jeudi 18 décembre 2008

Disparition de l’industrie occidentale

Denis Debaecker, invité du club économie, illustre des erreurs qui ont mis à mal l’industrie américaine et française.

  • Une étude qu’il a menée auprès des employés d’une multinationale industrielle. Les interviewés n’ont aucune confiance dans les informations qu’ils reçoivent. Ils recherchent l’information auprès de leurs proches (conversations, téléphone, mail). Les bases de données de la société ne sont quasiment pas utilisées.
  • Dans le monde de l’électronique, il est habituel de sous-traiter sa production au plus offrant. Qualcomm a découvert que pour conserver des marges raisonnables (quand même très faibles), elle devait connaître parfaitement le métier de ses fondeurs, et même organiser leur travail. Les délocalisations telles qu’elles ont été pratiquées par beaucoup (abandon du savoir-faire au sous-traitant mis en concurrence parfaite) ne sont pas viables.
  • Boeing profite de la crise précédente pour licencier 30.000 personnes aux USA. Lorsque la conjoncture s’améliore, elle les remplace par une sous-traitance massive, à l’étranger. Ses sous-traitants s’installent dans ses usines. Graves problèmes de qualité et de coordination. Le développement de ses deux nouveaux modèles a pris deux ans de retard. Aujourd’hui la direction semblerait faire marche arrière.
  • Un ancien patron de GE prend la tête de 3M. Il rationalise la production de la société. Amélioration initiale, puis plongée. La société n’est plus innovante. Et l’innovation était son moteur. Un nouveau dirigeant s’efforce de rétablir la primauté de la recherche.
  • Une étude a montré que les entreprises qui se sortaient le mieux des crises étaient celles qui avaient conservé des « ressources ». C'est-à-dire qui n’avaient pas procédé à des rationalisations excessives. Intérêt ? Probablement, elles avaient gardé une diversité et une richesse de personnels et de compétences nécessaires pour s’adapter aux aléas d’une crise, par nature imprévisibles.

Compléments :

2 commentaires:

Herve a dit…

Intéressant et surprenant à la fois. Pour moi, la sous-traitance est une approche économique vertueuse: ce que je ne sais pas faire à la perfection ou qui me couterait cher en apprentissage, recherche, etc., il me parait cohérent de le sous-traiter. Et ce, quelle que soit la dimension de l'entreprise.

En revanche, externaliser une partie de ses équipes pour réduire ses couts de fonctionnement, cela n'est pas de la bonne sous-traitance. C'est tout bonnement refuser d'assumer son rôle de dirigeant, en laissant un nouvel acteur se dépétrer dans des problemes de rentabilité, quitte à aller se fournir ailleurs en cas de faillite. C'est en cela que l'approche de Boeing ou de nombre de grands groupes est problematique.

Mais je reste persuader qu'il vaut mieux sous-traiter que recruter pour faire moins bien...

Christophe Faurie a dit…

ça semble effectivement être la morale de l'histoire.
Il faut sous-traiter ce qu'on n'est pas le meilleur à faire. Mais il faut "manager" le sous-traitant de manière extrêmement active, en ayant une connaissance intime de son métier.
Cf. Entraîneur / champion. (L'entraîneur ne peut pas rivaliser avec le champion, mais il connaît suffisamment bien son métier pour pouvoir le conseiller.)
Le modèle qui voulait qu'il suffise de mettre des entreprises en concurrence pour les forcer à se dépasser est inefficace.