mercredi 9 septembre 2009

Loi forte des petits nombres

Les Républicains américains ont eu tort d’insulter le NHS anglais, dans le combat pour la réforme de la santé américaine, l’Angleterre prend fait et cause pour B.Obama. La BBC attaque (A case for healthcare reform?).

La perfide Albion a choisi une technique redoutable et éprouvée, celle qu’utilisent les Républicains pour démolir la réforme. Plutôt que de parler à la raison de la nation, comme le fait B.Obama, on met en scène des exemples frappants, qui émeuvent les populations. La BBC prend le cas d’une jolie jeune fille dont la vie est un calvaire faute d’une sécurité sociale digne d’un pays civilisé.

C’est la technique de la « législation au fait divers », que l’on reproche à N.Sarkozy d'employer. Aucune loi n’est parfaite, toutes ont des cas particuliers, des exceptions qui les confirment. La législation au fait divers utilise le cas particulier pour montrer à une opinion indignée l’inefficacité de la loi. Du coup, on la remplace par une loi déduite du cas particulier. La loi initiale étant une sorte d’optimum, il y a dégradation de la situation générale, d’où cascade de nouvelles lois. En légiférant à tour de bras, le gouvernement montre son efficacité. Surtout, il peut liquider au passage ce qui lui est désagréable (les juges d’instruction, les universitaires, etc.).

Compléments :

  • Si cette tactique marche à tous les coups c’est probablement du fait d’une « irrationalité » de l’homme : il déduit la règle générale de l’exemple. Sur le sujet : James G. MARCH, A Primer on Decision Making: How Decisions Happen, Free Press 1994.
  • Exemple récent du cercle vicieux : délit sexuel odieux aux USA, la police n’a rien vu, une réforme est vraisemblable. En regardant de plus près on découvre que l’état concerné considère un nombre énorme de personnes comme criminels sexuels potentiels et demande à sa police de les surveiller. Un sheriff responsable d’environ 350 criminels sexuels : « 349 de plus que j’ai d’agents pour contrôler ces gens » (A tragedy of errors). Autre exemple : USA : tous en tôle.
  • Législation au fait divers : Réforme pénale.

4 commentaires:

Bsa a dit…

--> Si cette tactique marche à tous les coups c’est probablement du fait d’une « irrationalité » de l’homme : il déduit la règle générale de l’exemple.

Voyez vous la contradiction dans ce que vous ecrivez ?? Deduire ne serait pas rationnel??

de plus deduire la regle de l'exemple s'appelle l'induction, mecanisme utilise par toutes les sciences et heureusement suivi de verifications.

Christophe Faurie a dit…

Il n'y a pas de contradiction. Mais une expression qui prête peut être à confusion.
L'homme fait une loi d'un exemple : "je n'aimais pas mon professeur, donc toute l'éducation nationale est incompétente".
Cette particularité a été étudiée en détails par les psychologues et est évoquée comme l'une des raisons qui font que l'homme n'est pas "rationnel" au sens de la théorie économique.

Bsa a dit…

-->>l'homme n'est pas "rationnel" au sens de la théorie économique.

Horreur que de lire cela, il n'existe pas de reelle theorie eco du simple fait que jamais les elucubrations eco ne sont verifiees experimentalement (a part Kanheman ??) avant toute utilisation. Elles n'ont aucune valeur scientifique, l'eco n'a jamais ete une science.

C'est grace a l'utilisation du vocabulaire que l'eco passe pour une science. Du vernis quoi.

Le changement passera aussi par la denonciation de ces abus. Sans quoi on ira d'une anerie a une autre et ca changera sans rien changer.

Christophe Faurie a dit…

Je suis d’accord, l’économie n’est pas une science, c’est d’ailleurs ce que disent plusieurs billets de ce blog (exemple : http://christophe-faurie.blogspot.com/2008/10/lconomie-nest-pas-une-science.html).

Par contre, parler de théorie ne me semble pas impliquer que la modélisation soit solidement étayée. La théorie des cordes en physique n’a encore donné aucun signe de sa solidité, et pourtant on l’appelle théorie. La théorie de l’éther a été éliminée par l’expérience de Michelson et Morley, si mes souvenirs sont bons.