lundi 20 avril 2009

800

Huit-centième billet. Toujours pas très facile de garder le rythme. Pourquoi ?

  • Parce que pour cela, je dois retrouver chaque jour un certain état d’esprit créatif. Or, l’écriture d’un billet vient en plus d’une journée qui me donne le sentiment de la mission accomplie, et d’un repos du héros mérité.
  • D’ailleurs, si j’écris mes idées au moment où je les ai, l’idée amenant l’idée, je ne fais plus que cela, au détriment du reste de la journée.
  • Le plus désagréable est peut-être « l’innutrition » nécessaire à l’écriture. Quelle plaie d’avoir à lire des blogs ou des articles. Qu’il est pénible de devoir cliquer sur des liens, d’attendre qu’ils s’ouvrent, de lire à l’écran. Imprimer le texte demande quelques manœuvres qui ne sont d’autant moins devenues des réflexes que, pour ménager la forêt, j’essaie d’imprimer aussi peu que possible… Le pire, c’est la publicité. Elle s’incruste dans le texte et nuit à la lecture. Je comprends pourquoi les annonceurs ne veulent pas payer pour elle : autant je la trouve agréable dans un magazine et mon attention est distraite par elle, autant elle est insupportable à l’écran.
  • Finalement le blog force à ne jamais laisser s’endormir sa raison, ce qui est fondamentalement contre nature. Heureux les philosophes des Lumières dont la pensée s’exprimait d’elle-même. C’est pourtant une jolie chose que de savoir écrire ce que l’on pense.

Discipline inutile me direz-vous ? Masochisme ?

  • C’est un exercice permanent de changement. Je fais des gammes. J’ai entendu un jour un mathématicien venant de recevoir la médaille Field répondre à un journaliste que la recette de son succès c’était de faire des exercices. Et bien, moi aussi j’en fais, et ils sont très utiles.
  • D’ailleurs, ce suivi régulier me permet de voir apparaître des tendances. Plus exactement, progressivement, se dégagent des « logiques ». Par exemple, il est possible que les USA obéissent au modèle de « l’oligarchie » du pays émergent. Ces modèles simplifient le décodage des événements, et permettent de faire des prévisions. Même faux ou approximatifs, ils font énormément gagner en efficacité. Il est plus facile de modifier un scénario que de garder en tête des dizaines d’informations déconnectées.
  • La construction de scénarios se fait dans le temps, en utilisant le paradoxe. Une information qui surprend, et que je ne comprends pas et, progressivement, d’autres apparemment sans rapport, qui viennent lui donner un sens inattendu. C’est pour cela que j’essaie de noter dans ce blog ce qui me frappe, quand ça me frappe, et avant que ça ne bascule dans mon inconscient (lutte de tous les instants contre la paresse intellectuelle). C’est aussi pour cela que mes billets ne paraissent, probablement, pas toujours d’un grand intérêt au non initié : ils me servent d’aide-mémoire.
  • Cet exercice me permet d’avoir de l’avance sur les journaux (en fait, les meilleures sources d’information sont les blogs d’experts), et surtout un niveau de compréhension qu’ils n’ont pas, ou qu’ils ne peuvent pas se permettre d’afficher. En outre ce qu’écrit le journaliste reflète la culture de son journal, ses biais, et il faut les identifier pour que l’information puisse être utile (cf. mes remarques sur The Economist).
  • J’en suis arrivé à penser qu’être citoyen, c’était justement faire ce travail de recherche et de compréhension. Mon hypothèse du moment est la suivante : nous avons deux rôles dans la vie : fonction propre (balayeur de déchets radioactifs, consultant, dirigeant, musicien…) + membre du groupe, c'est-à-dire « citoyen ». Pour être un bon citoyen, il faut comprendre les règles sociales pour ne pas les utiliser contre leur esprit (ou se faire manipuler). C’est ce travail permanent d’interrogation sur les mouvements de la société qui amène à s’interroger sur ce qui nous guide inconsciemment, et sur son bon usage. Être citoyen c’est donc, probablement, faire un effort permanent d’appropriation des règles sociales. En disant cela, je pense rejoindre John Stuart Mill.

Compléments :

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