dimanche 6 septembre 2009

Blues au MEDEF

Hervé Kabla et Olivier Ezratty bloguent l’Université du MEDEF.

  1. Hervé Kabla suit une conférence sur « le capitalisme sera éthique ou ne sera pas ». Résultat ? Contrairement au citoyen ordinaire, le businessman est incapable de responsabilité, il doit donc être contrôlé.
  2. Olivier Ezratty montre le MEDEF s’interrogeant sur les chemins de la décroissance économique. Le débat laisse peu d’illusions quant à la capacité de l’entreprise à se réformer à temps. (Je ne vois qu’une issue : que le MEDEF s’équipe du leader que réclame ce diagnostic : M.Bové.)

Surprenant, une année on est ultralibéral, et la suivante altermondialiste.

Comme le dit Paul Krugman (Science économique : bilan), les idées ultralibérales flottaient sur du vent. Quant à la décroissance, elle me semble tout aussi peu justifiée. La « croissance » est une grande illusion, elle mesure ce que l’on veut bien mesurer de l’activité humaine. Le PIB de demain comptera ce que nous ferons demain : nous nous agiterons tout autant, mais différemment. Le problème du moment est d’inventer cet avenir. C’est éminemment favorable à l’économie. D’ailleurs cela va donner leur chance à de multiples innovations, qui existent déjà, mais que la grande industrie est trop paresseuse pour utiliser.

Ce que révèle le blues de l’élite qui fréquente l’Université du MEDEF, c’est probablement moins l’état déplorable de notre avenir que la vacuité de son intellect : une idée importée y remplace une autre. C’est paradoxal : n’a-t-elle pas été sélectionnée pour son QI, sa capacité à penser ? Seulement, elle se contente d’être.

Voilà un changement qui devrait être facile : si elle veut sauver le monde, il lui suffit de faire ce pour quoi elle a été recrutée.

Compléments :

  • Le PIB comme grande illusion, exemple. Hier, le travail de la femme au foyer n’entrait pas dans la comptabilité nationale ; depuis qu’elle ne reste plus à la maison, les tâches qu’elle faisait (garde et éducation d’enfant, ménage, cuisine) contribuent au PIB de la nation.
  • Mon premier billet sur le MEDEF et son université partait d’un diagnostic incorrect : Image (déplorable) du patron français.
  • Exemple d’innovation en attente d’intérêt : L’effet de levier de Microsoft ?

2 commentaires:

Herve a dit…

Humn ,ne pêcherais-tu pas par excès de pessimisme? Une plongée dans une ou deux journées de détente ne doit pas forcément servir d'exemple pour évaluer le comportement des patrons en période de crise. Il y en a de toutes sortes, je crois, des grands comme des faibles.

Bsa a dit…

--> Seulement, elle se contente d’être. (l'elite du medef).

C'est l'aboutissement de la prise de pouvoir par la bourgeoisie en 1789. Comme les nobles dont le metier etait d'etre noble, le metier de l'elite est d'etre l'elite. Avec les privileges de l'argent qui ont remplace ceux de la naissance. De meme l'entreprise est morte, la preuve en est que les elite sont dans les services financiers mondialises, et ne produisent rien. L'acces a l'elite se fait par le reseau, la cooptation plus du tout par les qualites. Qualites donc inutiles, comme les nobles n'avaient pas besoin de qualites. C'est bien tout le systeme socio-politique qui s'effondre. Notre civilisation est en mutation. Le medef ne sert a rien.