jeudi 23 avril 2009

Aide à l’innovation

Olivier Ezratty fait une analyse étonnante de l’aide à l'innovation en France. Il conclut :

  • Que les trois quarts du financement de l’innovation en France sont d’origine publique. Et dans ce financement public, les deux tiers au moins sont des dépenses fiscales, même si le CIR n’est pas à proprement parler une dépense fiscale et relève plutôt d’une subvention sur dépenses.
  • Plus de la moitié du financement de l’innovation est focalisé sur la R&D y compris pour les sociétés qui sont sorties du cadre de l’amorçage – cela comprend les grandes entreprises qui trustent environ les trois quarts du CIR. Ceci confirme une intuition que je relaye depuis quelque temps sur ce blog sur le poids trop élevé de la R&D dans les aides publiques. Sachant que les autres sources de financement couvrent aussi la R&D pour une part, mais de manière non exclusive.
  • Quand on ajoute l’impact de la loi TEPA-ISF, on s’aperçoit que l’Etat finance en fait directement ou indirectement la moitié du capital risque français ! Sans pour autant avoir réellement augmenté le poids des investissements dans le capital d’amorçage de la part des VCs.
  • Que le poids des investissements des business angels (estimé ici à la louche à moins de 250m€) est encore marginal par rapport à celui du capital risque.
  • Que les aides publiques sont des facto étalées dans l’ensemble du cycle de développement des PME innovantes : de l’incubation jusqu’au développement (late stage pour ce qui est du capital risque).
  • Que la part des aides spécifiques sur le développement du business et de l’export est ridicule.
  • Que la part des aides régionales est encore marginale par rapport au total de l’investissement public.
  • Qu’en amont de tout cela, les aides à l’incubation, notamment pour les jeunes qui sortent de l’enseignement supérieur, ne sont pas bien significatives.

Ce qui l’amène à s’interroger :

Ce schéma montre l’énorme poids du CIR et cela m’interpelle. Je me demande s’il n’y a pas une fuite dans le réservoir et qu’elle n’arrose pas au bon endroit pour faire éclore les innovations. Les innovations rappelons le, sont les nouvelles technologies qui trouvent leur marché et des clients – si possible à l’échelle mondiale, et pas des inventions qui sortent juste des laboratoires à l’état de produit plus ou moins fini… !

Il montre aussi l’effort qui reste à accomplir pour augmenter la part du financement d’amorçage via les business angels. Et aussi que le capital risque français n’est pas si “risque” que cela et fonctionne sous une sacrée perfusion du financement public. Sans compter qu’Oséo garanti les investissements dans les FCPI à hauteur de 70% ce qui limite les pertes des fonds à 30%.

Je n’avais jamais mis mes expériences en forme, mais, à la réflexion, elles semblent confirmer l’analyse d’Olivier Ezratty : pourquoi encourageons nous autant la recherche et développement ? D’autant plus que l’on m’a toujours dit que c’était une de nos forces ? Pourquoi ne pas subventionner plutôt nos faiblesses ?

Quant au secteur privé, comme je l’explique dans un autre billet, je pense que, paradoxalement, il a moins la culture de l’investissement qu’OSEO. C’est peut-être une question de changement : on ne peut pas transformer un capitalisme d’état en un capitalisme d’entrepreneurs en quelques années…

Compléments :

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