mardi 20 avril 2010

Les moteurs de l’économie des pays émergents

Parce que le Japon est un pays privé de ressources, les Japonais ont inventé le Lean (= lutte contre le gaspillage). De même, les producteurs des pays émergents doivent s’adapter à un marché énorme mais terriblement pauvre, et à un piratage permanent. À quoi s’ajoute une absence de marque, de main d’œuvre expérimentée (seuls 10 à 25% des diplômés chinois ou indiens pourraient travailler dans des multinationales occidentales) – avec problème de qualité corrélatif, de systèmes de distribution.

Tout cela conduit à une reconception des produits et des processus, de façon à ce qu’ils correspondent aux besoins locaux ; à l’utilisation de réseaux lâches d’entreprises et de distributeurs qui se reconfigurent en fonction de l'évolution des besoins, et pour lesquels la téléphonie mobile joue le rôle du rail et du télégraphe de l’épopée américaine ; à l’utilisation à outrance du taylorisme, appliqué maintenant aux services, et à la recherche systématique d’effets d’échelle monstrueux (constitutions d’énormes cités médicales) ; à une manipulation quasi skinnérienne du matériau humain, pour qu’il parvienne, en dépit de ses défauts, à faire ce qu’on exige de lui ; à une course en avant opportuniste d’entreprises qui cherchent taille, volume et compétences ; à la constitution, par croissance externe, de conglomérats gigantesques (dont certains sont alimentés par l’État), seuls moyens de tirer le maximum de ressources rares (capital, image de marque, personnel).

Pas facile de voir où vont atterrir toutes ces entreprises, présentes dans tous les secteurs économiques, chroniquement non rentables et qui ne tiennent que parce qu’elles grossissent sans répit. Va-t-on retrouver le scénario japonais : croissance rapide, puis épuisement des gains de productivité (exclusivement sociaux) ?

En tout cas, leurs techniques tombent à pic pour un Occident qui s’appauvrit et dont les coûts de santé ne font que croître.

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