jeudi 20 septembre 2012

Pourquoi sommes-nous hypocrites ?

L’hypocrisie fascine les sociologues (notamment James March). Elle a surtout fourni le fonds de commerce de Molière, et de beaucoup de comiques modernes. Plus curieusement, elle est au centre des techniques d’analyse des cultures d’entreprise (Edgar Schein) : les écarts entre ce que l’on fait et ce que l’on dit montrent que quelque chose d’autre nous guide. C'est notre inconscient collectif, et on peut ainsi le décoder. Finalement, le « soft power » américain, disloquer ses ennemis en les pervertissant par des principes que l’on ne suit pas, est une forme d’hypocrisie revendiquée.

Petit à petit, ce blog en est arrivé à émettre une théorie sur cette question.
  • L’intérêt pour l’homme de posséder une raison est essentiellement social : elle permet une coordination de l’espèce à grande échelle. Paradoxalement, de cette raison, à enjeu social, naît la conscience de son individualité.
  • Dans un monde individualiste, « libéral » donc. L’affrontement de l’homme contre l’homme est une tendance naturelle. Tous les coups sont permis pour pousser son intérêt propre. Or, les systèmes de coordination sociale (religion, idéologie, Etat, science…) sont le moyen le plus puissant d’asservir les individus aux intérêts d’un seul. (Ce qui s’appelle aussi totalitarisme.) C'est le cas, en particulier, de la raison, et de son utilisation déviante : le sophisme. 
  • Mais cet avantage n’est pas durable. La Révolution française en donne un exemple. Elle a rendu universels des droits que la haute société anglaise avait inventés pour son usage propre. La société universalise les avantages.
Tartuffe de wikipedia
En résumé, l’hypocrisie obéirait à une forme de « main invisible » : un mécanisme jouant sur l’appétit individuel aveugle pour diffuser, en accéléré, des idées utiles à la société. 

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