jeudi 5 mars 2009

Sauver l'industrie

Mon billet sur Continental m’a laissé un goût d’inachevé. Je suis rattrapé par ma conscience. En l’écrivant, je pensais qu’il était tout de même difficile pour un équipementier d’éviter de fermer ses usines : son marché se contracte, et il a peu de leviers d’action. Mon expérience dans le secteur me dit autre chose.

Lors d’une longue mission j’ai constaté une curieuse dérive. Les investissements en capital (machines) des grands équipementiers semblent avoir beaucoup augmenté. Dans le cas d’une unité que j’ai examinée, la société dépensait de l’ordre de deux fois plus en capital que ses concurrents japonais ou de l’est, mais aussi qu’elle ne dépensait quinze ans auparavant. Ce surinvestissement était en partie compensé par une baisse des ses coûts opérationnels (moins de personnels), mais pas suffisamment pour trouver la rentabilité d’antan. Parallèlement l’entreprise s’était remplie d’ingénieurs, d’un très important quartier général et d’énormes structures de contrôle (contrôleurs de gestion, ERP, acheteurs, auditeurs, qualiticiens, etc.), tout cela étonnamment bien payé.

Il y a ici peut-être une idée pour l’ensemble de l’économie : diminuer sérieusement les investissements en capital, pour préserver un emploi qualifié, et à terme réduire le haut de la pyramide qui a pris un gros embonpoint.

Ceci ne signifie pas mettre au chômage les fabricants de machines, mais leur demander de concevoir des machines simples qui ne cherchent pas à éliminer l'homme.

Ainsi, en évitant de licencier leurs personnels, les entreprises évitent de déprimer leur marché final, qui est fait de leurs employés…

Compléments :

  • Chaque pays se repliant sur lui-même, nos industries doivent reconstruire leur marché local. En particulier, les pays émergents ont compris qu’ils devaient relancer leur consommation interne, ils ne vont sûrement pas en faire profiter l’industrie occidentale. Recomposition de l’industrie automobile ?
  • La forme que prenaient nos entreprises (infrastructure de contrôle encadrant des personnels sans qualification) était anglo-saxonne : Gemeinschaft ou Gesellschaft.

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