mercredi 15 juillet 2009

Les deux Anglaises et le Continent

Temps lointains. Univers oublié. Dialogues décalés (surtout ceux de Jean-Pierre Léaud). Les films de Truffaut sont un dépaysement formidable.

D’abord, moment d’ajustement difficile. Ma grille de lecture n’arrivait pas à s’adapter au film. Bizarrement j’y retrouvais des sentiments qui me semblaient familiers dans mon enfance, ceux que véhiculent les romans du 19ème siècle et d’avant, mais qui ont été ridiculisés depuis.

Le plus étrange est la cohabitation de deux codes moraux totalement incompatibles. D’un côté le plus pur des romantismes, de l’autre une liberté de mœurs qui n’a pas grand-chose à envier à la nôtre. Le personnage central ne semble d’ailleurs passer de l’un à l’autre, comme s’il était unique. Mais pourquoi seraient-ils incompatibles ? Pourquoi ne pourrait-on pas vivre dans des univers différents, en même temps ? Ne tutoyons-nous pas certaines personnes, et n’en vouvoyons-nous pas d’autres ? Cette distinction d’univers ne suscitait-elle pas de grands sentiments, qui nous sont inconnus ?

J’en viens à penser que notre époque aura été celle de la pensée unique, de la bien pensance, de l’intolérance absolue, du refus de la différence. Du haut de nos certitudes, nous avons jugé ce qui nous a précédés, et nous l’avons trouvé condamnable. Les neocon américains sont notre image fidèle.

Sans beaucoup de rapport avec ce qui précède, je me suis aussi inquiété des drames dans les films : pourquoi n’y en a-t-il pas, du moins du même type, dans la vie ? Solution possible : le film dure deux heures, et la vie beaucoup plus, elle nous laisse le temps d’oublier.

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