à me demander si elles n’étaient pas enseignées aux artisans.

Compléments :
  • CIALDINI, Robert B., Influence: Science and Practice, Allyn and Bacon, 4ème édition, 2000.

samedi 26 mai 2012

Québec en grève

Depuis pas mal de temps les étudiants québécois protestent contre la hausse des frais scolaires (de 60% !).

The Economist s’en offusque. Pourquoi l’éducation serait-elle un droit ? Curieusement, pour une fois, il n’est pas choqué par une hausse d’impôts, et ne demande pas, à la place, une plus grande efficacité de l’État.

Curieux, aussi : victimes d’une université dont les coûts ont vertigineusement grimpé (et la qualité chuté), les étudiants américains se trouvent surchargés de dettes (10% en défaut de paiement) mais ne disent rien, alors que les Québécois, qui paient beaucoup moins, sont dans la rue. On ne se débarrasse jamais de ses atavismes, surtout lorsqu’ils sont français, dirait The Economist ?

L’Europe entre chaos et fusion

Épatant exemple de formulation d’un changement par The Economist.

Problème de la zone euro. Des pays en faillite, des banques fragiles et trop grosses pour leur nation. Danger : jeu de dominos. Mettez tout cela ensemble et il n’y a plus de problème. (En particulier, la zone euro est, en moyenne, relativement peu endettée.)

Pour y parvenir, The Economist propose un tour de passe-passe financier. Son principal mérite est d’éviter à la zone euro de se constituer en vraie nation. Car cela ne serait ni acceptable par nos partis extrêmes ni par la perfide Albion, qui ne pourrait plus diviser pour régner.

Le plus remarquable ici est la différence entre eux et nous. L’Anglais est, curieusement, bien plus inquiet que le Français pour la zone euro. Et il refait le monde. Nous sommes passifs.

Différence de culture ? D’un côté des brasseurs d’affaires qui paniquent lorsqu’ils ne tirent plus les ficelles des événements, de l’autre des administrés qui ont appris à se débrouiller quel que soit leur maître ?

Petit traité de manipulation : le sophisme

Lorsque Tony Blair a été accusé d’avoir manipulé l’opinion britannique pour la précipiter dans la guerre d’Iraq, il a répondu que c’était une guerre juste. Autrement dit la faute était vénielle, car la fin justifiait les moyens.

Le sophisme est une perversion de la rationalité. Il fait passer pour un raisonnement rigoureux ce qui ne l’est pas. Le procédé consiste essentiellement à justifier une conclusion prédéfinie par ce qui semble aller dans son sens, sans prendre en compte ce qui la contredit.

The Economist, ma lecture favorite, donne des exemples de sophismes à longueur de pages. Tout ce qui sert sa cause (le libre échange et la gloire de la Grande Bretagne éternelle) est vu positivement, au contraire de tout ce qui la dessert (la France, la zone euro, la main visible de l’État).

Comme M.Blair, le sophiste pense qu’il a raison, et que la fin, l’instrumentalisation de la raison, justifie les moyens.

Cette croyance s'associe naturellement au protestantisme. En effet, certaines de ses formes estiment que Dieu couronne ses élus de leur vivant, en leur accordant un talent, une vocation. Autrement dit, si vous êtes particulièrement doué pour quelque chose (faire des affaires, être un bon élève…), c’est probablement que vous avez été choisi par Dieu.

M.Blair est catholique. Il n’y a pas besoin d’être protestant pour s’estimer un surhomme. Le sophisme est une pathologie de la confiance en soi !

vendredi 25 mai 2012

HP catalogue de changements ratés ?

HP a investi 42md$ dans une série d’acquisitions, mais ne vaut que 42md. Sa division services (le résultat d’une mode ?) bât de l’aile. Il fusionne ses divisions PC et imprimantes, ce qui avait déjà été fait par un prédécesseur et défait par un autre.

Finalement, le dirigeant actuel se demande si l'on n'a pas lâché la proie pour l'ombre et s'il ne faut pas en revenir à ce qui fit HP de HP : la recherche et le développement… (Article du Financial Times)

Mais reste-t-il encore des capacités de RetD dans cette société ? J’imagine que si elle a entassé autant de changements ridicules elle a dû être dominée par une couche de courtisans, qui ont fait crever les gens sérieux et la culture technique de l'entreprise. 

Techniques de conduite du changement

Parmi les paradoxes sur lesquels ce blog est construit, il y a celui qui veut qu’il ne parle pas de techniques de conduite du changement.

En fait, cela vient de ce que ce qu’il traite de ce qui me préoccupe, et qu’il est né après l’écriture de mes livres sur le changement. L’exploration des techniques de conduite du changement lui est donc antérieure.

Mais j’ai récemment essayé de me rattraper en publiant quelques réponses à des questions que toute entreprise devrait se poser…


Qu’est-ce qu’un leader du changement ?

La science du management anglo-saxonne étudie en long, en large, et en travers, les caractéristiques des « leaders », c’est-à dire des personnes qui réussissent à transformer les entreprises. Et si je m’y mettais ?

Internet peut-il révolutionner les professions libérales ?


Le cas. Pas facile de se faire connaître quand on a une profession libérale. Non seulement on est souvent seul, mais encore on n’a parfois pas le droit à la publicité (avocats). Les médias sociaux peuvent-ils faire quelque-chose pour les professions libérales ?

