samedi 4 août 2012

Limites à la croissance : le rapport du Club de Rome


Limits to Growth (MEADOWS, Donella, RANDERS, Jorgen, MEADOWS, Dennis, Chelsea Green, 2004) est une mise à jour, 30 ans après, de l’étude, commandée par le Club de Rome au MIT, qui a affirmé que l’humanité allait rapidement à sa perte, si elle continuait sur la même pente.

De quoi s’agit-il ? C’est un modèle mathématique, paramétrable, de l’évolution d’un certain nombre de grandeurs : population, espérance de vie, production de biens, pollution, ressources naturelles… En jouant sur ses paramètres, on en tire des scénarios d’avenir. Il ne donne donc pas une prévision, mais fournit un moyen d’aide à la décision.

Dans ces conditions pourquoi a-t-il fait autant de bruit ? Parce que, 40 ans après, l’évolution du monde ressemble à ce que prévoyait son premier scénario ; or, celui-ci se termine en « effondrement ». Baisse brutale de la population mondiale, de son espérance de vie, de la production de nourriture, etc.
Car notre modèle de développement a un vice : la croissance. Plus exactement notre obsession de produire toujours plus de biens matériels. Elle nous pose des problèmes de plus en plus difficiles à résoudre : pollution, empoisonnement, disparition des ressources naturelles… Pire : cette croissance est exponentielle : la centrifugeuse va de plus en plus vite. La résolution de ces questions coûte tellement cher à l’humanité qu’elle n’a plus les moyens de s’occuper de ce qui est essentiel pour elle : ce qui fait de l’homme un homme (santé, éducation, épanouissement…). D’où chômage, pauvreté, déséquilibres physiologiques… auxquels nous cherchons une solution dans toujours plus de croissance !
On a beau introduire les hypothèses les plus favorables dans le modèle du MIT, on ne fait que reculer pour mieux sauter. D’ailleurs, il serait peut-être mieux de sauter tôt que tard : par exemple, un scénario qui prévoit un surcroît de réserves de ressources naturelles se termine en crise environnementale. Tout est lié : quand on bouche un trou, cela fuit ailleurs.
L’économie de marché apparaît comme un système extraordinairement efficace d’essorage systématique des ressources naturelles et des pauvres au profit des riches. Ainsi la famille africaine consommait, en moyenne, 20% de moins en 1997 qu’en 1972. Autre exemple : l’élevage du poisson. Du fait de la destruction des populations de poissons, par ailleurs nourriture de beaucoup de pauvres, 30% de ce que consomme l’humanité vient d’élevages (une catastrophe écologique en eux-mêmes) ; du fait de son prix, ce poisson va chez le riche. « La technologie et les marchés servent généralement les segments les plus puissants de la population ».
Depuis des années nous consommons beaucoup plus que ce que la terre est capable de renouveler. (À noter qu’à l’époque du livre, seulement 8% de la population mondiale possédait une voiture.) Autrement dit nous accumulons une sorte de dette écologique, qui croit exponentiellement et que nous n’avons plus les moyens de payer, puisque pour cela il faudrait les ressources de plusieurs planètes. Comme ces personnages de bande dessinée, nous courrons au dessus du vide.
Nous nous dirigeons donc vers des moments difficiles. Et la terre et l’humanité, s’ils en réchappent, ne seront plus comme avant. Quoi qu’il arrive, le message central du livre est, me semble-t-il, que nous devons transformer nos aspirations et notre vision du monde. Nous devons sortir de l’individualisme, de la concurrence et du court terme. Nous devons comprendre que notre bonheur ne tient pas à toujours plus de colifichets, mais à plus d’humanité, de société. C’est ici que se trouve la solution à la pauvreté, au chômage, et la réponse aux besoins premiers de l’homme.

Comme dans le modèle de Maslow, l’humanité doit passer de la croissance au développement, c'est-à-dire à l’épanouissement, à « l’autoréalisation ». 

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