mercredi 16 novembre 2011

Jean Jaurès

Livre de Jean-Pierre Rioux, Perrin 2008.

Étrange. Jaurès a eu la vie du philosophe grec. Sa mort est l’illustration de sa pensée.

Jaurès était porté par un idéal : réaliser l’unité de l’humanité. Comme Socrate, il a été mis à mort par ceux qui n’en voulaient pas. (Et son assassin a été acquitté…) Et comme Socrate, et contrairement à son camarade Bergson et aux philosophes modernes, il a utilisé la philosophie pour transformer la société.

Il a été ce qu’il prêchait. Il voulait « émanciper » l’homme, qu’il apprenne à penser par lui-même. Il a été un esprit libre, indépendant des partis, des appareils, et surtout des dogmes. Et pourtant, en dépit des haines qu’il a suscitées, il n’a pas été sans pouvoir. Il a réussi, notamment, une sorte de fédération de courants socialistes invraisemblablement individualistes et centrifuges, et même de la très puissante CGT.

C’est à son inébranlable optimisme qu'il a dû l’influence qui fit ce miracle. Il avait la capacité de voir le bon côté de tout, de la religion, de la France, du nationalisme, du colonialisme, de la lutte des classes, du parti socialiste et de ses sectes, du syndicalisme, et même du marxisme... Et il en jouait pour éviter leurs vices et leur médiocrité qu’il percevait bien mieux que d’autres. Un Obama, qui aurait une culture encyclopédique, et à sang chaud.

Que la société internationale de son époque l’ait rejeté, en dépit de ses talents extraordinaires, montre probablement à quel point la haine de l’autre est un sentiment qui nous fait chaud au coeur.

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