Des avocats, des chirurgiens… ont compris qu’Internet permettait de « faire savoir ce que l’on sait faire ». C’est plus facile et plus efficace que d’écrire un livre. Cela demande cependant de savoir écrire, un certain « goût du risque » et d’avoir de la ténacité : une ou deux heures par jour. Mais, comme la course à pied, avec un peu de pratique, cela devient une habitude et un plaisir…

Le téléopérateur est admirable

Depuis 6 mois, j’essaie de transférer un contrat téléphonique. Pour savoir si l’affaire est en bonne voie, je contacte le centre d’appels de SFR. Après dix bonnes minutes d’attente, j’arrive chez un téléconseiller. Ce n’est pas le bon. Je suis chez le grand public alors que la machine aurait dû me router vers les professionnels.

C’est alors que j’ai compris que mes interlocuteurs étaient admirables. J’imagine, en effet que, dans ces conditions, on doit avoir envie de les insulter. Or, ils me semblent avoir développé des techniques de judoka, qui leur permettent d’étaler le mécontentement. La sélection naturelle, sans doute.

Illustration aussi des études de marché que je faisais dans ma jeunesse : la cause majeure de résiliation d’un contrat est une méprise. Ma première demande de transfert m’avait été refusée au motif que l’entreprise qui me cédait la ligne n’avait pas donné son accord. Ce qu’elle a nié. Coup de Jarnac de SFR ne voulant pas perdre un client ? Pas du tout, je viens d’apprendre que la dite entreprise n’avait pas payé ses factures téléphoniques – ce dont elle ne m’avait pas informé. Le refus du transfert était une mesure de rétorsion. 

Petit traité de manipulation

Nous vivons dans une société où la manipulation est reine. C’est ce que disent les psychologues.

On peut donner un nom à ce mal : le sadisme. À condition de généraliser le cas de Sade. Le sadisme généralisé est, simplement, prendre l’autre comme une chose tout juste bonne à être exploitée.

De même que le crime est le pendant de l’innovation, le sadisme est une interprétation extrême, inattendue, de la liberté individuelle, des droits de l’homme. C’est l’individu contre la société. La manipulation est une pathologie d’une société fondée sur le principe de l’épanouissement de l’être humain. Les Lumières ont connu ce mal, de même que les pionniers grecs de l’individualisme, et c'est notre tour.

Qu’est-ce que la manipulation, au fait ? Nos comportements obéissent à deux mécanismes :
  • Notre raison, qui pèse le pour et le contre, mais qui le fait lentement et douloureusement.
  • Des processus inconscients, extrêmement rapides, qui suivent des formes d’heuristiques.
La manipulation consiste à jouer, chez l’autre, sur les seconds pour lui faire faire ce qu’il ne « veut » pas faire. Et cela afin d’obtenir un avantage personnel. Exemple : si tu ne te tais pas ceci, tu n’auras pas de dessert.

La manipulation entraîne une souffrance du manipulé. La « souffrance au travail », dont il a été question un peu partout dans le monde, en est un exemple. C’est pourquoi il est important de comprendre de quoi il s’agit.

Je m’engage dans une série de billets sur la question. Elle commence par l'exposé de quelques techniques que doit connaître l'honnête homme. Elle se finit (bien !) par ce qu'il faut faire pour éviter la manipulation.
  1. Le sophisme
  2. Les théories de l’influence de Robert Cialdini
  3. Le « framing » (faute d’un nom français)
  4. L’injonction paradoxale
  5. L’agression
  6. Le manipulateur est-il un malfaisant ?
  7. Comment ne pas se faire manipuler ? (et ne pas être un manipulateur...)

jeudi 24 mai 2012

HP, Autonomy et l’échec des fusions

HP a acheté Autonomy, un éditeur de logiciel d’analyse de données, en annonçant que cette entreprise était son avenir.

On apprend qu’Autonomy a déjà perdu un quart de ses effectifs, dont quasiment tout son comité directeur (ainsi que ses programmeurs !) et que la division logiciel a augmenté son chiffre d’affaires de 173m$ sur le trimestre, alors qu’Autonomy aurait dû lui apporter 250m…

Nouvel exemple d’échec d’une acquisition ? Une valorisation à la Facebook (10,3md$ pour 1md$ de chiffre d’affaires !), un fondateur qui a perdu sa motivation avec les 800m£ qu’il a touchés, la discipline bureaucratique d’HP qui étouffe une start up…

Le bien naît-il du mal ?

L’inertie intellectuelle française a quelque chose de fascinant. Une des idées centrales du libéralisme économique est que du mal naît le bien. Autrement dit, c’est parce que l’entrepreneur est poussé par son intérêt égoïste que le monde tourne. L’abjection est un droit. Cette idée est fortement derrière le modèle libéral que nous avons appliqué ces trente dernières années, or, qui en a entendu parler ? Quel journaliste, de droite ou de gauche, a, simplement, porté cette information, qui a plus de deux siècles, à la connaissance de la population ? Incompétence, ou volonté de tenir le peuple dans l’ignorance ?

En tout cas, voici un nouvel exemple de l’application de cette théorie. Un livre explique la victoire américaine durant la seconde guerre mondiale par son appétit du gain, qui a amené son industrie à écraser l’adversaire sous sa production. C’est le profiteur de guerre qui a fait la victoire ? La démonstration est-elle convaincante ?

