mardi 20 décembre 2011

L'avantage compétitif de l'homme

Comme dans Matrix, les machines vont-elles nous remplacer ? Ce qui est un fantasme récurrent des films fantastiques transparaît de manière plus sérieuse dans une étude prospective commise par l'Institute for the Future, "Future Work Skills 2020". Les auteurs identifient les 10 compétences des travailleurs du futur à partir de 6 "drivers" de changement (mêlant des aspects démographiques, technologiques, organisationnels...).

Une question renversante : quel est l'avantage compétitif de l'homme ? Ça par exemple ! J'aurais eu tendance à remettre cette question à l'endroit mais les avancées dans la robotique ou encore dans l'informatique nous forcent à accepter cette formulation. Ce qui est rassurant, c'est que les auteurs trouvent à l'homme plusieurs avantages sur la machine :
  • capacité à faire preuve de sens / à saisir le sens, donc à générer des intuitions qui sont critiques pour la prise de décision
  • capacité à ressentir et évaluer des émotions et, par là, à créer des relations personnalisées
  • aptitude à vivre en groupe (héritage de milliers d'années de socialisation) et à collaborer dans des environnements variés
  • maîtrise des contextes culturels multiples grâce à l'identification de "points de connexion" (objectifs partagés, priorités, valeurs) qui transcendent les différences culturelles
  • capacité d'adaptation aux circonstances inattendues, aux situations
Ces différents avantages compétitifs me semblent intimement liés entre eux. Ils font écho aux notions d'intelligence émotionnelle, au "QI social", voire à l'ethnologie, à la sociologie et à la psychologie. Les machines sont limitées par l'obligation qu'elles ont de suivre des règles. L'homme, lui, peut saisir l'esprit des règles au-delà des aspects sémantiques ou autre logique flottante de l'intelligence artificielle.

1 commentaire:

Christophe Faurie a dit…

Ce qui manque dans cette analyse, c'est la capacité de l'homme à faire changer le système. Non seulement une machine ne change pas mais elle ne sait pas dire qu'elle devrait changer.

Une entreprise est quelque chose d'extraordinairement compliqué, aussi bien en ce qui concerne son fonctionnement interne, qu'externe - avec son marché. Pour un patron, ce fonctionnement est une sorte d'abstraction, alors que pour l'individu qui baigne dedans il est "évident". Et il sait où et comment le faire évoluer.

Curieusement cette idée, d'un énorme bon sens, est le fondement du lean manufacturing. Comme quoi les modes de management passent sans effleurer les profondeurs de l'intellect managérial. (Doit-on conseiller à l'Institut pour le futur de s'intéresser un peu au passé?)