dimanche 15 février 2009

Alain Bauer

J’aperçois deux articles parlant d’un certain Alain Bauer, dans le Monde. Puis, par hasard, je tombe sur une fiche biographique. Qui est donc cet Alain Bauer ?

Je m’attendais qu’on parle de lui à l’occasion d’une nomination considérable. Pas du tout. Il s’agit d’une chaire du CNAM ! Mais le cas est intéressant. Il me semble illustrer certaines de mes thèses :

I – il faut juger sur les actes pas sur les paroles

On se demandait ce qu’entendait le gouvernement par sa réforme de l’Université. En faire une copie conforme de l’Université américaine ? Pas du tout : la présidence crée une chaire d’université et nomme à sa tête une personne qui suscite la contestation de certains de ses pairs (Nous contestons la nomination de M. Bauer, par Michel Lallement, Christine Lazerges et Philip Milburn).

De la surdité, Surdité collective

II – Comment arriver à la tête d’un appareil

Alain Bauer a toutes les caractéristiques d’un champion de la conduite du changement. Il a une capacité admirable à arriver au sommet de toutes les organisations dans lesquelles il entre. Il est ou a été membre de tellement d’organisations que les citer revient à réécrire sa fiche biographique qui est d’une longueur et d’une densité sans beaucoup d’équivalents. L’exemple de ses postes d’enseignement, une infime partie de son activité (il a été notamment Grand maître du Grand Orient) :

De 1990 à aujourd'hui, Alain Bauer assure parallèlement des fonctions d'enseignant à l'Institut de criminologie de Paris (université Paris II-Panthéon Assas), aux universités Paris I-Panthéon Sorbonne et Paris V-René Descartes, à l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris, à l'Ecole Nationale de la Magistrature, au Centre National de Formation Judiciaire de la Gendarmerie Nationale, à l'Ecole Nationale Supérieure de la Police, au Centre National de Protection et de Prévention (CNPP), au Center of Terrorism du John Jay College of Criminal Justice de New York (États-Unis), à l'Académie de Police criminelle de Chine et à l'Université de droit de Pékin. Depuis 2003-2004, il est également Secrétaire général de l'Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieures (IHESI, devenu INHES, Institut National des Hautes Études de Sécurité), de l'Institut Alfred Fournier et de l'Institut Européen des Sciences du Religieux (IESR). Il est ou a été aussi Administrateur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et de la Fédération des Professionnels de l'Intelligence Économique (FEPIE). Valérie Pecresse, ministre de l'enseignement supérieur du gouvernement Sarkozy-Fillon, vient en outre de créer au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) une Chaire de criminologie qui lui a été immédiatement attribuée.

Et, à seulement 46 ans, il a publié une trentaine de livres.

Je dis parfois (Les appareils créent l’idéologie) que ne pas être alourdi par une pensée trop complexe est une condition favorable à une ascension rapide. Serait-ce le cas ici ?

Américanophile, il effectue au début des années '90 un stage de six mois à la Science Application International Corporation (SAIC), dont il est devenu par la suite Vice-président pour l'Europe. La SAIC, considérée comme une vitrine des services secrets américains, est un groupe administré par d'anciens directeurs de la CIA et travaillant essentiellement pour le Pentagone. Spécialisée dans les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, elle contrôlait notamment à l'époque la société "Network Solutions" qui gérait seule l'ensemble des noms de domaine sur Internet. Depuis cette période de "formation", Alain Bauer prône des méthodes policières répressives inspirées par certaines thèses sécuritaires en vigueur dans les milieux néo-conservateurs américains, parfois très peu compatibles avec le respect des libertés et le droit à la vie privée.   

1 commentaire:

Herve a dit…

Alain Bauer, comme Alain Minc ou Thierry Breton, font partie de ces gens remarquablement cultives, dotés d'excellents réseaux, et qui savent rebondir a toutes occasions. Ces gens la savent tres bien progresser, mais je doute de leur impact reel sur la société et les organisations à la tete desquelles ils passent...