Avec la logique qui caractérise le raisonnement anglo-saxon, on trouve dans cette démonstration l’exemple de gens qui ont consacré leur talent à l’effort de guerre pour 1$ par an. Et les soldats qui ont perdu leur vie pour pas grand-chose n’apparaissent pas.

Mais, surtout, je me suis demandé ce qui se serait passé si la rigueur allemande avait été aux commandes des ressources naturelles américaines… (Sans compter qu’en zone occupée l’intérêt des dits profiteurs les aurait certainement poussé à la collaboration.)

Le cours de Facebook plonge

Le cours de l’action de Facebook plonge. Fait unique, la bulle spéculative n’aurait-elle pas survécu à l’introduction en bourse de Facebook ?

Il est tentant, mais pas très scientifique !, d’y voir une validation de mes théories : il y avait suffisamment de gens pour acheter, mais pas assez pour maintenir le cours.

Je me suis d'ailleurs demandé si l’augmentation de dernière minute du nombre d’actions mises en vente n’était pas la preuve que les banques qui portaient l’affaire avaient pleine conscience que l’occasion ne se représenterait pas, et ont essayé de tondre la bête au plus ras.

J’ai certainement un esprit mal tourné. Cependant, ma théorie a quelques éléments à son appui. En effet, les analystes des banques qui ont réalisé l’introduction pariaient contre Facebook…

Compléments :
  • Facebook : des prévisions déjà dégradées par Morgan Stanley ?
  • Dans un billet je m'interrogeais sur le décalage entre l'intérêt que suscitait Facebook, et l'opinion des experts. Ceux qui ont acheté étaient-ils, non pas mal informés, mais désinformés par les banques qui menaient l'introduction en bourse ? Pire, va-t-on apprendre, une fois de plus, que, dans ces banques, il se trouvait des personnes qui jouaient sur la chute du cours ?
  • L’introduction de Facebook marque-t-il la fin d’une ère ? Celle de Mme Thatcher et de M.Reagan, celle de la toute puissance de la déréglementation, de la bourse et des marchés financiers ? 

Pourquoi la France hait-elle le changement ?

A l’origine de mes travaux sur le changement se trouve mon expérience personnelle de l'entreprise. En la formalisant, j’ai eu la satisfaction de constater qu’elle rejoignait les travaux professés un peu partout dans le monde.

C’est alors que j’ai découvert que, en dehors du monde universitaire, ce que je disais subissait un rejet catégorique. Mais pourquoi ? Pourquoi rejeter une science ? Sans compter qu’elle remonte à la nuit des temps, et que toutes les sciences l’alimentent !

J’ai fini par penser qu’il y avait là-dessous une question culturelle. Aux USA, par exemple, le citoyen est supposé un être actif. Le changement (la conduite du changement), en conséquence, est quelque chose qu’il va apprendre et pratiquer comme d’autres techniques utiles. En France, par contre, le citoyen est passif par nature. Pour lui le changement a deux significations. Soit il lui est appliqué et il est mauvais. Soit il est appliqué aux autres (qui représentent le mal), et il est bon. Dans les deux cas, c’est une incantation magique.

On retrouve ici, probablement, l’opposition entre l'éthique protestante du salut par le travail et l'éthique catholique du salut par la grâce.

mercredi 23 mai 2012

Parasite allemand ?

La vertueuse Allemagne semble avant tout fort hypocrite. Lors de la crise, elle a fort peu relancé son économie. Mais elle a somptueusement profité de la relance faite par ses clients, notamment la Chine et les USA. En 3 ans les ventes de l’Allemagne à la Chine ont augmenté de 31md$, ses achats de 26. À cela s’ajoute une dévaluation de l’euro de 20% entre octobre 2009 et juillet 2010.

Google : mauvaises associations

J’entendais ce matin la radio dire qu’une nouvelle fois Google serait attaqué en justice. On reproche à son moteur de recherche de faire des associations désobligeantes (le nom des candidats serait spontanément associé à « juif »).

Google répond que ce n’est pas sa faute, puisque l’association est calculée par un algorithme.

Curieux problème. Le fabricant de voiture est-il coupables des accidents provoqués par des chauffards ? Cela pose probablement la question de la responsabilité.

Une tendance dominante de la pensée des affaires, anglo-saxonne, estime que du mal naît le bien, que, pour que l’économie donne son meilleur, l’entreprise doit être irresponsable (i.e. suivre de manière monomaniaque son intérêt), c’est le marché qui fera le ménage.

Par contre, il semble que notre loi repose sur la notion de responsabilité, c’est-à-dire que chacun est supposé être concerné par les conséquences de ses actes.
Le principe général de la responsabilité civile est exposé par l’article 1382 du Code Civil : «Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.» La responsabilité civile vise donc à réparer le dommage causé à la victime. (La responsabilité civile.)
(Une citation qui a été trouvée grâce aux associations de Google!)

L’Angleterre contaminée par M.Hollande ?

Étonnante nouvelle. Le gouvernement anglais envisagerait une relance de son économie par la dépense d’État (infrastructure, logement), voire, en dernier ressort, par une baisse de la TVA. D’après le Financial Times.

Mme Lagarde, ministre des finances de M.Sarkozy, à qui rien ne sera épargné, approuverait.

Pragmatisme anglais ? En tout cas, surprenant lorsque l’on sait que le programme de M.Cameron était la « big society », c'est-à-dire l’idée que l’État était totalement incompétent, et qu’il fallait s’en remettre entièrement à l’entreprise privée. D’ailleurs, le gouvernement anglais s’est engagé dans un programme radical de réduction de ses dépenses.

