mercredi 6 mai 2009

Obama et l’art du discours

Un billet d’un blog de The Economist. Il revient sur le voyage d’Obama en Europe. Il décrit la foule enthousiaste. Jusqu’à ce qu’Obama lui parle de ses projets d’avenir : plus de bombe atomique, lutte contre le terrorisme en Afghanistan. Plus d’enthousiasme. Décidément l’Europe ne comprendra jamais rien.

Réalisme de cette politique ? Dignité des moyens employés (Changement en Afghanistan) ? N’y a-t-il pas d’autres visions de l’avenir que celle-ci ? Le journaliste ne se pose pas de questions sur les raisons de l’opinion européenne, il la condamne comme arriérée, désespérément. Pourtant nous ne sommes pas seuls à ne pas comprendre (Torture and Mr. Obama) :

I could really feel sorry for Barack Obama — for his administration is plagued and handicapped by a major recession not of his making — if he had a vision that was thus being thwarted. But he has no vision — not any kind of systemic remaking of the economy, producing a more equitable and more honest society; nor a world at peace, beginning with ending America's perennial wars; no vision of the fantastic things that could be done with the trillions of dollars that would be saved by putting an end to war without end; nor a vision of a world totally rid of torture; nor an America with national health insurance; nor an environment free of capitalist subversion; nor a campaign to control world population ... he just looks for what will offend the fewest people. He's a "whatever works" kind of guy. And he wants to be president. But what we need and crave is a leader of vision.

En fait, le billet de The Economist retrouve un thème récurrent chez lui, et chez les universitaires : le retard intellectuel d’une certaine Europe, incapable de voir la lumière anglo-saxonne. Ce qui est plus surprenant est qu’il ressurgisse aussi vite après la débâcle. Obama aurait-il, d’un seul coup d’éponge, lavé tous les péchés du capitalisme ? Tout est pardonné et oublié ?

Pour illustrer l’incompréhension entre le bon Obama et le mauvais Européen, le billet raconte l’histoire suivante. Le jeune Obama en visite en Europe discute dans un avion avec un jeune anglais qui a trouvé du travail en Afrique du Sud. Obama semble lui dire que ce n’est pas bien, ce que ne comprend pas l’Anglais, qui lui répond que l’Afrique du Sud vit bien mieux que les autres pays africains. Obama est frustré de ne pas avoir trouvé les arguments qui auraient fait rebrousser chemin à l’Anglais.

Pourquoi Obama a-t-il recherché le KO ? Pourquoi n’a-t-il pas voulu comprendre le point de vue de l’Anglais (qui après-tout était peut-être surtout content d’avoir trouvé un travail) ? N’auraient-ils pas sûrement découvert de mêmes objectifs quant au bien-être de l’Afrique du Sud, mais pas les mêmes idées pour les atteindre ? Obama n’en serait-il pas sorti riche d’une nouvelle expérience ? Obama = bien pensant : il sait ce qui est le bien et le mal ; imposer son point de vue est la seule discussion envisageable ?

Seraient-ce de telles frustrations qui l’ont amené à cultiver son art du discours ? (Torture and Mr. Obama) :

The problem, I'm increasingly afraid, is that the man doesn't really believe strongly in anything, certainly not in controversial areas. He learned a long time ago how to take positions that avoid controversy, how to express opinions without clearly and firmly taking sides, how to talk eloquently without actually saying anything, how to leave his listeners' heads filled with stirring clichés, platitudes, and slogans.

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