lundi 24 août 2009

SDF indicateur de la santé d’une société ?

J’ai entendu une émission traitant du SDF et de sa faible longévité. Un SDF interviewé expliquait comment il était devenu ce qu’il était :

Il n’avait pu supporter les contraintes de l’existence et avait choisi de couper les amarres. La décision lui avait semblé bonne les premiers temps, mais vraisemblablement ce n’était plus le cas.

Ce témoignage rejoint celui d’un SDF américain du film J’irai dormir à Hollywood. Lui avait quitté un bon job. Progressivement il avait perdu pied et n’avait plus d’espoir de se réinsérer (il gagnait sa vie en cherchant les pièces de monnaie égarées sur une plage).

Le SDF est-il quelqu’un qui n’a plus le courage de se battre ? Cela ressemble aux observations de Martin Seligman concernant la dépression : il a soumis des animaux à un mauvais traitement dont ils ne pouvaient s’échapper ; ensuite il les a placés dans un environnement hostile, mais dont ils pouvaient s’extraire ; mais ils ne faisaient rien, ils restaient prostrés.

Le nombre de SDF serait-il un indicateur de la complexité à vivre dans une société ? Plus la complexité est grande, plus l’homme est susceptible de se retrouver dans une situation où il perdra le nord et toute volonté de se battre ?

Compléments :

  • Si cette théorie est juste, la réinsertion du SDF doit être extrêmement difficile : il faut qu’il réacquière le sentiment d’avoir du pouvoir sur les événements, de maîtriser son sort. Pour cela, il faut probablement une longue et patiente aide de la société.
  • La théorie de Merton va dans la même direction : le SDF est celui qui juge que les objectifs et les moyens pour les atteindre que donne la société à l’homme sont hors de sa portée (voir un aperçu de la théorie dans Braquage à l'anglaise).
  • Peut-être aussi que ceci rejoint mes réflexions sur les vacances (Pourquoi des vacances ?) : quand la société nous inflige un rythme, des contraintes insupportables nous optons pour des vacances illimitées, nous refusons toute activité ?
  • SELIGMAN, Martin, Learned Optimism: How to Change Your Mind and Your Life, Free Press, 1998.

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