M.Hollande est désigné comme agent d’influence. Son élection aurait marqué un retournement de tendance dans le « débat économique européen ». 

Évaluer un cours de conduite du changement

Parmi les paradoxes de ma vie, il y a celui de l’évaluation des formations. Car, si les participants à la formation m’évaluent, cela ne signifie-t-il pas qu’ils sont plus compétents que moi, qui ai consacré mon existence au changement ? Quelques réflexions sur la question :

Qu’attendre d’un cours de conduite du changement ?
J'en suis arrivé à la conclusion que le participant à une formation doit se percevoir comme un champion sportif. Car ce sera à lui de conduire le changement, et à personne d’autre. Le formateur a le rôle de l’entraîneur. Il doit aider le champion à trouver des techniques qui lui conviennent et qui vont le faire gagner. La mesure ultime de l’efficacité d’un formateur / entraîneur est donc : m’est-il utile ? (Cette efficacité est relative : un entraîneur peut convenir à un champion et pas à un autre.) Quelques sous-objectifs que je crois importants :
  • Ai-je compris les (quelques) causes d’échec du changement ?
  • Ai-je une idée claire des facteurs de succès d’un changement ?
  • Ai-je envie d’expérimenter pour apprendre ?
Que ne faut-il pas attendre d’un cours de conduite du changement ?
La littérature du changement appelle les personnes qui savent conduire le changement des « leaders ». Cette compétence, rare, est le fruit de l’inné et de l’acquis. Or, l’homme ne peut pas changer sa nature. a fortiori ce miracle ne va pas se produire durant un cours.

Par contre, l’homme peut « changer sans changer » : il lui suffit de faire comme le tennisman dont le revers est faible et qui se place sur son coup droit. Autrement dit, si une formation ne va pas transformer une personne en leader du changement. Mais elle peut l’aider à trouver ce qu’elle fait déjà bien et l’encourager à, dorénavant, utiliser systématiquement, et à développer, cette compétence.

En particulier, apprendre à conduire le changement, c’est avant tout identifier des gens qui sont doués pour cela et travailler avec eux. Il n’est pas besoin d’être soi même un leader du changement.

Un autre critère d’évaluation d’une formation pourrait donc être :
  • Ai-je pris conscience de mes forces et de mes faiblesses ?
  • Suis-je capable de mieux utiliser qu'auparavant mes caractéristiques propres ? 
Le paramètre temps dans une évaluation
Une erreur commune est de croire que l’on va sortir d’une formation en sachant comment résoudre tous les problèmes de la terre. Mon expérience me montre qu’une bonne formation est meilleure pour expliquer ce qui n’a pas marché, que pour guider l’action. D’ailleurs, c'est souvent lorsque j'ai voulu démontrer que ce que ce que l'on m'enseignait ne fonctionnait pas, que je l'ai réellement appris !

L’apprentissage se fait ainsi : expérimentation pratique, échec, explication de l’échec, réussite, validation du savoir par la réussite. D’où une dernière idée d’évaluation d'une formation :
  • M’a-t-elle amené à expérimenter, à prendre des risques ?
  • M’a-t-elle donné les outils qui m’ont permis d’interpréter mes échecs ?
Vouloir apprendre et non juger
Dans ma vie d'élève, j’ai été mécontent de la majorité de mes enseignants. J’ai compris, des années plus tard, que j’avais eu tort. Ils n’étaient peut-être pas de bons pédagogues, mais ce qu’ils disaient était important. D’ailleurs, ceux qui étaient à mon goût étaient généralement ceux dont j’étais prêt à avaler le cours coûte que coûte.

Mais, il y a eu aussi des enseignants qui m'ont séduit et qui se sont révélés vides, à long terme. Essentiellement les Américains. Pourquoi ? Parce qu’aux USA, l’élève est un client et qu’il faut qu’il soit heureux. Du coup, le cours est, souvent, un show. Danger : qu’il ne soit qu’un show.

Et si c'était l’élève qui faisait le professeur ? S’il a soif d’apprendre, il a d’énormes chances de réussir. S’il veut juger, il se condamne soit au mécontentement, soit à se faire abuser. 

mardi 22 mai 2012

Huile et cerveau

Apparemment, l’huile que nous consommons aurait un impact direct sur notre cerveau, fait de matière grasse…

Un régime à l’huile d’olive et de colza améliorerait notre capacité d’apprentissage, et diminuerait le vieillissement du cerveau et le risque d’Alzheimer… (Dietary Fats That Improve Brain Function | Psychology Today).

L’industrie agroalimentaire est-elle au courant de ce type d’études ?

La France est-elle incapable de changer ?

Michel Crozier est allé jusqu’à dire que la France était « la Chine de l’Europe », un pays qui ne bouge pas, sauf lors de révolutions culturelles atroces. Et Michel Winock a attribué cette curieuse caractéristique à notre intolérant amour des principes transcendants, hérité de notre passé catholique, combiné à la structure féodale de notre société.

Ces gens sont éminents. Mais ils ont tort. La France a changé ces dernières décennies. Elle est même méconnaissable. Et sans bain de sang.

Quel rôle pour les ressources humaines dans le changement ?

Il y a quelque temps, j’ai eu à répondre à la question du rôle de la direction des ressources humaines dans le changement.

