dimanche 12 octobre 2008

Éducation nationale : les bons sentiments m’ont tuée

Jean-Paul Brighelli croit qu’il y a une conspiration contre l’école de la République. Pour qu’elle produise les crétins nécessaires à la production de masse. Pas d’accord : ce qui a détruit l’Éducation nationale ce sont des intentions louables :
  • Je me souviens de la rentrée scolaire de 1971, mon maître de CM2 nous annonce que dorénavant nous n’allons plus apprendre bêtement, nous allons comprendre. Finie la stupidité de l’enseignement. J’ai eu tort de dire du mal des « gauchistes » de mon enfance (À la découverte de la philosophie allemande). Ils n’étaient que bons sentiments : ils voulaient détruire tout ce que l’enseignement avait de manifestement idiot. (Ce qui les avait fait souffrir ?) Le rendre digne de l’être humain.
  • En attaquant le diktat des mathématiques, le Ministre Darcos poursuit leur ouvrage.
    Il y a quelques semaines j’ai rencontré un consultant qui était encore bouleversé, trente ans après, d’avoir échoué à HEC à cause des mathématiques. Quelle injustice ! Je suis sûr que les dizaines de milliers de personnes qui partagent son sort lui donneraient raison.
  • Et puis n’oublions pas la grande réforme de notre système scolaire. Il y eut le primaire, enseignement technique court, et le secondaire, intellectuel, réservé à l’élite. Les deux ont été fusionnés. Le secondaire a gagné. Deux vitesses, c’était insupportable.
Résultat ? Un enseignement inadapté aux besoins de la société, une sélection culturelle (au sens ethnologique = les valeurs des classes dominantes, cf. la « bien pensance »), une élite qui, en conséquence, se reproduit et s’appauvrit intellectuellement, des banlieues misérables.
Que s’est-il passé ? Notre ascenseur social, avec tous ses défauts, avait des raisons que la raison de nos réformateurs ne comprend pas. Une fois de plus l’individu a cru que ce qu’il avait dans la tête était supérieur à la sagesse de la société. On a rejoué le scénario de la Révolution de 89. En moins sanglant.

Qu’aurait-il fallu faire ? Partir de l’existant et chercher à l’améliorer, en essayant de comprendre ses forces, et sans le détruire.

Compléments :
  • Sur Jean-Paul Brighelli : La France de Dickens?
  • Réforme de l’école : l’hallali
  • Paradoxalement, je me demande si ce que produit le système scolaire français n’est pas l’exact envers de ce que veut notre gouvernement : Dangereux enseignement.
  • Sur le secondaire et le primaire : PROST, Antoine, Éducation, société et politiques: Une histoire de l'enseignement de 1945 à nos jours, Seuil, 1997.
  • La solution proposée est non seulement le B A BA des techniques de changement, mais aussi ce que suggérait Hegel (Hegel pour les nuls). Malheureusement pour lui, ses disciples se sont appelés Marx, Lénine, Staline et Hitler… Comme les réformateurs de l’Education nationale ils pensaient avoir trouvé la formule gagnante : L’intellectuel, fondamentaliste de la raison.

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