samedi 11 juillet 2009

The Economist : anti-démocratique ?

C’est surprenant à quel point The Economist, organe officiel du libéralisme économique, est anti-démocratique. Nouvel exemple : A terrible bill unites the parties.

GM a décidé de fermer des concessions qu’il ne juge pas rentables. Les concessions en appellent à l’aide de leurs représentants, qui les obligent. Une majorité du congrès est maintenant en leur faveur. The Economist est furieux. À son habitude, il peste contre la stupidité des représentants du peuple, qui ne voient que leur intérêt à court terme.

L'attitude paradoxalement anti-démocratique de The Economist révèle peut-être la logique sous-jacente du libéralisme anglo-saxon : le sentiment que la décision humaine est fatalement stupide et attentatoire aux libertés. Il avait trouvé une solution à ce problème, qui plaisait à sa nature de boutiquier : le marché. Le marché, ce n’est personne, par conséquent il n’y a pas de risque que qui que ce soit nous impose ses désirs et ses erreurs. Malheureusement, la dictature du marché ne vaut pas mieux que celle de l’homme. (Plus exactement, tant qu’il y aura des hommes, il n’y aura pas de marché suffisamment parfait pour cette théorie.)

En attendant de trouver mieux, je suggère de considérer la réforme de GM comme un exercice de conduite du changement. Deux remarques :

  • Cet exercice, dans une version simplifiée, a deux contraintes : la rentabilité de GM, et le respect de la démocratie (donc les droits des concessionnaires à faire appel à ses lois).
  • Peut-être qu’en écoutant les concessionnaires, en leur demandant leur point de vue, on pourrait trouver une solution qui leur convienne et qui ne coûte pas grand-chose à l’état américain (surtout si on le compare à ce qui a déjà été dépensé dans cette affaire) ? Peut-être même que l’on pourrait en tirer quelques informations utiles à la définition de la future stratégie de GM : ses malheurs viennent de n’avoir pas écouté son marché, et les concessionnaires, justement, sont au contact du marché ? Bizarrement Sloan, mythique redresseur de GM, les prenait au sérieux.

Compléments :

  • Le marché nécessaire au libéralisme anglo-saxon demande que l’homme optimise son intérêt à court terme, or, il suit des règles sociales (cf. le code de la route, la politesse, ou la devise de la Bourse de Londres). Irrationalité du marché.
  • GM et Alfred Sloan.
  • Comment éviter à l’homme la domination de l’homme (définition initiale de libéralisme) : Le contrat social / Rousseau.

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