Le rôle des ressources humaines dans le changement varie d’entreprise en entreprise. En particulier de plus en plus de responsables de ressources humaines sont des juristes. Pourtant, mon expérience prouve que, lorsqu’il en a les compétences et la volonté, le responsable des ressources humaines est un atout décisif pour la réussite du changement.

Voici les raisons qui font la force de la fonction RH, quelles en sont les conditions favorables, et comment un réseau de responsables de ressources humaines peut s’organiser pour atteindre l’efficacité optimale.

Le responsable du changement

Dans un dispositif de conduite du changement, le « responsable du changement », joue un rôle clé, au côté du dirigeant :
  • C’est celui qui emmène le comité de pilotage du projet. 
  • Il est un exemple, quotidien : il matérialise, d’une certaine façon, l’attitude que l’on attend de tous. 
  • Il a un rôle opérationnel, d’animation de haut niveau et d’organisateur et d’ordonnateur du projet.
Le profil idéal pour tenir ce rôle est, outre d’être un organisateur rigoureux, d’être ce que les spécialistes appellent un « hybride », c'est-à-dire quelqu’un de bien installé dans la culture de l’organisation, de bien accepté, et, en même temps, quelqu’un qui a embrassé le changement, et qui en voit tous les intérêts. J’ai rencontré beaucoup de DRH qui correspondaient à cette description.

En outre, sa position donne au DRH un pouvoir fort sur le changement. En effet, le bon DRH est un « donneur d’aide » à qui on se confie, et qui de ce fait connaît énormément de choses sur l’entreprise, son métier, et ses personnels. De plus, il n’a pas de pouvoir hiérarchique direct sur l’entreprise, et n’est donc pas susceptible d’entrer en conflit avec qui que ce soit. Par contre, c’est un conseiller précieux pour le dirigeant. Il est donc dans une situation naturelle d’intermédiaire.

Nécessaire légitimité

Les DRH qui sont des « champions » de conduite du changement l’expliquent par deux raisons principales :
  • Une gestion impeccable des processus RH. Le DRH doit être reconnu comme un « professionnel ».
  • Avoir fait de leur bureau un lieu où l’on vient se confier.
C’est ainsi qu’ils acquièrent la légitimité qui, dans un second temps, va leur permettre de piloter la mise en œuvre du changement.

Cellule d’animation du changement

Mais le rôle de la structure RH dans la conduite du changement peut (et devrait selon moi) dépasser la seule animation du changement. La structure RH peut être responsable de la compétence changement de l’entreprise. Pour cela,  elle doit capitaliser l’expérience du changement, et la diffuser. Elle doit constituer une « cellule d’animation du changement ». Son rôle :
  • Recruter et « coacher » pour le changement :
  1. Repérer à l’intérieur de la société (éventuellement recruter) les personnes qui sont douées pour la conduite du changement, ces personnes vont devenir des « animateurs du changement », en plus de leur mission.
  2. Les amener de l’amateurisme au professionnalisme.
  3. Faire appel à elles lors des changements de l’entreprise.
  4. Gérer et développer ce réseau de compétences (« coacher pour le changement »).
  • Conseiller le dirigeant d’unité lors du changement :
  1. Identification des futurs changements.
  2. Constitution des équipes d’animation du changement.
  3. Suivi du changement.
  4. Évaluation / enregistrement des compétences acquises et des techniques mises au point.
  5. Diffusion des connaissances acquises (plan de formation).
Une telle « cellule d’animation du changement », se construit progressivement, par changements pilotes.

Intérêt supplémentaire. L’expérience montre que ce dispositif permet de diffuser les techniques de conduite du changement dans l’organisation : en effet, non seulement les « animateurs du changement » fluidifient les problèmes quotidiens, mais ils sont imités. L’entreprise gagne en autonomie.

Fonction RH : importance du réseau

La mise en place d’un tel dispositif se fait par essais et erreurs. En outre, il n’est jamais facile d’affronter seul le changement.

Une solution efficace à ces problèmes est de constituer les responsables ressources humaines en réseau (soit à l'intérieur de l'entreprise, si elle est grande, soit grâce à un club de professionnels appartenant à des entreprises différentes) de façon à ce qu’ils puissent échanger, s’entraider, et profiter de l’expérience collective. Et la psychologie a montré que le meilleur moyen d’évacuer le stress du changement était d’en parler…

Compléments :
  • La cellule d'animation du changement est présentée dans mon livre Conduite et mise en oeuvre du changement : l'effet de levier (Maxima 2003 et 2007).
  • Mon autre livre, Conduire le changement : transformer les organisations sans bouleverser les hommes (L'Harmattan, 2008), donne sur plusieurs chapitres un exemple de changement dont le responsable est une directrice des ressources humaines. 

lundi 21 mai 2012

Qu’est-ce qui nous fait rire ?

Pourquoi rit-on ? Apparemment ce serait une théorie de Kant qui expliquerait le mieux la cause du phénomène : le rire viendrait de la transformation d'un problème qui met l'esprit en difficulté en un dénouement étonnamment simple. (What's Funny? | Psychology Today)

Pour ma part, il me semblait que le rire venait de situations « irrationnelles », c'est-à-dire qui ne correspondaient pas à des éléments associés entre eux par notre cerveau. 

La RSE devient enfin réalité ?

Et si un des combats de ce blog était en train de se réaliser ? Il est possible que la RSE devienne enfin autre chose que de la communication.

