mercredi 10 février 2010

La régionalisation de la France

LE GALÈS, Patrick, Les deux moteurs de la décentralisation, concurrences politiques et restructuration de l’État jacobin, in La France en mutation, 1980 – 2005, Presses de la fondation nationale des Sciences politiques, 2006. Difficile de savoir quoi penser de la régionalisation française :

C’est un mouvement paradoxal. On pourrait le croire issu d’une pensée libérale, visant à dissoudre l’organisation bien propre de l’État jacobin pour donner le pouvoir à l’individu. Or, commencé dans les années 60, il a été majoritairement porté par la gauche, et il a conduit à un alourdissement préoccupant du poids public. Car, si, ailleurs dans le monde, il y a eu « décentralisation de la pénurie », probablement du fait du poids politique de leurs élus, les collectivités locales ont obtenu les moyens de leurs nouvelles responsabilités. Aujourd’hui elles représentent « plus de 70% de l’investissement public ». Curieusement, la dislocation n’a pas signifié victoire du libéralisme : les pouvoirs locaux semblent être des mini  États providence cherchant à s’arroger les prérogatives de l’État. Avec peut-être l’émergence (préoccupante) « d’oligarchies » public-privé. L’État aurait été repoussé à un rôle de stratégie et de contrôle, surtout financier (le ministère des finances est un gagnant de la régionalisation). Cependant les structures traditionnelles (commune, département, Sénat) ont résisté, ce qui ne clarifie pas le paysage.

Commentaires

J’en suis réduit aux questions :
  • La régionalisation aurait-elle été l’expression des ambitions des potentats locaux, désireux de se constituer une République personnelle ? Reflète-t-elle un besoin de la population ?
  • La régionalisation semble avoir augmenté le poids des dépenses publiques. Mais ces dépenses sont devenues difficilement contrôlables, du fait de leur dispersion. Ce système délocalisé est-il efficient, n’aurait-on pas de synergies à réaliser en recentralisant un peu la France ?
  • N’y a-t-il pas risque de déséquilibre entre acteurs locaux, les plus forts accroissant sans arrêt leur avantage au détriment des plus démunis ?
À creuser.

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