samedi 13 septembre 2008

A lire absolument II

L’article précédent me montre ce que je n’avais pas vu. Ça fait plus d’une décennie que je donne des cours à des « Bac + 5 », et j’imagine très bien ce que peut faire un de mes étudiants devenu dirigeant. Alors que l’entreprise n’est qu’une question d’hommes, le manager est un solitaire qui ne connaît que les chiffres.
  • Des gens très bien pavent l’enfer de bonnes intentions. Mon billet Effet de levier du week end et le commentaire qu’il a suscité en sont un exemple. L’entreprise dont il est question est dirigée par des gens sympathiques, et pourtant un de ses managers (grade le plus élevé) y a vécu 18 mois très frustants.
  • Je travaille avec tous les niveaux de l’entreprise, sans rencontrer cette souffrance. Pourquoi ? Parce que ce qui pourrit la vie du manager et de l’employé est infime. Que ça me paraît infime, parce que je sais l’éliminer. Mais c’est aussi parce que j’admire les gens (je suis conscient que je ne saurais pas faire leur travail) et, qu’indirectement, je dois le leur faire comprendre. Et qu’ils en tirent une confiance en eux qu’ils avaient oubliée. Ça expliquerait peut-être pourquoi autant de personnes, à peine entraperçues, semblent s’attacher à moi (avec le problème commercial qui va avec : mes clients deviennent des amis !).
  • D’où une sorte d’incompréhension à laquelle je n’avais pas fait attention. Je crois que les personnes avec qui je travaille me trouvent amical initialement, mais froid ensuite. Ce qu’elles ne voient pas est que je n’ai rien fait d’exceptionnel. Que je ne leur ai pas rendu service. Je suis un plombier qui débouche les canalisations, rien de plus. Pourquoi m’être particulièrement reconnaissant ?
En fait, j’ai tort de dire que je n’ai jamais ressenti la souffrance dont parle l’article. Je l’ai ressentie lors d’une mission dans une multinationale, chez des polytechniciens. Je ne comprenais pas pourquoi tous, alors qu’ils avaient dépassé la cinquantaine, me parlaient de Polytechnique. C’était même usant. J’ai fini par penser qu’ils me disaient qu’ils ne méritaient par d’être traités comme ils l’étaient. Par leur entreprise, et par la société dans son ensemble (certains avaient connu des licenciements). Qu’au moins leurs études méritaient un peu de respect. Qu’ils n’étaient pas des incapables. Ce qui est surprenant est que c’était une mission de routine, un type de mission que je ne fais jamais. Que je le veuille ou non, mon métier est le changement en situation de crise. Me suis-je blindé contre la souffrance des moments difficiles ? Mais pas contre celle de la vie quotidienne ? M’en suis-je évadé ?

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