L’état d’esprit des entreprises changerait. Elles auraient compris que la RSE était dans leur intérêt, comme nous le répétons Dominique Delmas et moi. Elles comprennent qu’il est de bonne gestion d’économiser les ressources naturelles. Et, surtout, l’affrontement, et l'exploitation, laisserait la place à la coopération, y compris avec leurs concurrents (mais pour l’intérêt de la collectivité).

Le rôle du dirigeant dans le changement

Beaucoup de gens semblent penser qu’il y a, pour le dirigeant, une bonne façon de se comporter dans le changement. J’en doute, et je crois qu'il est même dangereux de vouloir aller contre sa nature. Ce que j’ai observé, c’est que chaque dirigeant définit ce rôle selon ses caractéristiques et celles de la situation. Cependant, il doit respecter un certain nombre de règles. Notamment :
  • Il doit construire une « infrastructure humaine » du changement, qui lui permette de piloter (et contrôler) le changement à la distance qui lui convient, et de jouer correctement son rôle de dirigeant (vision stratégique à long terme, décisions critiques…).
  • Dans ce même ordre d’idées, il doit, si possible, construire (ou, plutôt trouver des gens capables de construire) un environnement propice au changement, en particulier en encourageant et en protégeant la prise de risque, en jouant sur ce qui motive l’individu, en mettant en valeur les (petits) succès, etc.
  • Surtout, il doit prendre garde à se donner un rôle qu’il sache tenir sans produire de contradiction avec le cap qu’il veut donner au changement. Par exemple, s’il est mal à l’aise avec un client mais a pour stratégie de développer le chiffre d’affaires de l’entreprise, il a tout intérêt à ne pas se placer dans une situation où l’on attend de lui de montrer l’exemple. En effet, l’organisation interprète toute incohérence du comportement du dirigeant comme l’indice qu’il n’est pas de bonne foi. Ce qui est un puissant encouragement à la résistance au changement. 

dimanche 20 mai 2012

Vague de fusions avant nationalisation ?

Apparemment les fusions / acquisitions procèdent par vagues. Il leur faut des circonstances favorables, notamment que les entreprises baignent dans le cash (ce qui est actuellement le cas). Puis, tout démarre par un choc. Et là, à partir du moment où une société en achète une autre, un cercle vertueux s’engage qui fait que tout le monde à intérêt à acquérir le voisin, ne serait-ce que parce que cela augmente le bonus du dirigeant de l’entreprise.

Contrairement à ce que dit la théorie économique récente (mais conformément aux idées de Schumpeter), ce ne serait pas une mauvaise nouvelle pour le consommateur. Par contre, on obtient des monstres qui ne peuvent plus faire faillite sans mettre, au moins, leur économie nationale à genoux. (Exemple récent de GM.)

Devons nous nous attendre à des faillites en série, accompagnées, cette fois-ci, de prises de contrôle par l’État ? Lien avec le billet précédent ?

Le retour du service public?

La société cotée serait KO. Étonnant article de The Economist.

Elle est victime du court termisme, et des tendances prédatrices de ses dirigeants. Elle a été vaincue par les entreprises d’État, les sociétés familiales, et l’économie sociale. Ces organisations voient loin et ont emprunté aux entreprises cotées ce qu’elles ont de bon. Elles ont su s’adapter au changement. (The big engine that couldn’t)

Mais c’est le portrait même du modèle français d’après guerre ! Et c’est le constat d’échec de la déréglementation des années 90 ! Avons-nous été idiots de démanteler notre service public ? Les employés de France Télécom ont-ils souffert pour rien ?...

Pas si simple : notre modèle a été incapable de s’adapter au changement, contrairement à l’entreprise allemande. (Transformation de l’entreprise française) Notre haute fonction publique, qui se considère comme une élite intellectuelle, ne ferait-elle pas bien de se poser quelques questions ?

Compléments :

Communication et changement : définir un objectif

Mon billet précédent sur la communication est un peu trompeur. Car il existe des dirigeants qui savent réaliser le changement par le verbe. D’ailleurs, ils n’ont pas besoin d’agence de communication pour cela. Comment font-ils ?

Pour commencer, voici le problème à résoudre. Un exemple, au moins. Depuis des années, je fais faire l’exercice du paradoxe aux participants à mes cours. Je leur demande si quelque-chose les a frappés dans une entreprise pour laquelle ils ont travaillé, dans leur vie quotidienne, dans la politique… et s’ils peuvent trouver à ce « paradoxe » une logique. Effectivement, beaucoup de choses les ont frappés. Leur explication ? Incompétence ou malhonnêteté.

Ce résultat s’applique à mon cas. Des expériences simples montrent que ces participants me croient spontanément incompétent et malhonnête. Il en est de même dans l’entreprise : à de rares exceptions près, tout nouveau plan est interprété comme une preuve d’incompétence ou de malhonnêteté.

Et maintenant, un exemple de réussite. Je donne, ailleurs dans ce blog, l’histoire de Christian Kozar, à l’époque directeur général du Courrier de la Poste. Il a eu à fermer ses centres de tri. Changement, dangereux, alors que des conflits, infiniment plus modestes, paralysaient périodiquement la société ? Pourtant, les syndicats ont adhéré au plan. Christian Kozar leur a expliqué qu’il fallait des « centres de tri internationaux ». Les centres de tri doivent se trouver aux nœuds des réseaux de transport mondiaux, alors qu’ils étaient placés « à côté de gares où les trains ne s’arrêtaient plus ». L’argument était imparable.

