vendredi 8 août 2008

Grand expectations

PATTERSON, James T., Grand Expectations: The United States, 1945-1974, Oxford University Press, 1996. Gros livre, facile à lire. Histoire des USA durant les vingt années qui ont suivi la seconde guerre mondiale.

L'Américain sort de guerre convaincu que tout est possible si l'on y met les moyens, des moyens énormes, disproportionnés, sans précédents :
  • L'Effet domino est inventé par McNamara pour qualifier la menace que ferait courir au monde le passage à l'est du moindre pays qui n'y est pas encore.
  • La "guerre au terrorisme" de G.Bush est un héritier d'un grand nombre d'autres "guerres" : on pensait ainsi écraser un mal (la pauvreté, le cancer...) par des moyens énormes.
Le grand succès de cette période est un enrichissement matériel considérable. Sur les autres fronts les changements ont été difficiles.
  • Les noirs y ont repris la tactique de la "classe ouvrière" anglaise du début du 19ème siècle : provoquer les forces les plus réactionnaires en leur fief, se faire massacrer, d'où haut le corps national et obtention de quelques droits.
  • Contrairement à la France, le changement aux USA passe par la loi. Partout où elle n'est pas appliquée, il y a procès, les tribunaux la font respecter. La Cour Suprême a été le pivot du changement.
  • Par contre l'argent (subvention) est peu efficace : il semble se disperser avant d'atteindre sa cible (cf. la "guerre à la pauvreté").
La guerre froide a marqué ces deux décennies. Les gouvernants américains savaient que l'URSS était préoccupée de la défense de son territoire, non de répandre ses idées. Ils savaient aussi qu'elle n'était pas de taille à se mesurer à leur puissance. Mais pouvait-on le dire? Il s'est ensuivi une névrose qui a probablement entraîné le monde et les USA dans un parcours inutilement chaotique et risqué, et a détourné leurs ressources d'emplois plus utiles.

Quant aux présidents, il semble qu'il leur ait fallu une bonne dose d'abjection et de névrose pour atteindre leur poste. Mais elles n'ont pas nécessairement contaminé leur gestion du pays. Ils arrivaient généralement armés de grands idéaux. Exception : le couple Nixon / Kissinger chez qui la volonté de pouvoir n'avait pas laissé de place à grand chose d'autre. Par ailleurs, ceux qui ont eu le parcours politique le plus facile semblent aussi avoir eu la volonté réformatrice la plus faible : Kennedy (superficiel et vain), Eisenhower (peu sensible aux droits de l'homme).

Commentaires :
  • Le changement de type "guerre à..." est ce que mes livres appellent le "passage en force", il est mis en déroute par la "complexité" des organisations, le fait qu'elles sont des "systèmes" (sur ces sujets, voir par exemple : Saint Simon et la systémique et Théorie de la complexité). Le changement doit s'inscrire dans la culture du groupe auquel on veut l'appliquer.
  • Je ne crois pas la politique du secret une bonne politique : elle ne prive pas d'informations celui à qui elle est destinée, et elle traite en irresponsables les membres de l'entreprise ou du pays. Ils se comportent donc en irresponsables, ce qui n'est bon pour personne.
Références :
  • stratégie de la classe ouvrière anglaise : THOMPSON, E.P., The Making of the English Working Class, Vintage Books USA, 1966.

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