Ces exemples illustrent deux résultats fondamentaux :
  • La communication ne doit rien cacher. La pratique française qui consiste à dissimuler les nouvelles susceptibles de mécontenter le personnel a des effets désastreux. Non seulement il n’est pas dupe, mais, bien pire, il invente une interprétation de ce qu’il ne connaît pas fondée sur l’incompétence et la malhonnêteté de ses dirigeants.
  • Au contraire, prouver que le changement est un défi qu’il faut relever dans l’intérêt collectif met spontanément l’organisation en mouvement.
Et voici comment formuler l’objectif d’un changement et pourquoi cela est aussi difficile. En effet, un objectif est bien défini si vous êtes si bien convaincu de son intérêt pour la collectivité que, en conséquence, vous ne redoutez le regard de personne. D’une certaine façon vous devez être prêt à périr pour votre cause. L’organisation le verra. Elle saura que vous êtes honnête. Reste à lui démontrer que vous êtes compétent.

Pour cela, il existe une technique  pour définir un objectif au changement. Elle est en trois composants.
  1. Objectif quantitatif symbolique, qui traduit indirectement la raison profonde de la transformation.
  2. Analyse objective et indiscutable de la situation actuelle, telle que perçue par l’organisation.
  3. Raisons (indirectes) qui feront le succès du changement. Ces raisons sont de deux ordres. Les compétences que l’organisation a démontrées ; les moyens que vous lui apportez pour réussir le changement.
Autrement dit : oui, vous connaissez la réalité, vous n’êtes pas, comme tant de dirigeants, un brasseur de chimères ; oui, vous avez compris dans quelle direction devait aller l’entreprise ; oui vous lui proposez un changement qui est dans ses cordes ; et oui, vous lui apportez les moyens dont le changement a besoin pour réussir.

samedi 19 mai 2012

Le divorce est bon pour l’économie ?

Des chercheurs se demandent pourquoi l’Américain travaille plus que l’Européen. Leur explication :
  • Une grosse partie de l’écart viendrait du travail féminin. Le mariage serait une assurance pour la femme. L’Américaine ayant un plus fort taux de divorce que l’Européenne, elle a besoin, plus que cette dernière, d’être capable de trouver des revenus.
  • Par contre, l’homme tendant à avoir un plus gros salaire est plus touché que la femme par les prélèvements de l’État (progressifs généralement), et à travailler en fonction de ceux-ci - donc un peu moins en Europe qu’en Amérique. 

Internet va-t-il faire un reengineering de la société ?

Et si Internet permettait de concentrer les relations humaines sur ce qu’elles ont de vraiment important ? Rencontres moins fréquentes, mais plus intenses ? Mais aussi, en réduisant le temps d’entretien que demandait jusqu’ici un lien social, Internet nous permettra-t-il d’avoir plus d’amis ?

Dans le langage de l’entreprise, ceci s’appelle un « reengineering ».

C’est une idée qui m’est venue en lisant une étude sur la transformation du comportement de l’automobiliste.

Peut-être retrouve-t-on là, l’idée de Michel Serres ? Quelles vont en être les conséquences ? Peut-on espérer y trouver le moyen d’allonger la durabilité du monde ?

Communication et changement : les principes

Pour une raison inconnue de moi, l’idée s’est répandue que le changement était une question de communication. Et, depuis quelques années, les entreprises se sont mises à investir des sommes impressionnantes en publicité interne. C’est un gâchis. Il s’explique parce qu’elles n’ont pas compris les mécanismes qui transforment les groupes humains.

vendredi 18 mai 2012

JP Morgan au casino

On a appris que JP Morgan allait encourir des pertes de 2 (ou 3) md$ de fait de paris. On découvre maintenant que ces paris ressortissaient à une stratégie systématique. En effet, la banque aurait, en plus, accumulé pour 100md$ de quelque chose qui ressemble fort à des subprimes, si je comprends bien le Financial Times.

La logique de l’affaire me paraît être que JP Morgan pensait que le reste du monde financier se trompait.

JP Morgan est la première banque américaine, et ne peut pas faire faillite. Dans ces conditions peut-on lui laisser la possibilité de tels paris ?

Ce qu'il y a surtout de curieux dans cette affaire, c'est qu'un département d'une banque (même pas situé dans son siège) peut manipuler des montants de l'ordre de ceux de la dette grecque. D'un côté un petit nombre de froids calculateurs (une personne ?), qui gagnent des millions (15m$ pour le chef de l'unité) et risquent au mieux un licenciement, de l'autre toute une population, qui joue son existence. 

Facebook fait des heureux

Tout ce que je lis sur Facebook pousse à ne pas y investir. En particulier, le cours des sociétés qui lui ressemblent se sont mal comportés après leur introduction en bourse.

Mais j’entends aussi que la sienne va être un succès.

Cela signifie probablement qu’il existe une communauté de fans de Facebook, qui ne sont pas influencés par la presse. Il est possible que cette communauté soit suffisante pour l’offre initiale, mais pas pour maintenir le cours du titre.

Cependant, il y aura des gagnants certains dans l’affaire. Tous ceux qui collectent l’argent du rêve. Autrement dit, les actionnaires actuels de la société, les banques qui organisent l’introduction en bourse, ou l’État californien, qui va récolter une masse d’impôts.

Compléments :

Internet peut-il révolutionner la communication des PME ?


Le cas. Tout cours de marketing digne de ce nom dit que la publicité permet de faire du « pull », c'est-à-dire d’attirer le client. Ce qui est la façon la moins coûteuse de faire du commerce. En outre, la publicité attire des employés et des investisseurs. Mais seules les très grandes entreprises de la grande consommation peuvent se payer une campagne de publicité. Les médias sociaux ne pourraient-ils pas faire la même chose pour les PME, pour un budget compatible avec leurs moyens ? Une révolution ?

Un exemple surprenant : Blendtec. L’entreprise fabrique des mixeurs industriels. Rien de plus ennuyeux. Mais elle a eu un jour l’idée de mixer des iPhones, et généralement tout ce sur quoi elle pouvait mettre la main. Et de mettre la vidéo de l’expérience sur YouTube. Résultat ? 100m de vues, un chiffre d’affaires multiplié par 4, et un réseau de distribution international propulsé par sa notoriété.

Pour les moins aventureux, le blog permet une prise de parole sur les sujets d’actualité pour lesquels l’entreprise a une légitimité. Les réseaux sociaux professionnels (linkedIn, Viadeo) sont un moyen de transformer ses commerciaux en ambassadeurs. Et l’on peut se faire assister par une agence spécialisée pour un coût raisonnable.

Promotion Jules Ferry ?

Le nouveau gouvernement est-il né sous le signe de la redistribution ? On y gagne moins que dans la précédente édition, mais on y est très nombreux.

J’entendais hier un journaliste de France Culture dire qu’il représentait les 28% qui avaient voté Hollande au premier tour.

Signe distinctif ? Tous des intello. Certains descendent même d’intellectuels éminents (Moscovici, Touraine). Ils sont très diplômés (Normale sup, Sciences Po, ENA, beaucoup d’enseignants…), mais de formations qui préparent à servir l’État. Promotion Jules Ferry ?

Jules Ferry était un radical : « le cœur à gauche, le portefeuille à droite ». (Un Bobo avant l'heure ?) Formule pour gagner les élections législatives ?

Moonrise Kingdom

Film de Wes Anderson, 2012.

Les films de Wes Anderson sont tous très particuliers. Tout y est décalé. D’ordinaire on tend à faire des enfants des adultes en réduction. Là, ce sont les adultes qui se comportent comme des enfants. (Peut être que les bons adultes ont gardé un coeur d'enfant ?) Et l’enfant est avant tout quelqu’un qui prend tout au sérieux.

On pourrait croire à une farce poétique, et pourtant, curieusement, ces films peuvent être tristes. Peut-être que ce que nous prenons pour les petits malheurs de l’enfance sont les vrais drames de l’existence ?

jeudi 17 mai 2012

Attention au tsunami grec ?

Comment la Grèce pourrait-elle se maintenir dans la zone euro ? Les Grecs retirent leurs économies de leurs banques, ce qui menace de les mettre en faillite. Bien pire, ce pays ne semble avoir aucun parti politique sérieux.

Sa sortie risque d’être dramatique. En fait, elle est dans une situation sans précédent (y compris l’Argentine), notamment parce qu’elle a une capacité d’exportation médiocre, qui ne lui permettrait que faiblement de profiter d’une dévaluation. Par contre, elle prendrait à plein l'augmentation de ses importations. Que va-t-il lui arriver, avec une telle démocratie ?

Cette sortie risque aussi de coûter très cher au reste de la zone euro. Non seulement la BCE va devoir noyer de ses fonds les pays les plus fragiles pour éviter qu’ils ne suivent la Grèce, mais les autres, à commencer par la France, vont récupérer des dettes supplémentaires, et ils vont devoir sauver les banques et les entreprises qui subiront le choc. Le rétablissement des comptes de la zone euro, déjà problématique, va devenir illusoire. Dans ces conditions, continuer avec la même politique de rigueur a-t-il encore un sens ?

Compléments :

Donner à ses enfants confiance en eux

Apparemment la confiance en soi s’acquière (principalement ?) dans la prime enfance, au contact de ses parents.

Pour avoir un enfant bien dans sa peau : un regard admiratif (il se juge avec vos yeux) ; « temps = attention = amour » ; « applaudissez votre bébé et ses réussites » ; choisissez des mots qui lui donnent une bonne image de lui-même. Le détail complet : Simple ways to build your baby's positive self-esteem | Psychology Today

Lien avec le billet précédent ? 

La pauvreté comme dépression

Coup sur coup, je tombe sur deux études qui trouvent que la pauvreté s’accompagne d’un état de dépression. (Le coefficient multiplicateur du geste amical, Le riche a-t-il un cœur ?)

Ce que The Economist appelle élégamment « work shy », et à qui il convient de retirer tout secours, serait-il au contraire quelqu’un qui a été abîmé par la vie et qui s’est replié sur lui-même ? On n’est pas pauvre par choix, mais par échec ?

Et s’il suffisait de redonner un peu de confiance en elle à notre société pour qu’elle élimine son déficit, son chômage, son besoin d’antidépresseurs, et, donc, le trou de la sécurité sociale ? 

L'entreprise apprend la conduite du changement

Curieusement, les entreprises (et M.Hollande !) ne parlent que de changement, mais il n’est venu à personne l’idée que la conduite du changement pouvait s’apprendre ! Voici comment faire :